Extraits

On ne contrôle pas les gens par la crainte. On les contrôle en leur faisant croire que c'est eux qui ont décidé d'obéir.

Est-ce que vous essayez de me faire du chantage?

«Ne pas essayer, non. Pas encore, du moins. »

Il sourit aimablement, car il avait le sentiment que cela l'irriterait encore plus.

"Mais donnez-moi du temps, et je pourrais trouver quelque chose que je veux de vous."

Elle laissa échapper un rire moqueur. "Dans tes rêves."

Il a fait un clin d'œil. «Chaque nuit, mon coeur.»

Il la dévisageait et, pour une fois, il était à court de mots. Difficile de le lui reprocher: elle ne l’avait pas prévenu du changement de costume qu’elle avait prévu. Elle avait commandé à Cela, la costumière du théâtre, le minuscule accoutrement qu’elle portait à présent. Après avoir passé plusieurs jours à observer la salle depuis les coulisses, elle en avait tiré une conclusion claire : l’émerveillement et la stupeur, c’était très bien, mais pour vraiment se mettre le public dans la poche, il fallait rajouter un peu de piquant.

Evelyn et ses sœurs — si c’étaient bien ses sœurs — n’avaient pas plus de talent qu’un trio de chattes de gouttière en chaleur, mais elles n’hésitaient pas à dévoiler un bout de cuisse ou à décocher une œillade suggestive chaque fois que nécessaire, et elles faisaient un triomphe tous les soirs.

Harte devenait de plus en plus rouge. Elle s’inclina une dernière fois et quitta la scène côté cour. Elle était à peine sortie du feu des projecteurs qu’il la rejoignit au pas de course. Il arracha le peignoir des mains de l’assistant qui s’approchait et en enveloppa rapidement Esta.

— Qu’est-ce que c’était que ça ? vociféra-t-il. Et qu’est-ce que tu portes ?

— Ça te plaît ?

Elle rouvrit le peignoir pour qu’il puisse l’admirer. Pour son époque à elle, c’était une tenue si pudique que c’en aurait presque été risible : un haut corseté avec les épaules dégagées et une culotte bouffante qui lui arrivait à mi-cuisses, cousus dans une soie bleu nuit parsemée de minuscules brillants qui scintillaient dans la faible lumière des coulisses comme un ciel étoilé. Malgré son aspect démodé, Esta adorait son costume. Non seulement il était magnifique, mais après des semaines engoncée dans de longues jupes et diverses couches de tissu, elle se sentait enfin plus légère, plus libre.

Harte ouvrit la bouche, mais il n’émit qu’un bruit étranglé et referma le peignoir.

Elle décida de prendre cela comme un compliment.

Stoppe le Magicien.

Sauve le Livre.

Sauve l'Avenir.

Spoiler(cliquez pour révéler)Et comme Leena était la personne la plus forte qu’il avait jamais connue, elle obéit. Elle essaya. Elle se força à se mouvoir puis à ramper vers lui, ses membres tremblant sous l’effort.

Peut-être qu’un jour, elle échangerait un baiser au-delà de la tromperie ou de la manipulation. Peut-être qu’un jour, elle poserait ses lèvres sur celles d’un autre simplement par envie ou par désir profond. Peut-être.

Mais pas aujourd’hui.

— Je ne suis pas là pour te sauver.

Elle se rassit et il se tourna vers elle, intrigué.

— Ah bon ?

— Bien sûr que non, répondit-elle en lui passant la main dans les cheveux. Ça ne me viendrait même pas à l’idée d’essayer.

— Non ?

Il ne dégagea pas sa main. Il semblait comme hypnotisé.

— Pourquoi voudrais-je faire de toi autre chose que ce que tu es ? Tu es «affûté comme une lame de rasoir», hein ? Très bien, ça me va.

Elle était sincère et elle espérait qu’il pouvait l’entendre.

— Regarde-moi : après tout, je suis au moins aussi affûtée que toi.

— Je sais, souffla-t-il, une note d’espoir dans la voix.

Il sortit une chemise propre de l’armoire et, l’espace d’une seconde, il eut l’espoir insensé que tout ce qui s’était passé la veille n’était qu’un mauvais rêve. Puis il entendit quelqu’un qui chantait très faux dans la salle de bains.

Il alla frapper à la porte.

— Esta ?

Le chant s’interrompit.

— Tu ne m’avais pas dit que tu avais une baignoire !

— Je ne t’ai pas non plus proposé de l’utiliser.

Cet endroit était son sanctuaire, la preuve ultime que cette vie était différente de l’ancienne. Il refusait d’imaginer les longues jambes dorées de la fille, ou quelque autre partie de son corps nu dans l’eau chaude. Son eau chaude à lui !

Il entendit un bruit d’éclaboussures et, un instant plus tard, la porte s’ouvrit. Esta se tenait devant lui, enveloppée dans une de ses grandes serviettes de toilette. Elle avait encore une fois les épaules nues, et quelques mèches de cheveux échappées du chignon au sommet de son crâne étaient collées à sa peau. Des gouttes dégoulinaient de sa nuque et de ses jambes, formant de petites flaques sur le carrelage.

Un court instant, il fut incapable de réfléchir.

— Tu as une baignoire, répéta-t-elle, comme s’il s’agissait d’un objet miraculeux.

Son visage était tout propre, rosi par la chaleur, et elle lui souriait comme s’il venait de lui sauver la vie.

— Tu n’es pas près de te débarrasser de moi !

– On a toujours le choix, fit remarquer Dolph. La question, c'est de savoir lequel tu seras capable d'assumer.

– Toi ou Kelly, hein ? La peste ou le choléra ?

– Ça reste un choix.

“Are you trying to blackmail me?” she asked.

“Not trying, no. Not yet, at least.” He smiled pleasantly, because he had the sense it would irritate her even more. “But give me time, and I might find something I want from you.”

She let out a derisive laugh. “In your dreams.”

He winked. “Every night, sweetheart.”