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J'époussetai des graines d'érable tombées sur son épaule. Il saisit ma main et la porta à sa bouche avec une voracité soudaine et surprenante. Ses lèvres étaient douces et le bout de sa langue chaud titillant la bosse charnue à la base de mon pouce, cette partie appelée "mont de Vénus".
Il redressa la tête, et je sentis la morsure du froid dans ma paume, là où une cicatrice ancienne formait une lettre blême. Un "J" gravé sur ma peau, sa marque.
Il posa ensuite sa main sur mon visage. Je la pressai, sentant presque le "C" fané de sa paume s'imprimer sur ma joue glacée. Nous n'avions pas besoin de parler pour nous faire une promesse, la même que celle d'autrefois, dans un sanctuaire, le dernier fragment de terre ferme au milieu des sables mouvants d'une guerre imminente.....
Afficher en entierSi je meurs, ne me suis pas. Les enfants auront besoin de toi. Reste pour eux. Je peux attendre.
Afficher en entierSoudain, je me rendis compte que je n’avais jamais eu le temps de mener à bien mon expérience. Jamie m’avait dit que nous devrions repartir bientôt. Même en accélérant le développement des moisissures, je n’aurais pas pu les prélever, les sécher, les purifier… j’en avais été consciente depuis le début. Pourtant, j’avais quand même commencé, en suivant mon plan initial et en effectuant ma routine, comme si rien ne pourrait jamais menacer le train-train de mon existence. Comme si faire semblant suffirait à assurer notre tranquillité.
Afficher en entier- Ces… euh… spermatozoïdes…
- Oui ?
- On ne peut pas les sortir de là et leur donner une sépulture décente ou quelque chose comme ça ?
Afficher en entierJ’étais frigorifiée et plutôt contrariée. Je m’étais couchée la veille en m’attendant à un réveil en douceur, avec un bon café chaud et une petit déjeuner nourrissant, suivi de deux mariages, trois baptêmes, deux extractions de dents, l’ablation d’un ongle d’orteil infecté et d’autres mondanités divertissantes et innocentes arrosées de quelques bonnes rasades de whisky.
Afficher en entier– Les Fraser de Fraser’s Ridge sont là ! hurla-t-il.
De la clairière monta une acclamation tonitruante,la foule explosa.
Tandis que nous grimpions la côte pour reprendre le cours des festivités, je me retrouvai près de Roger qui fredonnait gaiement. Je posai une main sur sa manche et il baissa les yeux vers moi.
– Félicitations, lui dis-je. Bienvenu dans la famille, fils de la maison. J’imagine que je peux maintenant te tutoyer.
Il m’adressa un sourire gargantuesque.
– Merci… maman.
Parvenus à un endroit du sentier où le terrain était plat , nous marchâmes côte à côte un instant, sans parler. Puis il reprit sur un tout autre ton :
– C’était… très remarquable, non ?
Je ne savais si, par « très remarquable », il parlait du côté historique ou personnel de l’intervention de
Jamie. Dans un cas comme dans l’autre, il avait raison.
J’acquiesçai, ajoutant :
– Je n’ai pas saisi la dernière partie. Et puis je ne cromprends pas le mot earbsachd. Tu le comprends, toi ?
– Ah… euh… oui.
Entre deux feux de camp, il faisait très sombre et sa silhouette se détachait à peine sur le fond noir composé
de buissons et d’arbres. Toutefois, sa voix avait une sonorité étrange. Il paraissait embarrassé.
– C’est une sorte de… serment. Jamie a prêté serment à nous, sa famille, et à ses métayers. Il a juré de nous apporter son soutien, sa protection… ce genre de chose.
– Ah oui ? Qu’est-ce que tu veux dire par « une sort de... » ?
Il ne répondit pas tout de suite, cherchant les mots justes.
– Disons qu’il s’agit plutôt d’une parole d’honneur. Il paraît qu’autrefois, le earbsachd était une caractéristique des MacCrimmon de Skye et signifiait, en gros, qu’on devait respecter une parole donnée à n’importe quel prix. En d’autres termes, si un MacCrimmon déclarait qu’il allait agir, il le ferait même si cela devait lui coûter d’être brûlé vif.
Je sentis soudain sa main sous mon bras, d’une fermeté surprenante.
– Tenez, dit-il doucement. Laissez-moi vous aider.
Par ici, le terrain est glissant.
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