Le Cycle de Varrandinn, Tome 2 : L'Enfant des flots

Louis reprend la parole.

-Ne trouvez-vous pas que nous sommes vernis d’avoir croisé la route de dame Lysandre?

Ma réponse, contrainte par les envoûtements, passe mes lèvres.

-Oui, nous le sommes.

Louis poursuit :

-Avec ses dons et nos talents, notre mission n’en sera que plus facile!

Je songe aux dons réels de Lysandre, aux pouvoirs cachés qu’elle ne dévoile pas au reste du groupe. Sa puissance m’inquiète.

-En effet.

Louis fronce alors les sourcils.

-Une seule chose m’agace à son propos.

Saisit d’un espoir nouveau –peut-être mon compagnon a-t-il percé à jour le véritable tempérament de notre nouvelle alliée–, je tends l’oreille.

-Je crois qu’elle fait partie des Fidèles.

Sur le coup, je ne comprends pas le sens de cette phrase dans le contexte actuel. Les Fidèles sont ceux qui, depuis la mort de Benjamin, vénèrent son esprit comme une divinité. Ces gens qui adressent leurs prières à Rédemption, l’étoile bleue, sont caractérisés par leur foi et leur manie de faire aussi commerce de toutes sortes de reliques sensées avoir appartenues au défunt prince. Pendant mes années d’errance, j’ai bien dû trouver sur ma route une centaine de répliques de l’épée de Gascogne, l’équivalent d’une vingtaine de têtes de mèches de cheveux provenant « sans le moindre doute » du corps de mon suzerain et, ce qui m’étonna encore plus, trois ou quatre «disciples de Ruidan » apparemment formés par nul autre que moi. Les Fidèles, inoffensifs, n’en sont pas moins la risée de l’Empire étant donné cette habitude de collectionner les colifichets les plus absurdes. Un point reste à éclaircir et je questionne Louis :

-Lysandre, une Fidèle? Qu’est-ce qui te fait dire ça?

Louis grimace.

-Elle porte une relique.

J’eus beau me creuser la mémoire, je n’avais pas souvenir d’avoir remarqué une relique dans la tenue de Lysandre. Il faut dire que la nuit avait été mouvementée mais normalement, je remarquais ce genre de détails.

-Quel genre de relique?

Louis rougit, soudainement.

-Euh… Et bien, elle la dissimule sous sa tunique mais hier soir, alors que je passais près de sa couchette et bien j’ai… par accident, vous comprenez… aperçu… une amulette.

Impatient, je balayais d’un geste les réticences de Louis. Peu m’importait qu’il eût tenté d’apercevoir la sorcière sans ses vêtements!

-Une amulette? De quel genre?

-En fait, c’est une petite fiole en verre sertie d’argent. Elle contient un liquide rouge et est en tous points semblables à celle que trimballent partout les Fidèles. Vous savez, celles qui contiennent supposément…

Cette fois, je ne peux contenir mon émotion et de toute évidence, la rage visible sur mes traits coupe la parole de Louis plus sûrement que ne le ferait une gifle. D’une voix sifflante, je complète sa phrase.

-Celles qui contiennent supposément le sang du prince Benjamin