Extraits

« " Je vous ai déjà vu comme ça , dit-elle en restituant son vrai visage quelque part dans sa mémoire. Vous avez assisté à mes spectacles sous cette apparence.

- Vous vous souvenez de tous vos spectateurs ? demande Marco.

- Pas tous, non, répond Celia. Mais je me souviens des gens qui me regardent de cette façon.

- C'est à dire ?

- Comme s'ils ne savaient pas s'ils ont peur de moi ou envie de m'embrasser.

- Je n'ai pas peur de vous" dit Marco. »

P.268

"Le rêveur est celui qui ne trouve son chemin qu'au clair de lune et son châtiment est de voir l'aurore avant le reste du monde." Oscar Wilde

- Comment se fait-il que vous ne m'ayez pas demandé comment je réalisais mes tours ? lui demande Célia, certaine que ce n'est pas de la simple politesse de sa part.

Friedrick réfléchit longuement à la question avant de répondre.

- Parce que je ne souhaite pas le savoir. Je préfère que l'on ne m'éclaire pas pour mieux apprécier l'obscurité.

« - Esse quam videri, dit Celia. Être plutôt que paraître. C'est la devise de la famille Bowen. »

P. 336

"Les gens voient ce qu'ils ont envie de voir. Et la plupart du temps, il voient ce qu'on leur dit de voir."

Il faut que quelqu’un raconte ces histoires. Lorsque les batailles sont menées, remportées, perdues, lorsque les pirates trouvent leur trésor, lorsque les dragons croquent leurs ennemis au petit déjeuner arrosés d’un délicieux Lapsang Souchong, il faut bien que quelqu’un raconte ces fragments de récits qui se chevauchent. Il y a de la magie là-dedans. Dans l’écoute. Chacun la perçoit différemment et peut en être affecté de manière imprévisible. De façon triviale ou plus profonde. Vous pouvez raconter une histoire qui va s’ancrer dans l’âme de quelqu’un, devenir son sang, son être, sa raison de vivre. Cette histoire va l’émouvoir, le galvaniser, qui sait ce dont il sera capable grâce à elle, grâce à vos paroles. C’est votre rôle, votre don. Il se peut que votre sœur sache lire l’avenir, mais vous, vous avez le pouvoir de le façonner, mon garçon. Ne l’oubliez jamais. »

Il boit une nouvelle gorgée de vin. « La magie a bien des facettes, voyez-vous. »

«"Nos professeurs ne comprennent pas ce que cela représente, dit-elle. D'être lié ainsi à quelqu'un d'autre. Ils sont trop vieux , étranger à leurs propres émotions. Ils ont oubliés ce que c'est de vivre et de respirer dans ce monde. Ils croient simple de dresser deux personnes l'une contre l'autre. Ça ne l'est jamais. L'autre devient celui qui définit votre vie, qui vous définit. Il devient aussi nécessaire à votre existence que la respiration. Et après ça, ils s'attendent à ce que le vainqueur continue de vivre comme si de rien n'était. C'est comme si on séparait de force les jumeaux Murray en pensant que cela n'aura aucun effet sur eux. Ils seraient entiers mais ils auraient perdu une part d'eux mêmes.

Vous l'aimez n'est ce pas ?

- Plus que tout au monde ". »

P.443 

« - [...] Il m'a dit que j'étais un ange. On ne m'avait jamais rien dit d'aussi gentil.

- C'est un euphémisme, dit Marco en posant la main sur la sienne. »

P.337

Il ne te reste plus beaucoup de temps avant que le soleil se lève inéluctablement. Tu te retrouves face à une énigme, ne sachant comment remplir les ultimes instants de la nuit. Dois-tu visiter un dernier chapiteau ? En choisir un que tu as déjà vu et particulièrement apprécié, ou un autre, inexploré, qui demeure un mystère ? A moins que tu n’ailles chercher une dernière pomme au caramel avant le petit déjeuner ? La nuit qui tout à l’heure semblait s’étirer à l’infini te glisse entre les doigts et s’écoule peu à peu, sombrant dans le passé et te poussant vers l’avenir.

« " Venez avec moi , dit Marco. N'importe où. Loin du cirque, loin d'Alexander et de votre père.

- Nous ne pouvons pas, dit Celia.

- Mais si, insiste Marco. À nous deux, nous pouvons tout faire. »

P. 338