Extraits

- Et au niveau dégâts ? Qu’est-ce que ça donne alors ?

- Tu as un traumatisme crânien, trois côtes brisées, une…

- Je ne te parle pas de moi ! Je m’inquiète pour ma voiture.

Anna leva les yeux au ciel.

- Tu ne changeras donc jamais ? Je me demande, franchement, pourquoi je me fais encore du souci pour toi. Et dire que j’ai dérangé les enfants pour rien.

- Comment croyez-vous que réagirait notre hôtesse si je vous embrassais ici et maintenant ?

Anna prit ostensiblement son couteau et l'examina comme si elle en admirai la forme. Elle lui jeta un regard tranchant comme l'acier

- Si j'étais vous, je ne m'y risquerai pas.

Cette fois, il ne chercha même pas à contenir son rire.

- Anna, vous êtes extraordinaire. Je ne voudrai jamais d'autre femme au monde que vous, lança-t-il de façon à être entendu par une bonne moitié des convives en présence. Mais je ne vous embrasserai pas maintenant. Je n'ai pas envie que vous fassiez vos débuts en chirurgie en vous servant de moi comme cobaye.

- Non, Daniel. Ni whisky ni champagne pour célébrer ça, coupa Anna. Pas tant que tu seras en soins intensifs, en tout cas.

- Maman ? J’allais justement t’appeler. Est-ce que papa…

- Sa plus grosse inquiétude pour l’instant est de savoir si vous avez fait main basse ou non sur sa réserve de whisky.

Il y eut un bref silence interloqué à l’autre bout du fil. Puis, Caine éclata de rire.

- Incroyable… Il faut plus qu’un banal accident de voiture pour venir à bout du MacGregor… Dis-lui de ma part qu’on lui en laissera au moins une bouteille !

- Je n’ai jamais été aussi sûr de ma vie. Et je n’ai pas changé d’avis non plus au sujet du mariage. Tu vas m’épouser, Anna. Et cela, le lendemain du jour où tu seras officiellement promue docteur en médecine. Ta carrière en tant que Dr Whitfield durera moins de vingt-quatre heures.

Les doigts d’Anna se crispèrent anxieusement sur sa chemise.

- Daniel…

- Ensuite, on t’appellera plus que Dr MacGregor.

- Je t’aime, Daniel.

- Tu ne me l’avais encore jamais dit, murmura-t-il.

- J’avais peur de prononcer les mots. Je pensais que si tu savais à quel point je t’aimais, tu ferais pression sur moi jusqu’à ce que je te cède sur tous les plans.

Daniel jura tout bas.

- Le pire, c’est que tu avais sans doute raison de le redouter, admit-il, sourcils froncés. Et maintenant ?

- Tu me fais peur.

L'aveu avait échappé à Anna avec tant de force qu'ils restèrent un instant muets l'un et l'autre. Daniel s'était si peu attendu à une telle déclaration de sa part qu'il avait de la peine à trouver ses mots.

- Anna… Crois-tu vraiment que je pourrais te faire le moindre mal ?

Drôle d’individu, décida‑t‑elle : tape‑à‑l’œil, ridicule et grossier. Avec, malgré tout, un certain panache.

« Elle est têtue, froide, trop directe et un peu inco‑ hérente », conclut Daniel en la suivant des yeux jusqu’à

ce qu’elle se perde dans la foule.

Et ils étaient, au fond, aussi fascinés l’un que l’autre.

« Tout cela est tellement loin, désormais... Mais vous, Anna, pourquoi ne lui laisseriez-vous pas une chance, à ce Daniel ? En rejetant son affection, vous passez peut-être à côté d'une très belle histoire.

—         Je n'ai pas besoin d'affection pour le moment. Plus tard, lorsque je serai installée dans ma vie professionnelle, peut-être...

—              Plus tard, oui... On se dit toujours qu'on a le temps. Jusqu'au moment où la vie vous claque la porte au nez en ricanant « trop tard », chuchota Mme Higgs en fermant ses yeux las. Pour ma part, je mise sur Daniel »

« Pourquoi une femme aurait-elle forcément à sacrifier ou sa carrière ou son amour ? Je veux être médecin et je veux vivre avec Daniel. C'est beaucoup demander, sans doute. Mais c'est ainsi. »