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Il y a donc des premières fois qui sont aussi des dernières, quand elles sont placées sous le signe de l’irrespect, de la violence et de la négation ; le corps de la fille s’en trouve irrémédiablement marqué du sceau de l’abjection. Elle perd toute considération pour sa propre corporéité, elle ne se reconnaît plus aucune limite et soumet son corps à tous les usages : manger trop, boire trop, se donner trop, le tout sans plaisir, sans autre satisfaction que celle de faire ce que le premier utilisateur lui a intimé de faire, tiens, prends !, ingurgite, régurgite, avale, vomis… Et si elle a la malchance de ne pas rencontrer, sur ce chemin de l’oubli de soi, un homme (ou une femme) qui saura se nouveau considérer son corps, c’est-à-dire à la fois en tenir compte et l’estimer, elle restera un sujet à jamais désincarné. La première fois aura été la dernière, le corps perdu à jamais.
Afficher en entierPar quelle opération mystérieuse une jeune fille en vient-elle à vouer sa vie à l'homme qui l'a prise, sans égard aucun, puis rejetée tout aussi violemment ? Quel cheminement inconscient la mène-t-il de son corps offert en pâture, instrumentalisé et brutalisé, au sentiment d'amour indéfectible qui l'habite tout entière ?
Afficher en entierCar c'est aux femmes qu'il revient toujours d'arbitrer entre vie personnelle (amoureuse, conjugale et, éventuellement, maternelle) et vie professionnelle. Dans l'hypothèse d'une maternité, ce sont elles qui servent de variable d'ajustement : passage au temps partiel, voire non-retour à l'emploi, renonciation aux évolutions de poste et autres promotions, dédoublement des préoccupations. En un mot, quelles que soit l'intensité de leur engagement dans le monde, les femmes demeurent assignées à l'espace privé du foyer.
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