Extraits

Le panda par exemple, on l’ignore, produit une quantité de déjections proprement hallucinante. Des monceaux de merde à longueur de journée pour une peluche si mignonne, c’est cruel. A croire que la nature a concentré tout l’intestin du monde dans le cul des pandas. Il y a là une leçon à retenir pour vos relations personnelles : trop d’envie de câlins cache forcément un paquet de merde.

"Dans le cosmos, rien ne se perd. Rien. Tout se transforme, s'échange, se combine, mais rien, absolument rien ne peut se perdre. Le mouvement se mue en énergie, la lumière en chaleur, l'eau en vapeur, etc. Et les mauvaises ondes émotionnelles en pulsions dévastatrices.

C'est pour ça que les psys ont été créés. Pour équilibrer la civilisation. Quand un beau jour les mecs, il y a longtemps, se sont rendu compte que tous les problèmes humains s'amassaient les uns sur les autres et qu'on n'en faisait rien, au risque d'un jour se voir étouffés par les maux des hommes, ils ont compris qu'il fallait trouver un moyen de les recycler. [...] Aujourd'hui on cherche quoi faire de nos matériaux nucléaires usagés, mais pour en arriver là il a fallu se charger d'inventer les usines de recyclage mental: les psys."

"Au passage, j'en profite pour m'interroger sur la proximité entre le lexique de la cuisine et celui des émotions humaines - n'y aurait-il pas là une volonté anthropophage de disséquer nos sentiments pour mieux les assimiler?

Je pense que les psys sont des cannibales."

"Ils forment une tribu en marge de l'humanité, pour mieux l'observer, la savourer et en dévorer les maux"

— Vous êtes né comme ça ?

— Est-ce qu'un pervers, un sale type naît comme ça ?

— Non, je ne crois pas. Il le devient.

— Donc tu as ta réponse.

— Alors pourquoi on croise plus souvent les mauvais que les gens comme vous ?

— Mais tu en croises sûrement, des êtres bons. Tu ne les vois pas, c'est tout. Faire du bien est moins visible et notable que faire du mal. Le mal a cela d'intéressant qu'il attire l'attention, qu'il donne l'illusion à quelques-uns d'exister là où le bien passe inaperçu, il se fond dans le quotidien car le bien n'est plus que l'huile des rouages du temps. Quand tout fonctionne, on ne s'en occupe pas. Mais dès que la rouille apparaît...

— Vous avez finalement trouvé le temps ?

— On ne trouve pas le temps, il n'est pas caché quelque part, en revanche on peut décider de prendre celui qui passe sous nos yeux et d'en faire autre chose.

J’ai fait ma crise existentielle avec presque dix ans d’avance sur la quarantaine, ou quinze de retard sur l’adolescence, à vous de voir. Ce truc des crises, ça m’a toujours intrigué. On flippe par paliers, nous les hommes, là où les femmes sont plus constantes, elles lissent leurs angoisses sur la durée. Les plus misogynes et caricaturaux diront que c’est ce qui les rend chiantes au quotidien et nous, mâles, globalement irresponsables. La linéarité féminine face aux à-pics masculins. On commence par la rébellion avant de devenir adulte, en se jurant qu’on ne deviendra jamais comme ces gros cons, pour mieux leur ressembler ensuite. Puis les mecs prennent de l’assurance avant d’être au bord du précipice au moment de devenir papas pour la première fois, lorsqu’ils atteignent la moitié de leur vie, et quand ils perdent leur dernier parent. Si vous voulez voir ce qu’un homme a dans le bide, voilà les instants qu’il ne faut surtout pas rater. C’est en tout cas ma conviction.

« Quand on regarde objectivement ce qui nous place au sommet de la hiérarchie animale, c’est que nous avons le fric et pas eux. Filez un système monétaire aux gorilles avec plus de pognon que nous pourrions en avoir et nous serions à ramper dans la boue pour qu’ils nous en filent un peu. »

Transgressez les codes. Affranchissez-vous de vos trajectoires balisées et sagement formatées. Soyez vous, vraiment. Si tout le monde le fait ce sera alors le chaos, c'est vrai, mais putain ce que ce sera bon. Personne n'a jamais dit que le paradis c'était l'ordre. L'ordre, les lois impérieuses, les contraintes morales, idéologiques, les obligations de comportement, les frustrations, les souffrances, tout ça c'est l'enfer. Vous n'avez donc pas compris ?

Vous vivez en enfer.

On vous a lu le bouquin à l'envers, on a érigé des principes à ne pas dépasser, on a appelé ça la civilisation, mais c'est un autre mot pour l'enfer. Vous vous êtes fait arnaquer. Les gens au tout départ se sont plantés dans la compréhension du truc ! Ils nous ont entraînés dans la mauvaise direction ! À moins que ce ne soit ceux qui bâtirent l'Église et son institution qui se sont arrangés pour nous mentir et conserver le pouvoir...

— Vous avez déjà fait des émissions de télé ?

— La télé ? Fichtre non ! À quoi bon la télé ?

— Parce que si ça passe à la télé ça existe. La télé dicte le vrai.

— Elle fait ça ?

— À cause de la masse. La masse regarde la télé. Donc si la masse croit en quelque chose, ça suffit à le rendre vrai.

— Raison de plus pour ne pas aller à la télé alors.

— Le paradis c'est juste une illusion que les hommes se sont créée pour mieux supporter la vacuité de l'existence. Ça modère les plus belliqueux, ça apaise les plus angoissés, et ça fédère, ça canalise, ça contrôle. Le paradis c'est une promesse vaine à laquelle on fait semblant de croire pour se sentir mieux.

— J'aime pas les gosses.

— T'aimes pas les adultes non plus en même temps.

— C'est vrai. Mais ces gosses-là, je pourrais en prendre trois ou quatre et les emmener derrière pour leur donner un bon coup de pelle dans la tronche en chantant du Herbert Léonard.

— Herbert Léonard ?

— "Pour le plaisir". Ça les calmerait, je pense.

— Ah oui, ça les calmerait c'est sûr ! Peut-être un peu trop même...