Le Dernier Écrivain

Je n’ai qu’un mot pour qualifier ce livre : frustration ! il faut dire que je n’avais pas réalisé que j’avais une nouvelle plutôt qu’un roman entre les mains. D’où ce mot désagréable, F-R-U-S-T-R-A-T-I-O-N ! Car pour ce qui est de l’univers, l’histoire, la réflexion sous-jacente, la plume, les personnages… ils avaient absolument tout pour me plaire. Il est même certain qu’un roman plus développé aurait donné lieu à un coup de cœur ! C’est un immense regret pour moi que l’auteur n’ait pas poussé son récit plus loin car j’ai pris beaucoup de plaisir à lire ses mots, à savourer ce roman que j’avais la chance de tenir entre les mains. Une chance que je n’avais pas réalisée avant que l’auteur plante dans mon esprit la graine d’un futur dans lequel on pourrait nous dépouiller de ce droit. Inimaginable. Et pourtant ! Quel pouvoir nous offrent les livres, dont la capacité de penser par soi-même et de se révolter contre le pouvoir établi. Ce serait si simple de transformer les hommes en coquilles vides, incapables de prendre une décision par eux-mêmes. Si simple de les assujettir…

Cette dystopie est un peu à prendre comme un film d’horreur. Comprenez-moi, un monde dans lequel on n’aurait plus le droit de lire est indéniablement une vision de cauchemar, non ? En effet, en plongeant dans cet ouvrage, préparez-vous à entrer dans un monde où l’homme en est réduit à être un mouton parmi les moutons parce qu’on lui a enlevé son arme la plus efficace, la connaissance. Et sans connaissance, pas de réflexion et de remise en question. Et sans remise en question, on devient mouton et on laisse les loups prendre le pouvoir. Heureusement, il y a quelques brebis qui n’ont rien d’égarées. Des brebis qui se battent et résistent. Des brebis qui lisent, apprennent, réfléchissent. Qui espèrent…

Je dois dire que cette vision d’un futur si horrible dans lequel les paroles sont limitées et les mots restreints, m’a réellement fait frissonner. C’est sombre. Et ces humains déshumanisés, ces robots ayant banni toute émotion et vivant leur vie mécaniquement font froid dans le dos. Heureusement, même dans la vision obscure d’un monde qui dénie aux mots leur droit d’exister pleinement, il reste de l’espoir. Et cet espoir prend racine dans la résistance organisée autour d’un écrivain. Mais peut-il survivre aux traques inlassables des puissants ? Et cet espoir n’est-il pas vain ?

Chacun vit dans son monde, pourtant la mort du dernier écrivain et une rencontre improbable entre un homme et une femme pourrait bien rebattre les cartes.

Les livres sont interdits et le langage se réduit au strict minimum…

Gab est une femme qui subit sa vie, elle est écrasé par son boulot et la société.

Elle m’a touchée pas sa fragilité intérieure. J’ai ressenti la force qui l’habite, cet espoir fou qui nous permet de supporter beaucoup et de garder le cap de sa vie.

Paul est un homme froid qui présente bien mais au fond de lui tout n’est pas aussi beau. Il est surtout en mode représentation.

L’auteure a su créer un univers mais surtout une ambiance qui oscille entre angoisse et espoir. Certains passages m’ont fait frissonner car il pourrait correspondre à notre réalité si nous ne faisons pas attention au monde qui nous entoure.

L’écriture est fluide et agréable.

Les chapitres courts donnent de la dynamique à l’histoire.

Impossible de lâcher ce livre avant la fin, l’intrigue bien ficelée rend cette histoire addictive.

Je vous aurai prévenu : ce livre est dangereux !

Vous le lisez, vous prenez le risque d’être considéré comme un rebelle, dans une société consumériste où chaque mot, chaque phrase, chaque pensée n’est qu’opportunité de chiffre d’affaire et de confort matériel.

Mais si vous ne le lisiez pas, vous perdriez à jamais l’occasion de transmettre à l’humanité votre culture, votre libre pensée et votre goût pour la beauté du monde.

Elsa de Bono vous présente Le Dernier Écrivain, je vous conseille vivement d’en être lecteur. C’est une question de vie ou de mort !