Le dernier des Templiers

Le garçon esquissa un sourire. La matrone tenait commerce de charcutailles et de gibiers sur lesquels festoyaient des compagnies de mouches.

« Gare, Pierre ! Ne te laisse point tirer la manche, lui recommanda l’homme à la cape sans se retourner. Ces marchandes sont plus gourmandes de tes deniers que les cochons de la confiture.

— Non, non, mon oncle, je ne vous lâche pas d’une coudée. »

Pierre rejeta en arrière son capuchon de bure. Ouf ! cela commençait à l’énerver de ne pouvoir tourner la tête à son aise. Un éclat de voix provenant d’une fenêtre juste au-dessus lui fit lever les yeux :

« Gare à l’eau ! Gare à l’eau ! Gare à l’eau ! »

L'oncle saisit Pierre par le bras et le tira à l’abri de l’encorbellement d’une maison. D’autres passants s’écartèrent précipitamment. Le buste d’une femme apparut brièvement à la fenêtre, puis le contenu d’un seau d’aisance tomba en pluie au milieu de la rue. Pierre se pinça le nez.

« Peuh ! Pour un peu nous étions baptisés de pisse !

— À Paris, c’est autant du haut que du bas que peut venir le danger, lui précisa son oncle. Continuons. Gordji doit déjà nous attendre. »

Après s’être frayé un passage difficile entre piétons et charrois, ils débouchèrent sur le bord de Seine.