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Bordage serra les maxillaires et prit tout à coup un peu de couleur. «On va recevoir un blâme pour ça, vous le savez, hein?

- Je suis désolé, chef.

- Si seulement je vous croyais... J'ai eu des nouvelles de Claude Casavant, le commandant du poste 20, à Montréal. Il y a apparemment des limites à la longueur de son bras. Vous allez devoir témoigner en cours au sujet de la mort du jeune hispanophone d'Hochelaga-Maisonneuve. Bravo. C'est de la belle visibilité pour un enquêteur de la SQ. Le capitaine St-Maurice aurait aimé vous serrer la main et votre cou.»

Martel ne baissa pas les yeux. Il n'attendait que le moment où Bordage allait ancrer ses prunelles dans les siennes pour le faire fléchir. Il s'en savait capable.

«Vous dites rien?

- Qu'est-ce que vous voulez que je dise, chef? Que je regrette? Évidemment que je regrette d'avoir vu un jeune homme s'éliminer pour pas avoir à endurer la peine que lui aurait causée l'absence du petit crisse de fendant qui le baisait entre deux fix.»

Bordage daigna regarder Martel. «Dites donc! Quand on pense qu'on a tout vu! Êtes-vous en train de me dire que vous êtes la victime du suicide de...

- Eduardo Ramos.

- ...que vous êtes celui qui a été le plus affecté par sa mort?

- J'essaie de vous dire que c'est une pure perte qui est dommage, mais que je suis pas responsable. C'est lui qui a appuyé sur la détente. Son suicide était un aveu. C'est grâce à sa mort que j'ai fait parler Manny Morales.

- Grâce à sa mort, vous dites? Pour obtenir quoi en retour?

- Des informations qui ont permis de circonscrire les recherches et d'établir que le Chercheur d'âme s'appelle probablement Gilbert Amber.

- J'aime bien le mot "probablement".

- C'est peut-être juste un faux nom. Si ça peut vous rassurer, je pense que je risque beaucoup plus que vous d'être la cible de moqueries des médias, chef. S'il y en a, bien entendu.

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Gus, c’était le nom de la montagne coiffée d’une touffe de cheveux récalcitrants, dont le visage était décoré de deux cicatrices et d’une barbe asymétrique. Il était roux, mais ceux qui le lui avaient fait remarquer n’étaient probablement plus de ce monde. Le paletot de cuir qu’il portait menaçait de céder au moindre éternuement. Le second sbire avait, lui, une tête de vendeur d’assurances, le genre professionnel de la vente sous pression capable de persuader un sans-abri de contracter une assurance habitation. Son épaisse moustache en queue de raton laveur et sa coiffure, relique des années cinquante qu’un conservateur de musée aurait payée au prix fort, n’étaient rien à côté de ce nez écrasé que n’aurait pas renié Miss Piggy.

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Une visite impromptue au propriétaire de la CWO, l’organisation qui avait tenu une soirée de lutte à laquelle avait assisté Élise Jacobi, avait porté ses fruits. Le propriétaire, Najac Dupierre, avait jadis été appréhendé après que l’opération Scorpion avait pris dans ses filets des membres du Wolf Pack. Acquitté pour manque de preuves, le jeune Haïtien s’était porté acquéreur de l’organisation de lutte qui tenait des soirées hebdomadaires dans Limoilou. Dupierre s’était montré méfiant à l’égard de Martel et de Galarneau; faussement affable, il les avait aiguillés vers un dénommé Ritchie Provost qui, s’il fallait le croire, gravitait autour du centre communautaire où avaient lieu les shows de la CWO. Provost était soupçonné de trafic de drogue dans le quartier, et les plaintes pour intimidation étaient nombreuses à son sujet.

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Chaque fois, la magie opère, et Ken Singleton lui entre dans la peau. Il y a de longues minutes qu’il s’est immiscé en lui. Ken Singleton, le meilleur voltigeur des Expos, un des meilleurs frappeurs du club, un gentleman d’un mètre quatre-vingt-treize. «Singleton est un homme sans fin», se plaît à dire le gamin, faisant sourire tous ceux à qui il en parle avec émoi. Les hommes du quartier Hochelaga lui passent la main dans les cheveux, comme s’il était l’un d’eux; ils lui répètent qu’il parle trop bien pour un garçon de quatre ans.

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Le maigrichon s’appelait Anouar Boukareff, dit «Bouk», en raison de son affection pour les livres et de la faculté que cette passion avait de lui faire défoncer des portes à la manière d’un mouflon. Boukareff détenait une formation d’archiviste et, s’il était moins bon technicien que Puce, il savait à travers quels labyrinthes louvoyer pour mener ses recherches. Puce trafiquait des serrures informatiques tandis que Bouk, lui, maîtrisait l’art des recoupements permettant de tisser la toile qui finit par emprisonner la mouche. Son amour des livres l’avait rendu sensible au choix des mots, et Bordage voulait que Boukareff passe en revue les dépositions et les transcriptions d’interrogatoires. Si Puce était le fantassin de l’équipe, Bouk en était la mémoire. Boukareff notait tout… sans avoir à le noter.

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«Salut», lança Martel à Monique, la réceptionniste, en entrant dans la pièce que tout le monde appelait l’Échiquier. Les bureaux étaient séparés par des paravents. Chaque fois qu’il venait, Martel observait les lieux et se disait que chacun, dans la case où il se trouvait, jouait un rôle utile, qu’il soit le roi ou le chevalier.

