Le dieu désert

J'ai bien aimé, mais moins que le Dieu Fleuve. Les descriptions sont toujours aussi prolifiques, mais moins atténuées par l'attrait de l'histoire. Taita est aussi fascinant à lire qu'il devient abject en tant que personne et alors les autres personnages n'en parlons pas. Les princesses sont encore pires que leur mère. Imbus d'elle-même et égoïste au possible.

Ce roman s'inscrit dans la continuité de la saga égyptienne (Le Dieu Fleuve et le Fils du Nil). Nous retrouvons l'extraordinaire esclave Taita devenu conseiller des pharaons, qui nous narre, sans fausse modestie, ses aventures en Mésopotamie et en Crête, pour libérer l'Égypte de ses ennemis.

Cette épopée peut décevoir car elle n'a pas l'ampleur, ni la précision historique de celles des premiers tomes. La structure du récit est plus ordinaire : deux missions parsemées d'embûches et d'exploits. La relation de la première mission déroute le lecteur fidèle, car elle semble racontée avec distance.

Ceci dit, j'ai lu ce roman avec gourmandise. Wilbur Smith demeure un conteur hors pair qui mène tambour battant des histoires riches en rebondissements, en amours compliquées, en vilains cruels et en évocations organiques crûes.

C'est assez dur de poster un commentaire en "je n'ai pas apprécié" lorsque le livre est quasiment inconnu sur Booknode : j'ai l'impression de fermer des portes. Tout d'abord, le dieu désert est un bon pavé sur le monde antique : tous les passionnés de cette période devraient pouvoir s'y retrouver puisque l'auteur ne se cantonne pas qu'à l'Egypte. Puis, la plume de l'auteur est fluide et agréable à lire. Toutefois, les descriptions sont trop nombreuses, même les scènes de combats, d'action perdent de leur intensité car elles deviennent descriptives. L'action semble alors se dérouler au loin et l'immersion dans l'univers en est moindre. De plus, si les personnages sont assez bien travaillés (sauf les femmes qui sont très caricaturées selon moi), on en est encore éloigné par le côté "impersonnel" du récit. On a l'impresson que les faits se sont déroulés il y a bien longtemps et qu'on lit les chroniques du personnage principal. Egalement, le suspens a été mal géré à cause de l'utilisation maladroite du surnaturel : les capacités de Taïta arrivent à point nommé pour justifier sa "puissance" morale, physique ... et on n'en a quasiment plus mention après. Pourtant, la mythologie égyptienne est très riche et aurait mérité d'être plus exploitée dans ce roman. Enfin, le dénouement du livre n'est pas une surprise pour ma part et tout va encore très vite et bien malgré le côté insoluble de la situation. En conclusion, un roman répétitif et assez fade malgré la fluidité de la plume de l'auteur et la bonne exploitation des faits historiques.