Extraits

Chaque cœur se brise différemment et elle connaît les motifs que dessinent ses fêlures, elle les suit comme les lignes dans sa paume.

Elle refusait de le laisser enterrer son sentiment de culpabilité en elle. Elle ne servirait plus jamais de lieu de sépulture à un homme.

Pouvait-on être nostalgique d'une amitié pas encore finie, ou bien ce sentiment sonnait-il la fin d'une époque ?

ET d'abord, qu'est-ce qu'une bande de vieilles dames y connaissait ?

Nous lui aurions dit qu'à nous toutes nous avions des siècles d'avance sur elle. Si nous mettions toutes nos vies bout à bout, nous étions nées avant la Dépression, avant la guerre de Sécession, avant l'Amérique elle-même. Et pendant tout ce temps, nous avions connu les hommes. Oh oui, ma petite, nous avions un peu connu l'amour. Ce reste de miel au fond d'un bocal qui emprisonne ce goût sucré dans votre bouche, assez longtemps pour masquer la faim. Nous avions promené nos langues sur nos dents pour savourer le plus longtemps possible, et dans toute notre existence rien ne nous a affamé davantage.

Désormais, Luke appelait le centre un soir sur deux. Quand ce n'était pas Dave qui répondait, il raccrochait. Il lui avait parlé du jeune garçon pendant le match de base-ball, des années plus tôt. Dave ne l'avait pas jugé. Il est normal, avait-il dit, que des pères éprouvent du chagrin après un avortement. Une fois que vous aviez créé la vie, vous restiez un père pour toujours, quoi qu'il arrive à l'enfant.

"Des fois, je me dis que..." Elle s'interrompit. "Si ma mère s'était débarrassée de moi, est-ce qu'elle serait toujours en vie? Peut-être qu'elle aurait été plus heureuse. Peut-être qu'elle aurait pu avoir une vraie vie."

Il comprenait la maladie mieux que quiconque. La maladie enfouie au plus profond de vous, et qui, même si vous en guérissiez, vous rappelait toujours que vous étiez trahi pas votre propre corps. " Page 198

En vieillissant, une fille se rapproche de sa mère, jusqu'à ce quelle se fonde peu à peu en elle, comme un patron de couture mais un fils devient irrémédiablement autre chose." Page 98

Elle était en train de l'aider à enfiler son tee-shirt USMC avant d'aller se coucher; En s'efforçant de ne pas regarder ses cicatrices, les parties de sa poitrine qui semblaient encore tuméfiées

Nous avons essayé d'aimer ce monde. Nous avons nettoyé derrière lui ,nous avons récuré ses sols d'hôpital et repassé ses chemises,transpiré dans ses cuisines et servi les repas de cantine,nous nous sommes occupées de ses malades et de ses bébés. Mais le monde ne voulait pas de nous ,alors nous l'avons quitté et nous avons offert notre amour au Cénacle. Maintenant , nous avons peur. Un soir ,un garçon a arraché son sac a Hattie, et depuis ,aucune de nous ne sort a la nuit tombée. Nous n'allons quasiment nulle part ,sauf au Cénacle. Nous avons vu ce que ce monde a à offrir. Nous avons peur de ce qu'il veut .