Extraits

- Mon fils ne laisse pas souvent passer quelque chose. Tu dois te rappeler de ne pas oublier où se situe ta place. (Baji Nasreen)

Oublier où est ma place? Chaque jour je m'éveillais sans l'odeur du déjeuner, flottant dans l'air, que préparait ma mère. Chaque jour, je m'éveillais dans un silence assourdissant au lieu d'entendre les rires et les cris de mes sœurs. Chaque jour, je me rappelais tout ce que j'avais perdu. Je me rendais compte qu'aussi bonne que soit Baji Nasreen à mon égard, elle ne pourrait jamais comprendre ma position.

- C'est moi qui devrait te présenter mes excuses, dit-elle. je n'ai pas été une bonne mère dernièrement.

- Non, Amma, ne dis pas ça.

- Tu es mon aînée, mais tu es encore une enfant, dit-elle. je en sais pas...on dirait que je suis tombée dans un puits, le mois dernier. Tout était si sombre. Ça se produit pendant un temps chaque fois que j'ai un enfant.

- parce que nous sommes des filles, murmurai-je.

- Quoi? C,est faux!

Elle prit ma main dans les siennes.

-J'étais là. Tu pleurais. Tu voulais un fils.

-Oui, nous voulions un fils, dit-elle en soupirant. Mais ça ne veut pas dire que nous n'aimons pas nos filles. Tu fais partie de moi; comment pourrais-je ne pas t'aimer?

J'examinai le livre que je tenais à la main. Je savais que je n'aurais pas dû y toucher. Je n'aurais même pas dû entrer dans cette pièce. Mais si j,empruntais ce mince volume et que je le remettais en place dès que j'aurais fini de le lire, est-ce que quelqu'un s'en apercevrait? Était-ce vraiment un crime d'emprunter un livre qui ramassait la poussière? N'était-ce pas un crime plus grave d'avoir une bibliothèque aussi bien garnie que personne ne lisait?

Il me scruta un moment. ( Asif)

- Je me demande si j'ai déjà rencontré quelqu'un d'aussi courageux que toi, dit-il enfin.

-Je ne suis pas courageuse, je suis terrifiée. Mais je n'ai pas le choix.

- Tu as toujours le choix. Arrêter son choix même quand on est effrayé parce que c'est la bonne chose à faire, c'est cela le courage.