Extraits

Je me jetai dans les bras de Samuel, sitôt franchi le seuil de la tente.

Il me serra contre lui.

J'enfoui mon visage dans le creux de son épaule, et restai ainsi nichée. Il me releva la tête et m'embrassa.

- Tu m'as manqué, me dit-il simplement.

- Tu m'as vraiment beaucoup manqué.

Il m'entraîna sur les coussins qui jonchaient le sol de la tente. Je me serrai convulsivement contre lui. Mes mains s'enhardirent et passèrent sous son pull, allant à la découverte de son torse. Il m'embrassa de nouveau, avec fièvre cette fois. Je posai mes lèvres sur son coup. Contre ma bouche, une veine battait follement. Un ronronnement puissant sortit de sa gorge. J'écarquillai les yeux, étonnée.

- C'est vraiment toi....qui fait ça?

Samuel soupira d'impuissance.

- Oui.

J’entendis un autre cri, plus étouffé que le premier.

Je sortis dans le couloir, et me dirigeai rapidement vers sa chambre. J’hésitai devant sa porte, mais ma main, qui avait tout à coup sa volonté propre, frappa, et sans attendre de réponse, tourna la poignée et ouvrit. J’entrai doucement, presque furtivement, me demandant encore comment j’avais trouvé le culot de pénétrer dans sa chambre au beau milieu de la nuit.

J’avais tout juste fait deux pas dans la pièce lorsque deux mains me saisirent à la gorge et me plaquèrent violemment contre le mur. Je sentis le souffle de Samuel dans mon cou.

— J’ai le sommeil très léger, et je déteste être surpris.

Je ne reconnus pas sa voix, habituellement posée et bien timbrée. Cette voix-là était rauque, chargée d’agressivité.

— Samuel… c’… est moi… l-lâche m-moi, réussis-je à articuler avec difficulté.

— La curiosité est un très vilain défaut.

J’entendis un grondement inhumain sortir de sa gorge. Il resserra ses doigts autour de mon cou en reniflant mes cheveux, mon visage et ma nuque. J’inspirai de plus en plus difficilement. Je tentai de le repousser, en vain. Ce n’était pas l’homme que je connaissais qui se tenait devant moi, mais un étranger, violent et incontrôlable.

Une panique irrépressible montait en moi.

Mes mains commencèrent alors un étrange ballet. Elles effleurèrent tout d’abord les siennes, avant de s’y poser carrément.

Calme-toi, Samuel, calme-toi.

Elles caressaient maintenant les doigts qui m’écrasaient toujours le larynx, reproduisant les gestes que j’avais eus lors de sa crise. Je luttais pour respirer et ne pouvais plus parler.

Je t’en prie, calme-toi. Reconnais-moi.

Mon esprit tentait de parler au sien. Samuel me regardait fixement, les yeux crépitant d’une expression féroce que je ne lui connaissais pas. Je continuais, malgré ma faiblesse, à caresser ses mains des miennes. J’avais de moins en moins la force de lutter, j’avais, au contraire, envie de me laisser aller et de fermer les yeux.

- Je suis Elie. Ne le vois-tu pas ?

- C'est le Tigre de ton clan.

Alors, sans réfléchir, je m'élançai en courant vers Samuel et le heurtai de plein fouet. Ses bras se refermèrent sur moi.

- Quel accueil ! chuchota-t-il.

- Je ne pus lui répondre. J'étais bouleversée, et si heureuse de le voir !

- N'aie pas peur, souffla-t-il.

- C'est pour ça que tu es venu ? Pour me rassurer ?

Il embrassa le sommet de ma tête.

- Je suis venu pour te dire que nous partons avec les Louves pour attirer les lycans loin de cette clairière.

- Alors, c'est ça le plan ? murmurai-je d'une voix tremblante.

- une partie, oui.

Je le serrai compulsivement contre moi.

- Elie, je t'aime, dit-il d'une voix si basse que je crus un instant l'avoir rêvée.

- Moi aussi, Samuel.

Je nichai mon visage dans son pull, sans plus parler. Je savourai son odeur et sa chaleur.

- Libère-moi, demanda-t-il gentiment.

Je ne m'étais pas rendu compte que je m'étais littéralement enroulée autour de lui. Je l'agrippai comme si ma vie en dépendait - ce qui, d'ailleurs, était peut-être le cas.

Il ouvrit les yeux et j'en fus éblouie.

Je n'avais jamais vu un regard pareil. Il avait les yeux jaunes, vraiment jaunes, d'une teinte étrange que l'on trouve chez certains animaux, mais que je n'avais jamais vue, jusqu'à présent, chez un homme.

Je me levai précautionneusement tandis qu'il refermait les paupières. Les convulsions reprirent encore plus violemment qu’auparavant, et lui arrachèrent un autre hurlement. Je lui saisis fermement les bras.

- Stop!

Et là, il se passa quelque chose de totalement inexplicable et de résolument effrayant.

Il s'immobilisa.

Je pivotais vers lui, hésitant à croiser son regard si extraordinaire.

- Si tu veux, acceptai-je, en me décidant enfin à la regarder.

Il esquissa un sourire, son visage s'illumina alors, et ses yeux se mirent à briller.

Ouh, la la ! furent les seuls mots minables que je trouvai sur le moment pour décrire son visage.

- ma chambre crossai je le doux visage de simon emplit soudain la totalité de mon champ de vision.

- salut!

- ah! tu vois quand je te disais qu'elle ne voulait pas voir ta tronche. tu disparais et elle se réveille, lanca rose a samuel qui était déjà de retour.

Je commençai par mes chaussures. Puis j'ôtai mon pantalon et mon pull. Ekar m'observait toujours et je compris à son regard qu'elle me soutiendrait, quoi que je fasse pour tenter de réveiller Samuel.

- Je reste là, au cas où. Tu auras peut-être besoin de moi, marmotta-t-elle.

Je ne lui répondis pas et m'allongeai auprès de Samuel. Je posai mes mains sur lui, veillant à ce que mon corps soit bien en contact avec le sien. Je fermai les yeux et me concentrai.

Je devais le sortir de là.

Il s’intéressa ensuite à des choses plus personnelles, comme ma façon de vivre, mes loisirs, ou mon état physique général. Il se fit très insistant sur ce sujet. Il me demanda pratiquement de lui détailler mon carnet de santé. Si je lui avais proposé de lui envoyer une photo de mes dents, il en aurait été probablement ravi.

- Comment savaient-ils que nous venions? me renseignai-je à voix basse, tout en sachant que cela ne servait strictement à rien.

Samuel prit un air un tantinet conspirateur. Il se pencha vers moi, regarda plusieurs fois autour de lui et chuchota :

- Le telephone, Elie, le telephone.

Il eclata de rire devant mon expressions déconfite.

J'étais habituée à la solitude. J'appréciais la solitude.

Non, j'aimais la solitude plus, j'adorais la solitude.

Je le dévisageais avec une incertitude hargneuse. (...)

C'était totalement irraisonné.

Il me faisait oublier que j'étais censée adorer la solitude.