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Ce fut par une brumeuse matinée de la fin février qu’Ambrogio et Paccoi quittèrent Leopoli.
Comme il ne voulait pas être emmené à la gare sur une civière, l’officier revêtit son piteux uniforme vert-de-gris qui, après le passage à l’étuve de désinfection, lui avait été rendu chiffonné d’une manière incroyable. Quand il entreprit de tendre la ceinture en similicuir de son pantalon, celle-ci se brisa ; il en éprouva des deux mains la résistance, mais l’étuve l’avait tellement cuite qu’elle se rompit à nouveau. Il ne lui restait plus qu’à la jeter, mais comment la remplacer ? Le jeune homme décida de recourir à un morceau de ficelle qu’il enfila dans les passants de son pantalon et qu’il noua ensuite sur le devant.
Afficher en entier" Si vous saviez, mes enfants, quelle saloperie c'est que la guerre", dit-il enfin, et il secoua plusieurs fois la tête, pensif. Des souvenirs lui revenaient en désordre en mémoire, dont un surtout s'imposait : la sensation indiciblement désagréable qu'il avat éprouvée plus de vingt ans auparavant aux paroles lugubres d'un fantassin compagnon de tranchée, alorsqu'ils attendaient de sortir pour l'un de ces horribles assauts, toujours présentés comme déterminants et qui, en fait, ne déterminaient jamais rien. Aujourd'hui, il avait oublié les paroles, mais il se souvenait bien de cette sensation si extraordinairement désagréable.
Afficher en entierLa colonne ralentit graduellement et se condensa de plus en plus jusqu'à déborder sur les côtés enneigés de la piste. Les haltes commencèrent, et les mouvements par à-coups. Le froid se faisait plus sauvagement sentir, chaque homme tâchait de s'enfermer en lui-même, il se pliait, baissait la tête comme pour retenir sa propre chaleur.
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