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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:16:16+01:00

L'Amérique est ouverte vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Sept jours sur sept. Ce pays est un vaste magasin à rayons bien rangés et le K-Mart est à lui seul les États-Unis. Tout y est représenté.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:16:02+01:00

Rien n'a su me faire trembler, si ce n'est la bêtise humaine.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:15:55+01:00

Un secret a enfin été violé. L'hymen céleste s'est déchiré et les entrailles de Dieu ont enfin crevé. Cela pue.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:15:41+01:00

Je dis à Jésus en le fixant dans les yeux que Bay City est un bled où il ne fait même pas bon se manifester. Je supplie les saints, Dieu et Marie de me laisser en paix. Je ne mérite rien, surtout pas eux. Je ne veux pas être une sainte. Je suis juive, une fausse juive dont on cache encore l'identité, une juive amputée d'elle-même et qui porte une prothèse de catholicisme ; je ne suis rien, si ce n'est une enfant apeurée.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:15:29+01:00

Pour la première fois de ma vie, j'ai connu le bonheur, à perte de vue, en me promenant sur la plage et en avalant goulûment les cieux par mes yeux, par ma bouche, par tous les pores de ma peau. J'ai bu le bleu qui s'étalait au-dessus de moi. J'avais grand-soif. J'étais si avide. Je n'avais été allaitée qu'au mauve saumâtre, infect du Michigan et jamais je n'avais pu penser que le ciel était réellement azur. Ce n'était pour moi qu'une image que je rencontrais dans les livres, un effet de style.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:13:36+01:00

Ma tante n'aime lire que les journaux à potins, mais elle tient à avoir une bibliothèque cossue, remplie de livres qu'elle ne peut plus tout à fait déchiffrer et qui pourrissent lentement.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:13:21+01:00

Cette rencontre est pour moi une révélation. Le français existe ailleurs que dans ma famille. Ma mère et sa sœur n'ont donc pas inventé cette langue pour me rendre folle. Ailleurs, je peux les trahir en français, dénoncer leurs délires dans leur propre langue et surtout rire, plaisanter, exister dans des mots qui depuis mon enfance m'obstruent la gorge.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:13:11+01:00

Je ne vois pas en quoi Babette peut voir en ce piano hideux et tape-à-l'oeil quelque chose d'un passé glorieux, quel qu'il soit. Sur ce piano, mon cousin massacre quelques pièces de Beethoven ou de Bach, avec une déconcertante maladresse, quand il ne torture pas avec des accords boxés des chansons d'Elton John.

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Extrait ajouté par rabanne73 2022-03-17T11:12:59+01:00

Je cherchais quelques moments de bonheur, loin des poursuites des spectres de l'histoire. Je m'envoyais en l'air avec un copain en fumant du haschisch et en prenant des champions magiques qui me donnaient des images de ciel aux nuages roses et doux. David déconnait pas mal. Il voyait en mes mamelons roses de petits fruits des champs qu'il ne pouvait s'arrêter de manger. Avec lui, j'ai été un tout petit peu insouciante. J'ai cru pour quelques heures que je sais illusoires que je ne suis qu'une enfant de l'Amérique.

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Extrait ajouté par MiLn 2018-01-06T19:49:28+01:00

Je me souviens d'un mauve sale qui s'étire des heures. Un mauve qui agonise bienveillamment sur le destin ronronnant des petites familles.

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