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– Je t’aimerai jusqu’à mon dernier souffle, Julianne, que tu m’aimes ou non. C’est mon paradis. Et mon enfer.

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Quand elle regagna la chambre, elle l’aperçut par la porte ouverte de la terrasse. Au moment de le rejoindre, son attention fut attirée par un magnifique bouquet panaché d’iris violet foncés et d’autres plus clairs, dans un vase sur le bureau. La plupart des amants auraient acheté des roses rouges à longues tiges, mais pas Gabriel.

Elle ouvrit la carte nichée au milieu des fleurs.

" Ma chère Julianne,

Merci pour ce cadeau inestimable.

La seule chose de valeur dont je dispose, c’est mon cœur.

Il t’appartient, Gabriel "

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Il lui caressa les cheveux des deux mains, les soulevant et les écartant pour tous les mouiller.

– Tu as l’impression que je suis souillée.

– Loin de là.

Il lui prit la main et la pressa contre son tatouage sur la poitrine.

– Tu es ce qui ressemble le plus à un ange, reprit-il, soutenant son regard sans ciller. Mais je crois que nous devons nous débarrasser tous les deux de notre passé.

Il rassembla sa chevelure d’un côté et l’embrassa dans le cou. Reculant, il versa un peu de son shampoing à la vanille dans la paume de sa main. Il le lui fit pénétrer dans le cuir chevelu, lui massant lentement le crâne, avant de descendre jusqu’à la pointe de ses boucles. Il se montrait soigneux dans ses gestes. S’il fallait lui démontrer par un acte que son amour pour elle était bien plus profond qu’un engouement sexuel, c’était le moment ou jamais.

Quand Julia commença à se détendre, elle repensa à l’un des rares bons souvenirs qu’elle avait de sa mère. Elle était petite, et sa mère lui lavait les cheveux dans la baignoire. Elle se rappelait combien elles avaient ri toutes les deux. Elle se remémora son sourire.

Elle préférait que ce soit Gabriel qui lui lave les cheveux. Il s’agissait d’un acte très tendre et intime. Elle était nue devant lui, et il la débarrassait de sa honte.

Lui aussi était nu, mais il prit soin d’éviter de la bousculer ou de l’effleurer avec son érection légèrement embarrassante. Il n’était pas question de sexe. Il s’agissait de lui faire comprendre que quelqu’un l’aimait.

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– Il n’y a eu personne d’autre. Tu étais dans mes bras même quand j’étais seul. Mais si tu devais me dire que tu es tombée amoureuse d’un autre et que tu es heureuse, je te laisserais partir. Même si ça devait m’anéantir.

Il baissa la voix.

– Je t’aimerai jusqu’à mon dernier souffle, Julianne, que tu m’aimes ou non. C’est mon paradis. Et mon enfer.

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1

Le Pr Gabriel Emerson, assis, nu sur le lit, lisait La Nazione, le quotidien de

Florence. Il s’était réveillé de bonne heure dans la suite Palazzo Vecchio du

Gallery Hôtel Art et avait appelé le service d’étage. Mais il n’avait pu résister à l’envie de regagner sa chambre pour regarder la jeune femme dormir. Elle était tournée sur le côté, face à lui, le souffle léger, un diamant

étincelant sur le lobe de son oreille. Elle avait les joues un peu rouges, car la chaleur régnait dans la pièce et le lit

était baigné par les rayons du soleil qui dardaient au travers des baies vitrées.

Les draps

étaient délicieusement froissés, imprégnés d’une odeur de sexe et de bois de santal.

Le regard brillant, il contemplait paresseusement sa peau nue et sa longue chevelure noire. Quand il reporta son attention sur son journal, elle remua légèrement et poussa un gémissement.

Inquiet, il délaissa le quotidien.

Elle remonta les genoux contre sa poitrine et se roula en boule. Comme elle laissait

échapper quelques murmures, Gabriel se rapprocha pour tenter de décrypter ce qu’elle disait. En vain.

Brusquement elle se contorsionna et poussa un cri déchirant, battant des bras et tentant de se libérer du drap enroulé

autour d’elle.

– Julianne ?

Il posa délicatement la main sur son

épaule nue, mais elle eut un mouvement de recul.

Elle marmonna son nom sans cesse, d’un ton de plus en plus angoissé.

– Je suis là, Julia.

Il avait haussé la voix. Quand il tendit de nouveau la main vers elle, elle se redressa brusquement en haletant.

– Ça va ?

Il s’approcha, résistant à l’envie de la toucher.

Elle avait le souffle court et, sous son regard attentif, porta une main tremblante à ses yeux.

– Julia ?

Après une longue minute difficile, elle se tourna vers lui, les yeux écarquillés.

Il fronça les sourcils.

– Que s’est-il passé ?

Elle déglutit bruyamment.

– Un cauchemar.

– À quel propos ?

– J’étais dans les bois derrière la maison de tes parents, à Selinsgrove.

Il prit un air interrogateur derrière ses lunettes à monture noire.

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L’enseignant se dressa de toute sa hauteur.

– Je veux t’épouser. Ça implique que je fasse amende honorable auprès de ton père. J’aimerais pouvoir me trouver dans la même pièce que lui sans qu’il tente de me tirer dessus. Ou de me castrer.

– Ce n’est pas le bon moment pour lui demander ma main, chuchota-t-elle. Avec un peu de chance, il renoncera à la castration pour pouvoir t’amputer des deux jambes… avec son couteau suisse.

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L’amour, c’est faire plaisir aux autres sans rien attendre en retour.

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La grâce, ce n’est pas quelque chose qu’on mérite ou non, Gabriel, lui fit doucement remarquer

Julia. Elle est issue de l’amour. Et Dieu accorde à tout le monde des secondes chances, des tendres pousses et sa miséricorde, même si certains n’en veulent pas.

Il l’embrassa sur le dos de la main.

– Précisément. Dans la crypte de la basilique, quelque chose s’est produit. J’ai compris que tu ne pouvais pas me sauver. Et j’ai trouvé… la paix.

– On cherche parfois la grâce, et c’est elle qui finit par nous trouver.

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À deux heures du matin, Julia sursauta. Elle était dans le lit de Gabriel, dans sa chambre plongée dans l’obscurité. Et seule.

Après le départ de Paul, Gabriel l’avait rejointe. S’il l’avait vue discuter avec Paul, il n’en avait rien montré, même s’il était resté assez silencieux pendant leur dîner festif. Alors qu’elle s’apprêtait à aller se coucher, il l’avait embrassée sur le front en lui promettant de la rejoindre très vite. Quelques heures plus tard, il n’était toujours pas couché.

Elle longea le couloir sur la pointe des pieds. Il faisait noir dans toutes les pièces de l’appartement.

Seule la lumière qui filtrait sous la porte du bureau de Gabriel était visible. Elle s’immobilisa, tendant l’oreille. Quand elle entendit le cliquetis d’un clavier d’ordinateur, elle tourna la poignée et pénétra dans la pièce.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Gabriel fut surpris. Il se tourna vers elle, les yeux plissés et l’air gêné derrière ses lunettes.

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– Je t’aime. Follement.

Quelque chose dans le ton de sa voix fit battre son cœur plus vite.

– Moi aussi, je t’aime. Je t’aime beaucoup trop, j’en suis sûr. Mais je ne sais pas comment t’aimer autrement.

Il avait chuchoté ces dernières paroles, mais elles s’évanouirent dans l’air.

– Moi non plus, je ne sais pas comment t’aimer autrement, lui répondit-elle sur le même ton.

– Alors, que Dieu ait pitié de nous.

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