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- Le Rhin est un fleuve, dit-il.
Enfin, c'était un fleuve, avant que tout soit détruit.
[...]
Mon doigt suit celui de Gabriel, le cours d'un fleuve qui n'existe plus. Mais selon moi, il doit encore exister quelque part. Il a sûrement été submergé, puis libéré par l'océan, par-delà la fleur allongée qui orne la grille menant à la liberté.
Afficher en entierFall has always been my favorite season. The time when everything bursts with its last beauty, as if nature had been saving up all year for the grand finale
Afficher en entierJe fini par comprendre que je m’agrippe à lui tout autant qu’il s’agrippe à moi. Nous voici tels qu’en nous-mêmes, deux petites choses mourantes, dans un monde finissant comme tombent les feuilles à l’automne.
Afficher en entier"J'aimerais qu'on ait un vrai piano, annonce Cecily. Même dans mon orphelinat minable, il y en avait un vrai."
Jenna, debout dans l'embrasure de la porte, la bouche pleine de pistaches, dont elle tient une poignée en réserve, lui répond.
" 'Vrai' est un gros mot, ici.
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« Mais quelques minutes plus tard, lorsque nous regagnons l’étage des épouses par l’ascenseur, un voile flotte au-dessus de nous, aussi sombre que les nuages d orage. Un chariot de plateaux repas nous sépare. De la bisque de homard pour les autres, et un petit poulet laqué pour moi, puisque je suis censée être allergique aux fruits de mer. Nous ne pipons mot. J’essaie de ne pas penser à Rose, mais je suis hantée par l’image de sa main inerte, dépassant du drap au moment où le chariot était passé. Une main qui, quelques jours auparavant, me tressait les cheveux. Je revois la tristesse dans les yeux de Linden ; que dirait-il s’il savait que son amour de jeunesse, la petite fille qui donnait des sucres aux chevaux de l’orangeraie, se fait disséquer dans cette même maison ? »
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)« J’ouvre la porte et découvre la chambre baignée par une douce lueur de chandelles. Jenna est assise dans son lit et passe la main dans ses cheveux emmêlés, cependant que Linden noue la ceinture de son bas de pyjama. La pâleur de son torse forme un contraste avec ses joues empourprées. Il enfile sa chemise en vitesse et ne prend pas la peine de la boutonner avant de filer vers la porte.
— Bonjour, mon cœur, dit-il sans vraiment me regarder en face.
Il n’y a aucun problème. Tout est parfaitement normal. Jenna est son épouse, il est notre mari. Je devrais m’être faite à l’idée. Il fallait bien qu’un jour, j aie un aperçu de ce qui se passe derrière les portes de mes sœurs. Mais je ne peux rien contre la rougeur cuisante qui me monte aux joues, et je vois bien que Linden est tout aussi mal à Taise.
— Bonjour, réponds-je, surprise de ne pas bafouiller.
— Il est tôt ; tu devrais essayer de retourner dormir, me conseille-t-il en posant un baiser furtif sur mes lèvres avant de filer dans le couloir. »
Afficher en entierSpoiler(cliquez pour révéler)- … Alors, viendras-tu avec moi, oui ou non ?
Il hausse un sourcil.
- Partiriez-vous sans moi ?
- Non. Je te traînerai par la peau du dos s'il le faut.
Je souris. Il finit par se détendre et me gratifie de l'un de ses rares sourires.
- Vous êtes cinglée, vous savez ?
- C'est ma seule planche de salut.
Afficher en entier- Eh vous ! la blondinette, me lance le chef de cuisine, une femme de la première génération, au chignon graisseux et grisonnant. Vous feriez mieux de remonter avant que votre mari vous trouve ici, vous croyez pas ?
- Pas la peine. Il n'y a aucun risque. Il ne fait jamais attention à moi.
- Il fait attention à vous, intervient Gabriel.
Je le regarde, interdite, mais il a déjà détourné ses yeux bleus.
Afficher en entier« J’ouvre la bouche pour, je ne sais pas, m’excuser de nouveau, peut-être. Mais il prend mon visage dans ses mains et appuie son front contre le mien. Il est si près que je sens la chaleur de son souffle court, et je ne souhaite qu’une chose, être aspirée en lui la prochaine fois qu’il inspirera.
Nos lèvres se frôlent, de façon pratiquement imperceptible. Puis le baiser se fait plus appuyé, et nos lèvres reculent, pour entre de nouveau en contact. Une vague de chaleur inonde mon corps brisé et vient occulter toute douleur. J’enroule mes bras autour de son cou et m’accroche à lui. Je m’accroche, craignant qu’on me l’enlève, car dans cette maison on ne sait jamais quand ce qui nous arrive de bien va nous être retiré. »
Afficher en entierJ'attends. Ils nous ont parquées dans le noir depuis si longtemps que nous ne sentons plus nos paupières. Nous dormons comme des rats, blotties les unes contre les autres, les yeux dans le vide, rêvons à nos corps ballottés.
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