Extraits

Extrait du journal de Rose

Je suis dégoûtée.

Cela fait des années que j’attends de commencer ma formation avec Alvius, le Dragon du Conseil.

D’accord. J’exagère. Cela fait seulement un an. Mais quand même.

Je ne voulais pas être le Dragon le plus puissant sur cette terre. Je voulais simplement être capable de faire quelque chose de valable. D’original. D’important. Et pourquoi pas ? Avoir de petits pouvoirs magiques…

Je suis partie ce week-end pour entamer ma formation. Eh bien, le verdict est simple. Je suis nulle comme magicienne. Je ne sais faire qu’une chose : recréer des fringues après un changement. Et il serait peut-être envisageable que je puisse lancer un ou deux sorts de protection. Voilà toute l’étendue de mes capacités. L’horreur. Simon a le même âge que moi, et il est bien mieux loti avec son talent de Cheval Ailé. Maintenant il est consultant pour le Conseil. Le pire, c’est qu’il s’en fiche. J’aurais tout donné, moi, pour avoir une importance comme la sienne aux yeux des changeformes. Mais rien. Rien en dehors du fait que je sois le seul Dragon Bleu d’Amérique du Nord. Génial.

En cas de conflit, oui je suis très utile, je peux permettre à tous les changeformes sous formes animales de communiquer entre eux. Mais en période calme, je ne suis bonne à rien. Rien. Nada.

Franck me répète continuellement qu’il faut que je réfléchisse à mon avenir. Découvrir ce que je veux faire comme métier. Beurk ! Je suis une changeforme, bon sang ! Je ne me vois pas du tout vendeuse dans un magasin de chaussures. Au secours ! (…)

Je suis furieuse. Furieuse !

Que Franck ait vu juste pendant tout ce temps en me conseillant de garder les pieds sur terre. Il se fichait de moi en me rappelant que je n’étais ni une Faë, ni Aonghas Keir. Simplement une changeforme.

Il avait raison.

Oui ! J’arrive.

Elie m’appelle. Ce doit être à mon tour de mettre la table.

Génial. Ma vie palpitante continue.

- Je vous rappelle que c'est moi qui tiens le téléphone. Et ce n'est pas parce que vous entendez tout ce qu'il dit, qu'il en est de même pour lui, ronchonnai-je. Il y a des gens normaux ici. Des gens qui n'entendent pas péter les mouches.

Rose me lança un regard rieur.

- Péter les mouches ? Tu ne nous l'avais jamais faite, celle-là.

- J'en ai d'autres, si tu veux.

Second Prologue

Il se sentait vieux, vraiment très vieux et fatigué. Il savait que le temps était venu de liquider ses affaires – il avait déjà réglé la question de sa succession. Mais il lui restait un problème à régler, et il était de taille. Il fallait qu’il s’attelle immédiatement à cette tâche, et il avait besoin d’alliés courageux, inventifs et fiables.

Il sourit avec amusement. Il savait exactement à qui il confierait cette mission délicate. Car même si leurs méthodes n’étaient pas toujours très orthodoxes, Franck et sa petite famille étaient d’une efficacité redoutable.

Il se leva péniblement pour aller se planter devant la fenêtre. Le printemps laissait doucement la place à l’été. Il songea alors avec une tristesse à peine fataliste, que c’était là le dernier qu’il passerait. Son existence avait été bien remplie. Il avait même pu avoir un disciple. Un feu follet débordant d’énergie qu’il avait formé et à qui il avait appris l’histoire de son peuple.

Il sourit de plus belle en songeant à son remuant apprenti. Oui, il avait eu une vie magnifique, et savoir qu’elle ne tomberait pas dans l’oubli lui permettait de quitter cette terre l’esprit en paix.

Pour que la transition se fasse sans heurt, il lui suffisait simplement d’expliquer au clan du Hameau comment gérer la situation, et que ce dernier se tienne à la procédure qu’il avait mise en place. Sinon, tout recommencerait. Et ça, ce n’était tout bonnement pas envisageable. Les changeformes ne s’en relèveraient pas une seconde fois.

Il frissonna brièvement sous le poids de cette responsabilité avant de chasser ses doutes. Il avait fait face à de nombreuses situations épineuses tout au long de sa vie. Il ferait face à celle-ci. Ou plutôt, il allait préparer ceux qui seraient chargés de l’affronter.

Il était temps qu’il écrive la lettre la plus importante de son existence. Il se dirigea lentement vers son bureau et se laissa tomber sur la chaise avec une raideur due à la vieillesse.

