Le chevalier au rubis

Eva coula, et l'eau referma sur elle sa gangue glacée. Puis elle remonta encore en toussant, battant désespérément des bras pour rester à la surface. Un rayon de soleil dansait à la surface et, quand l'eau pénétra dans sa bouche, elle eut l'impression de boire un rayon de lumière. La lumière de la mort. Mais elle ne voulait pas mourir. Elle cracha, chercha avidement sa respiration tandis qu'un tourbillon plus puissant que les autres l'emportait dans son cercle mortel. Puis une main la saisit par les cheveux, une autre agrippa le col de sa cotte, et Eva se sentit ramenée vers la surface. Elle se débattit, battant l'eau de ses bras dans l'espoir de s'échapper, de nager enfin, de remonter la rivière et d'échapper à cet interminable cauchemar.

En vain. La main qui tenait ses vêtements ne le permettrait pas. Elle aurait voulu pleurer. Comment avait-il fait pour la rejoindre aussi vite ?

- Eva ! Arrêtez de vous agiter, folle que vous êtes, intima-t-il tandis qu'il la traînait de force vers la barque.

Deux hommes étaient à bord, ramant sans cesse sur l'onde agitée pour maintenir l'embarcation au niveau de la rescapée. Étendu sur le ventre, se retenant des deux pieds au banc de nage, Bruin saisit Eva par les aisselles et la hissa à bord, soufflante et indignée.

- Vous....Vous n'avez pas le droit de me traiter comme cela, bafouilla-t-elle quand elle se fut rétablie dans une position qui correspondait mieux à son rang. Comme un.......Un vulgaire sac de blé.

Les coins de la bouche de Bruin se retroussèrent en un sourire moqueur.

- Franchement, à choisir, avec un sac de blé, c'eût été beaucoup plus facile. Le premier avantage, c'est que cela ne parle pas....