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L'âge vous fait voir certaines choses.

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Les mains tuméfiées à force d'essayer de tourner la poignée, à bout de souffle, Irina se retourna et, avec le dos, tenta d'enfoncer la porte de la chambre. Ce faisant, elle ne put éviter de river ses yeux sur la clef qui tournait dans la serrure de l'armoire.

Finalement, la clef cessa de tourner et, poussée par des doigts invisibles, tomba. Très lentement, la porte de l'armoire commença de s'ouvrir. Irina voulut crier, mais elle sentit que l'air lui manquait pour articuler ne fut-ce qu'un murmure.

De la pénombre de l'armoire émergèrent deux yeux luisants et familiers. Elle soupira. C'était son chat. Elle avait eu l'impression qu'à une seconde près son coeur allait s'arrêter de battre sous le coup de la panique. Elle s'agenouilla pour prendre le félin dans ses bras, quand elle s'aperçut que derrière lui, dans le fond de l'armoire, il y avait quelqu'un d'autre.

Chapitre 6, page 79-80.

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-À l'automne, j'aurai soixante-douze ans, et même si je peux me consoler en sachant que je ne les parais pas, chacun d'eux pèse lourdement sur mes épaules. L'âge vous fait voir certaines choses. Par exemple, je sais maintenant que la vie humaine se divise fondamentalement en trois périodes. Dans la première, on ne pense pas que l'on va vieillir, ni que le temps passe, ni que, dès le premier jour, celui de notre naissance, nous marchons vers une seule et unique fin. Passé la première jeunesse, commence la deuxième période, où l'on se rend compte de la fragilité de sa vie, et ce qui n'est d'abord qu'une simple inquiétude grossit en vous comme une mer de doutes et d'incertitudes qui vous accompagnent durant le reste de vos jours. Enfin, au terme de la vie, s'ouvre la troisième période, celle de l'acceptation de la réalité et, en conséquence, la résignation et l'attente. Au long de mon existence, j'ai connu beaucoup de gens qui étaient demeurés ancrés dans l'une de ces étapes et n'avaient jamais réussi à la dépasser. Il y a là quelque chose de terrible.

Tel est le chemin que chacun de nous doit apprendre à parcourir en solitaire, priant Dieu de l'aider à ne pas s'égarer avant d'arriver à la fin. Si nous étions tous capables de comprendre cela, apparemment si simple, au début de notre vie, une bonne part de nos misères et de nos peines ne se produirait jamais. Mais, et c'est un des grands paradoxes de l'univers, cette grâce ne nous est accordée que lorsqu'il est déjà trop tard. Fin de la leçon.

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"Sans plus attendre, Roland pris le visage d'Alicia et, posant ses lèvres sur les siennes, expulsa dans sa bouche tout l'air qu'il avait gardé pour elle, exactement comme Caïn l'avait prévu depuis le début. Alicia aspira l'air entre ses lèvres et serra avec les mains de Roland,unie à lui par ce baiser qui la sauvait."

"Ce fut la dernière fois qu'Alicia vit Roland."

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peu après l'aube, Alicia se réveilla et découvrit derrière les vitres de sa fenêtre deux profonds yeux jaunes qui la regardaient fixement....

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Il parcourut du regard, l'une après l'autre, les statues prises dans les tiges d'herbes sauvages agitées par le vent, et finit en s'arrêtant de nouveau sur le clown. Un frisson lui parcourut le corps et il fit un pas en arrière. La main de la statue, qu'il avait vue quelques secondes plus tôt le poing fermé, était maintenant ouverte, la paume tendue, comme si elle l'invitait. Il sentit l'air froid de l'aube lui brûler la gorge et le sang palpiter à ses tempes. Lentement, comme s'il craignait de réveiller les effigies de leur sommeil éternel, il refit le chemin jusqu'à la grille de l'enclos sans cesser de se retourner à chaque pas. Quand il eut passé la porte, la maison de la plage lui parut très loin. Sans prendre le temps de réfléchir, il se mit à courir et, cette fois, il ne regarda pas derrière lui avant d'être arrivé à la clôture de la cour. Quand il y fut, le jardin des statues était de nouveau noyé dans la brume.

~ p 34 ~

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Il put admirer le spectacle de la coque engloutie, couchée sur le côté et nimbée d'une clarté magique et spectrale. Le navire devait mesurer environ cinquante mètres, peut-être plus. Une profonde brèche béait de la proue à la cale arrière. La voie d'eau ouverte dans la coque ressemblait à une blessure noire et sans fond infligée par des griffes de pierre aiguisées. Sur la proue, on pouvait lire le nom du bateau : l'Orpheus.

~ p 69 ~

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Elle s'apprêtait à dévaler l'escalier quand elle sentit un souffle glacé traverser la pièce et lui caresser le visage. Puis la porte de la chambre se ferma d'un coup. Elle courut vers elle et se battit avec la poignée, apparemment bloquée. Tout en luttant inutilement pour l’ouvrir, elle entendit derrière elle la clef de l'armoire tourner lentement sur elle-même, tandis que les voix, qui paraissaient provenir du plus profond de la maison, riaient.

~ p 75 ~

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La caméra avança jusqu'au visage de clown, s'arrêta à un demi-mètre à peine et demeura là pendant plusieurs secondes. Max jeta un coup d'œil à la bobine pour constater que le film arrivait à sa fin et qu'il ne restait guère plus de deux mètres à visionner. Un mouvement sur l'image attira son attention. Le visage de pierre bougeait de façon presque imperceptible. Max se leva et alla jusqu'au mur où était projeté le film. Les pupilles de ces yeux de pierre se dilatèrent et les lèvres s'arquèrent lentement en un sourire cruel, révélant une longue rangée de dents effilées pareilles à celles d'un loup. Il sentit comme un nœud se former au fond de sa gorge. Juste après, l'image disparut et il entendit le bruit de la bobine qui tournait dans le vide. C’était la fin du film.

~ p 132 ~

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Max avait lu un jour dans un des livres de son père que certaines images de l'enfance restent gravées dans l’album de l'esprit comme des photographies, comme des scènes auxquelles, quel que soit le temps écoulé, on revient toujours et que l'on n'oublie jamais. Max comprit le sens de cette affirmation la première fois qu'il vit la mer.

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