Il prit un stylo, le mâchonna avec concentration avant de jeter sa première phrase sur le papier :

Mon bien cher Franck,

Je suis désolé de devoir t’imposer cela, mais j’ai une absolue confiance en ta capacité à gérer cette affaire pour le moins particulière.

J'ai cru que Samuel allait l'étrangler.

Rose, hilare et admirative était allée chercher des bougies tandis que Simon avait contemplé la Mémoire avec l'air de celui qui se demandait comment il avait pu louper le fait qu'Isaac Lam était complètement givré.

- tun as vraiment cinquante talents sous le coude?

- sous le coude repeta vermeil sans comprendre.

- en reserve?

le gamin opina joyeusement du chef.

- bon sans, soupira le tidre. tous de se genre?

- non. il y en a des rigolos aussi. tu veux essayer?

- non, merci

- je te promet, ils sont sympas.

- surtout n'essaie rien.

« Je regardais, effarée, le magnifique dragonon qui s'était écroulé aux pieds de notre visiteuse. Il se redressa gauchement, secouant la tête avec vigueur et agacement. Il recula de quelques pas et regarda Circé, qui le fixait, les sourcils levés, les paupières papillonnant d'incrédulité.

— Un... un... c'est... un... un... c'est un... un...

Franck claqua violemment la porte d'entrée.

— Je... je crois que je devrais m'en aller maintenant.

— Et moi, je crois qu'il est trop tard pour ça, répliqua-t-il brutalement. »

Premier Pologue

-S'il te plaît, raconte, Papili.

-Ta maman ne va pas être d'accord.

-On ne lui dira pas. S'il te plaît.

Le grand-père soupira avec une certaine satisfaction.

-Pouquoi aimes-tu tant que je te raconte cela? Parce que ça te fait peur?

-Elle ne me fait pas peur. C'est une belle histoire.

Le vieil homme scruta le visage de sa petite fille si intelligente, et devant son air décidé et ses yeux brillants d'anticipation, il décida qu'il pouvait lui dire la vérité. Elle comprendrait.

-Ce n'est pas une histoire, Vi. C'est notre histoire. Elle raconte qui nous sommes et d'où nous venons. De façon un peu romancée, je te l'accorde.

-C'est vrai?

-Oui.

-C'est l'histoire de notre famille?

-Oui.

-Alors il a existé?

-Oui. Écoute Vi, cette histoire est la légende de notre famille. Et si elle contient une grande part de vérité, elle comprend aussi beaucoup de détails fantaisistes. C'est d'ailleurs ce qui fait d'elle une excellente histoire.

-Une histoire vraie.

Le grand-père sourit.

-Beaucoup de points le sont. Et à toi, je peux l'avouer. J'ai essayé plusieurs fois de le ramener.

-Tu as essayé de faire comme dans l'histoire?!

-Oui. Mais, sans succès. Et c'est en échouant encore et encore, que j'ai compris que certains détails avaient été édulcorés. Mais je n'ai jamais pu déterminer lesquels.

-Édulcarés?

-Édulcorés. Transformés. Déformés. Arrangés pour rendre l'histoire pus intéressante.

-Alors tout n'est pas vraiment vrai? réponde la petite, déçue.

Le grand-père sourit tristement.

-C'est cela. Mais Argon a bel et bien existé, et il était encore plus puissant que ce que l'on croyait. Il était notre aïeul, et rien n'est plus important en ce monde que de savoir qui l'on est et d'où l'on vient. Et qui sait? Peut-être que toi, tu parviendras à le ramener.

-Moi? demanda l'enfant avec ravissement.

-Toi.

Pas toi. Moi, pensa alors le petit garçon embusqué dans le noir depuis un quart d'heure.

Son grand-père se cala profondément dans le fauteuil. Les yeux dans le vague, il rassembla ses esprit et commença l'histoire tant réclamée.

-Il était un homme qui s'appelait Argon...

Si à ce moment, il avait tourné la tête vers la porte, il se serait aperçu que le jeune frère de Vi, tapi dans l'embrasure, l'écoutait abec avidité. S'il avait porté plus d'attention à sa petite fille, au lieu de se perdre dans ses souvenirs, il se serait enorgueilli de la lueur conquérante qui emplissait son regard.

Moi, j'aimerais être aussi forte qu'Argon.

Tout le monde m'obéirait.

Papa dit que l'argent peut tout acheter. Et de l'argent, nous' on en a plein.

Extrait du journal de Rose

< Heureusement, avait grogné Alvius. Le monde des humains n'est pas prêt à admettre pacifiquement l'existence des changeformes, des vampires ou des lycans. Ils sont bien trop égocentriques pour accepter tranquillement l'idée même de notre existence >.