Quand Martel pénétra dans la salle de conférences, une jeune femme se leva et vint lui tendre la main. «Moi, c’est Zoé», articula le sourire qui irradiait devant lui. «Mais y a personne qui l’appelle comme ça, ici», précisa Galarneau. Elle n’avait pas 40 ans, jugea Martel. Lorsqu’elle se tourna pour sourire à Galarneau, Martel remarqua ses cheveux ramassés en un chignon aux entrelacs complexes. Ils affichaient la couleur du Lapsang Souchong, un thé noir fumé que Martel n’avait eu le bonheur de goûter qu’une seule fois. Zoé portait un tailleur grenat qui ne camouflait pas son malaise d’être affublée comme une banquière, et Martel estima que le logo de Van Halen tatoué à la base de sa nuque révélait que la vraie vie de cette jeune femme était inscrite en elle, dans un code qui transcendait l’apparat du métier.

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Le corps d’Élise Jacobi était disposé de guingois sur la partie avant du terrain du 1956, rue de Toronto. On aurait dit que l’étudiante avait été éjectée d’un véhicule en pleine course: le haut du corps avait effectué une torsion, faisant en sorte qu’elle avait la tête tournée vers la maison et le torse, vers la rue. Ses longs cheveux d’ébène lui recouvraient pudiquement la tête, comme un filet. On n’avait pas déposé Jacobi; on l’avait projetée, comprit Martel. Comme un objet. Le tueur avait voulu qu’on identifie la victime puisqu’il avait aussi lancé le sac à main. «Il veut que quelqu’un voie ce qu’il a fait à cette pauvre fille. Autrement, il se serait donné la peine de jeter le cadavre dans un cours d’eau, en forêt ou dans une benne à ordures», réfléchit Martel. C’est une fois le voile de cheveux dégagé que le gâchis apparaissait dans toute son horreur. Élise Jacobi n’avait plus de visage; en lieu et place s’imposaient au regard les horribles secrets qui œuvrent en coulisses sous la peau. Un lambeau avait été arraché. On parvenait à distinguer le menton, mais le reste de la peau du visage avait été ouvert comme une veste. La plaie béait depuis le sommet du crâne jusqu’au bas de la joue gauche, contournant l’arête du nez. Le sang s’était répandu dans les cheveux de la victime, mais pas sur sa poitrine. «Elle est morte ailleurs. Il n’y a pas assez de sang sur le terrain», conclut Martel. L’état du visage de la jeune Jacobi était à ce point saisissant qu’on ne remarquait pas tout de suite que son pied gauche manquait. Sectionné – juste au-dessus de la cheville.

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Le lieutenant Edgar Bordage avait réveillé Xavier Martel pour le convoquer sur la rue de Toronto, à Sainte-Foy. Le crâne fraîchement rasé, Martel était résolu à affronter ce qu’il restait de l’hiver sans craindre le froid.

«Elle est là depuis quand?» s’enquit Martel d’entrée de jeu.

Bordage désigna le bungalow aux murs gris fade devant lui: «Le propriétaire s’est levé à 4 h 30 pour aller faire son jogging. Il l’a vue sur son terrain, puis il s’est félicité de pas avoir déjeuné.»

Martel s’avança pour avoir une meilleure vue d’ensemble de la scène. «On a déjà son nom, poursuivit Bordage, mais il faudra quand même trouver quelqu’un pour l’identification. Élise Jacobi, 19 ans depuis janvier.» Bordage désigna du menton deux policiers qui dispersaient les curieux. «Les agents Perron et Ouellette sont arrivés les premiers, après que le proprio a téléphoné au 911. En arrivant, les techs ont fouillé le sac à main avant d’examiner le corps. Elle avait ses papiers d’identité.» Bordage lui remit les pièces à conviction.

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En ouvrant les yeux, Martin Marois sentit que quelque chose manquait à ses côtés. Une présence. Une chaleur. Il plissa les paupières et tenta en vain de convertir en signes intelligibles le flou rougeâtre qui nimbait l’écran du réveille-matin. Il enfila ses lunettes, non sans avoir au préalable palpé l’oreiller à côté du sien. Froid. Bombé. Aucune silhouette n’avait froissé les draps. D’ordinaire, le chien quittait sa niche en milieu de nuit, grattait à la porte et attendait l’invitation de son maître pour venir finir la nuit à côté de lui.

Marois traversa le couloir. Il laça ses souliers de course et sortit dans la cour arrière afin de s’étirer en prévision de ses huit kilomètres quotidiens, un parcours qui lui donnait le dynamisme nécessaire pour aborder son travail. Le quartier dormait encore à poings fermés. Dans l’air flottait le parfum que distillaient les sapins. Au loin, une sirène fendait le silence, là où ronronnait l’autoroute insomniaque.

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L’homme est fasciné. Il ferme les yeux et laisse s’imprimer sur sa rétine l’image de la gueule sanglante de la femme-reptile qu’il a domptée. Mais les deux parties de peau ouverte ne composent pas une gueule assez béante. Le serpent, lui, ouvre la mâchoire si grand qu’il peut avaler une chèvre.

L’homme glisse à nouveau ses doigts gantés sous la peau rubescente. Il inspire puis tire promptement. L’échancrure s’agrandit dans un bruit sec qui libère la sous-couche du visage.

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