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Alors que je refermais la porte pour retourner dans mon lit, un léger craquement parvint à mes oreilles ; venu du plus profond des solives, comme si la maison elle-même cherchait à m’appeler.
Afficher en entierJe défis mon sac, rangeai mes affaires dans la commode puis arpentai un moment la pièce, car il faisait chaud et j’étais fatigué. Je finis par m’allonger sur le lit, les mains derrière la tête, et contemplai le plafond en écoutant ronronner le ventilateur qui pivotait lentement sur son pied, dans un sens puis dans l’autre.
Afficher en entierJe me rappelle avoir été comme happé par le magnétisme des lieux en pénétrant dans le hall. On se serait cru dans une capsule témoin tout droit sortie d’un glacier géant où elle aurait été conservée. Un univers resté parfaitement intact qui restituait Seattle au tournant du XXe siècle – un musée. Poussiéreux, fané, miteux.
Afficher en entierJe pris une profonde inspiration et humai la brise à plein nez : odeur de coquillages, d’algues et de boue. Comme la plage à marée basse, quand j’étais enfant et que mes parents m’emmenaient passer la journée à Mystic, dans le Connecticut. Je me rappelle les palourdes, les crabes et les algues. Le vent qui soufflait et rabattait sans cesse le papier qui tapissait ma barquette de frites. Mon père qui souriait à ma mère et se penchait vers elle pour l’embrasser. Elle lui rendait son baiser et je parvenais enfin à attraper une frite, la meilleure de toute ma vie.
Afficher en entierCette histoire s’est déroulée il y a si longtemps… Elle débute en 1990.
Par une chaude journée de juillet, une voiture de location vert pomme quitte l’aéroport de Seattle et prend la direction du Nord sur l’Interstate 5, une autoroute qui traverse des quartiers dissimulés derrière des collines boisées, nichés le long des ponts et au creux des cours d’eau. À son bord, un père et son fils. Ils ne parlent pas. Le garçon a presque quatorze ans et il est triste. Malheureux d’avoir dû quitter la maison où il a passé son enfance. Malheureux parce qu’on l’a forcé à faire ce voyage. Malheureux parce que sa mère n’est pas là avec lui. Malheureux de se retrouver seul avec son père. C’est pour ça qu’il ne dit rien. Son casque de Walkman sur les oreilles, immergé dans l’album The Wall, des Pink Floyd.
Afficher en entierÉlevé à la campagne, dans le Connecticut, j’avais appris que le nom de Riddell revêtait une grande importance pour les habitants du Nord-Ouest. Ma mère m’avait expliqué que mon arrière-arrière-grand-père paternel y faisait figure de légende locale. Elijah Riddell avait bâti une fortune colossale grâce à l’exploitation forestière, fortune que ses descendants avaient perdue par la suite. Mes ancêtres avaient littéralement changé la face du pays – avec des haches, des scies à deux hommes et des treuils à moteur Diesel, des broyeurs pour pulvériser les corps et disperser les cendres, ils s’étaient taillé une place dans l’histoire. Dans un lieu maudit, m’avait-on également expliqué.
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