Extraits

Un signe du passé

(Paris, juin 2010)

La journée avait été pénible. Depuis plusieurs jours, une chaleur moite accablait Paris; la moindre activité relevait d’un effort surhumain et laissait pantelant. C’était la fin de la semaine. Titubant sous le poids de plusieurs sacs

à commissions, hors d’haleine, Anna avait entrepris l’ascension de l’escalier – six étages sans ascenseur, un enfer! – comme on entreprend l’ascension du mont Blanc, avec détermination, décidée surtout à ignorer les cris de ses deux garçons qui grimpaient à sa suite dans un vacarme

à réveiller les morts. Au diable les voisins! Elle n’avait qu’une idée : ne pas se laisser déconcentrer, atteindre ce maudit palier, se délester des sacs qui lui sciaient les bras puis boire au moins un litre d’eau.

Arrivés enfin au sixième étage, la porte à peine ouverte,

Lucas et Damien se ruèrent dans l’appartement. Cartables et chaussures furent jetés pêle-mêle en plein milieu du passage. Faute de souffle et d’énergie, Anna ne put qu’émettre un râle désapprobateur en se prenant les pieds dedans.