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« Ces individus sont difficiles à percer à jour. De l'extérieur, ils semblent complètement normaux, des hommes banals. Mais, en grattant sous cette surface de normalité, leur "moi" intérieur apparaît. Ce que beaucoup appellent "la bête". Gorka l'a alimenté avec ses rêves, il l'a nourrie de ses désirs. Parfois, il a dû composer avec elle. Peut-être l'a-t-il même combattue, à certains moments de sa vie. Cependant, il a fini par céder. Il a compris qu'il n'y avait qu'un moyen pour la faire taire : la contenter. Autrement, elle l'aurait dévoré de l'intérieur. »
Afficher en entierLe tueur en série, à travers l'utilisation sadique de la victime, ressent du plaisir.
On reconnaît souvent en lui l'incapacité à atteindre une relation mature et complète avec les autres, qui sont donc considérées comme des choses plutôt que des personnes. La violence n'est alors que la découverte d'une possibilité de contact avec le reste du monde.
Mila ne voulait pas que ça lui arrive, à elle aussi. Elle avait quelque chose en commun avec ces assassins incapables de pitié, et cela la rendait malade.
Afficher en entier- Devant un tel spectacle, nous oublions la chose la plus importante et la plus évidente... Ces papillons ne volent plus.
- C'est contre-nature, convint Mila. Et pourtant, c'est si séduisant...
- C'est exactement l'effet que la mort fait sur les gens. C'est pour cela que les tueurs en série existent.
Afficher en entierMila pensait que chacun de nous a un chemin. Un chemin qui nous mène chez nous, vers nos proches, les gens à qui nous sommes le plus liés. D'habitude, c'est toujours le même chemin, on l'apprend dès l'enfance et on le suit pour la vie. Mais il arrive que ce chemin se brise, qu'il reprenne ailleurs. Ou bien, après avoir suivi un parcours sinueux, il revient au point de rupture. Ou encore, il reste suspendu.
Mais parfois, il se perd dans l'obscurité.
Afficher en entierUn monstre ne pouvait pas avoir été un enfant, il ne pouvait pas avoir ressenti autre chose que de la haine, avoir vécu une existence similaire à tant d'autres enfants de son âge, qui étaient par la suite devenus ses victimes.
Afficher en entierElle se retrouva en bas de l’escalier. Elle regarda vers le haut, sans savoir ce qu’elle allait y trouver. Elle monta en se tenant à la rampe. Les notes de Chopin continuaient, imperturbables, l’accompagnant dans son exploration. Ses pieds s’enfonçaient dans les marches, ses mains étaient collées à la balustrade qui semblait à chaque pas vouloir la retenir. La musique cessa d’un coup.
Afficher en entierElle se força à retrouver sa lucidité et fit glisser vers l’arrière ses talons nus, lentement, jusqu’à se retrouver à nouveau dans le couloir. Elle reprit son souffle, en essayant de ralentir les battements de son cœur. Puis elle chercha à toute allure dans les chambres, suivie par la mélodie. Elle les passa en revue, l’une après l’autre. Un bureau. Une salle de bains. Un garde-manger. Jusqu’à la porte fermée. Elle poussa le battant contre le mur. Sa blessure à la cuisse lui faisait mal et elle concentra le poids sur son deltoïde. Le bois céda
Afficher en entierMila pesta intérieurement, se traitant d’imbécile. Le maître de musique avait bien préparé sa tanière. Le petit portail du jardin qui grinçait et le sol en lino qui gémissait étaient des alarmes pour signaler la présence d’intrus. D’où le faux coup de fil, comme un hameçon pour attirer la proie. Le miroir déformant pour se placer derrière elle sans être vu. Tout cela faisait partie du piège. Elle sentit le bras de l’homme se tendre jusqu’à elle pour lui prendre son pistolet. Mila se laissa faire.
Afficher en entierElle referma pour que personne à l’intérieur, en regardant dehors, ne s’aperçoive d’un changement. Tout devait rester tel quel. Puis elle avança comme on le lui avait appris à l’école de police, en pesant attentivement ses pas dans l’herbe – uniquement sur la pointe, pour ne pas laisser de traces –, prête à bondir en cas de nécessité. Quelques instants plus tard, elle se retrouva à côté de la porte de service, du côté où elle ne risquait pas de faire de l’ombre si elle se penchait pour regarder à l’intérieur de la maison. Ce qu’elle fit. Les vitres en verre dépoli ne lui permettaient pas de voir nettement mais, à la forme des meubles, elle comprit qu’il devait s’agir d’une salle à manger. Mila fit glisser sa main vers la poignée qui se trouvait de l’autre côté de la porte. Elle l’attrapa et la poussa vers le bas. Elle sentit un déclic dans la serrure. Elle était ouverte.
Afficher en entierMaintenant, le skate était dans le coffre de la voiture de la policière, avec d’autres objets, des jeux, des vêtements. Des pièces à conviction parmi lesquelles Mila avait fouillé en quête d’une piste à suivre, et qui l’avaient conduite jusqu’à cette tanière marron. Jusqu’au maître de musique, qui enseignait dans un institut supérieur et jouait de l’orgue à l’église le dimanche matin. Le vice-président de l’association musicale qui organisait tous les ans un petit festival consacré à Mozart. Le célibataire anonyme et timide, avec ses lunettes, sa calvitie naissante et ses mains moites et molles.
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