Le cheval de l'aube

Ils étaient partis. Le garçon se releva et courut en boitillant jusqu’au cèdre. Il s’assit contre le tronc dont le parfum balsamique et tenace lui était familier. Paupières mi-closes, Tom recréa la vision qui le réconfortait si bien : un cheval d’une taille extraordinaire, à la robe dorée, à la crinière tout aussi étincelante, volait à son secours. Pour le rejoindre, le merveilleux animal galopait sur les toits de Paris, sur la Seine même. Il pouvait franchir les frontières, les océans, grâce à ses sabots enchantés qui, d’un seul appui, le propulsaient dans les airs. Rien de plus normal pour un cheval qui avait pour cavalier un Asvin, dieu doté d’un frère jumeau et capable de soigner les infirmités des malheureux humains, de leur apprendre des recettes magiques.

Tom aurait vraiment besoin de leur aide. Il leur demanderait de le faire grandir de dix centimètres, de lui ajouter de gros muscles, d’éclaircir sa peau et les cheveux noirs et drus qui le coiffaient d’une sorte de casque lisse.

— Bah ! soupira-t-il en frottant son mollet marqué d’un large hématome bleuâtre, ce sont des légendes… Des légendes de mon pays…