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Je n'ai pas réussi à te pousser à m'aimer autant que je t'aime. L'amour devrait toujours être partagé.

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Tu auras même de la peine pour tous ceux qui n'ont pas notre chance, car il semblerait que nous autres, avec nos yeux sombres, sachions comment atteindre le paradis.

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Avery s’écarta du camp pour profiter d’un moment d’intimité. Son garde l’observa passer, s’assura que Gillyanne était toujours là, et retourna à son ouvrage. Les hommes chargés de les surveiller avaient manifestement décidé que les deux jeunes filles ne s’échapperaient pas si elles n’étaient pas ensemble. Avery fut tout d’abord tentée de partir à toutes jambes pour épicer un peu les choses, mais elle se ravisa : Cameron ne croirait jamais qu’elle avait voulu seulement le taquiner. Elle marcha lentement dans les bois pour étirer ses jambes éprouvées par une longue journée à cheval, veillant à rester à portée de voix du camp, à défaut de le voir en permanence. Cela faisait maintenant une semaine qu’ils faisaient route vers le port où ils prendraient la mer, et Cameron leur imposait une allure effrénée. Avery comprenait son désir de rentrer au plus vite pour régler les problèmes de sa sœur – ou peut-être était-ce seulement l’Écosse qui lui manquait ? – mais un tel empressement la faisait tout de même souffrir. À sa connaissance, il avait toujours l’intention de se débarrasser d’elle une fois arrivé à Cairnmoor. Elle avait beau se répéter qu’elle n’était pas le centre du monde et que le désir dont Cameron faisait montre quand il la rejoignait sous les draps ne pouvait être feint, Avery ne pouvait s’empêcher de penser qu’il semblait avoir terriblement hâte de se débarrasser d’elle. La jeune fille cherchait souvent un moyen de régler le problème posé par la sœur de Cameron sans que Gillyanne ou elle ne servent de monnaie d’échange. Le plus efficace aurait encore été de prouver que cette Katherine mentait, mais c’était certainement plus facile à dire qu’à faire. Avery avait cru comprendre que la demoiselle savait très bien comment obtenir ce qu’elle voulait – en l’occurrence, Payton. Il y avait très peu de chances que son véritable amant – s’il y en avait un – se réveille soudain pour prendre ses responsabilités. Avery n’avait plus qu’à prier pour que Cameron tombe amoureux d’elle, ce qui l’obligerait à trouver une autre issue à cet imbroglio… un miracle qui, manifestement, n’était pas près de se produire. Avery remarqua un buisson couvert de baies bien mûres et se précipita pour les cueillir. Elles agrémenteraient un peu des repas pour l’heure essentiellement composés de viande et de pudding.

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