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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:17:48+02:00

Mme de Rüden en ouvrit un, le plus grand. Élisabeth eut une exclamation admirative. Sur un fond de velours blanc reposait un collier fait de grosses perles et d’émeraudes. Les yeux d’Élisabeth se portèrent vers un grand cadre décoré, suspendu en face de la fenêtre. Là, un peintre habile avait représenté la princesse hindoue dans le costume de son pays, avec, sur sa poitrine voilée de mousseline, ce collier merveilleux. À ses bras, autour de ses chevilles, des anneaux ornés de pierreries, à ses doigts des bagues complétaient cette parure orientale, et tout cela se retrouvait dans les écrins successivement ouverts par Mme de Rüden.

Élisabeth, demeurée debout près de la table, contemplait pensivement les bijoux. La voix brève de sa grand-mère la fit tressaillir.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:17:39+02:00

De ses huit enfants, un seul survécut, qui fut le père d’Aurore. Celle-ci, fille unique, avait hérité des précieuses gemmes en même temps que de la fortune des Bruans, fort diminuée par une mauvaise gestion. Le comte de Rüden se chargea de la réduire encore après avoir dilapidé la sienne, si bien que lorsqu’il mourut sa veuve n’avait plus qu’un revenu amoindri, fort suffisant toutefois pour l’existence qu’elle menait à Montparoux, servie par deux domestiques fidèles.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:17:24+02:00

Sur Élisabeth qui s’avançait, elle attacha le regard scrutateur de ses yeux dont le voisinage du teint blafard semblait accentuer la nuance très sombre. Quand la fillette fut très près d’elle et eut fait la petite révérence accoutumée, elle dit brièvement :

– Prends cet escabeau, assieds-toi là et fais bien attention à ce que je vais te dire.

Élisabeth gravit le degré de pierre, avança le siège désigné pour s’asseoir en face de sa grand-mère. Elle ne l’avait pas vue depuis l’hiver précédent. Aussi fut-elle frappée de son changement physique. Dans la robe de chambre de lainage noir, le corps semblait épaissi, enflé. La teinte blême, la boursouflure du visage, dénotaient les progrès de l’affection cardiaque dont Mme de Rüden souffrait depuis plusieurs années. Mais le regard demeurait ferme et sans douceur, la voix conservait ces intonations sèches qui s’associaient à l’air de hauteur habituel chez cette femme altière.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:17:16+02:00

Rodolphe ayant passé outre, elle tint parole. Quittant le château neuf, qu’elle abandonnait à l’intruse, elle s’installa dans la partie du vieux château encore habitable, avec ses deux domestiques, Damien et Aglaé. Une clause du testament de son mari lui laissait la jouissance d’un appartement à Montparoux, que sa dot avait contribué à entretenir et à rendre plus conforme aux exigences de l’époque. De cet appartement, jamais Judith ne franchit le seuil. Mme de Rüden n’en sortait pas pendant les séjours de sa belle-fille au château. Rodolphe lui faisait une ou deux visites cérémonieuses, lui écrivait dans le même ton à certaines époques de l’année. Il n’y avait jamais eu de rapports affectueux entre eux. La comtesse Aurore, âme froide, concentrée, murée dans son orgueilleux mépris d’autrui, ignorait la tendresse maternelle. Elle avait aimé son mari avec une passion dominatrice, jalouse, exigeante, qui était un joug très lourd pour cet homme aimable, bon et léger. Rodolphe ne l’avait jamais intéressée, non plus que sa fille Calixte, née contrefaite, et qui vivait claustrée au second étage de la vieille tour.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:17:10+02:00

Les Rüden étaient d’origine autrichienne.

Peu après le mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, avec Maximilien d’Autriche, un écuyer de ce prince, Maximilien de Rüden, avait épousé la fille unique de Thierry Farel, seigneur de Montparoux. Un de ses fils cadets, Henri, reçut en héritage ce domaine et fit souche d’une branche qui devait se perpétuer dans le comté. Ses autres fils fondèrent des familles en Autriche. De ceux-là, il ne subsistait plus aujourd’hui que le comte Willibad Rüden-Gortz. Son père avait été tué au front d’Orient en 1918 ; sa mère, à demi ruinée, était revenue en France, son pays, et, avec les débris de sa fortune, avait entrepris d’exploiter les terres du domaine appauvri que lui léguait son père. Le baron de Groussel, son second mari, l’y avait peu aidée. Aimable, égoïste, fort séduisant, il s’entendait surtout à dépenser sa propre fortune, peu considérable, si bien qu’à sa mort, survenue deux ans auparavant, Mme de Groussel n’avait hérité que des dettes à payer. Mais maintenant Willibad, sorti de l’Institut agronomique, avait pris en main la direction du domaine qui constituait à peu près leur seule source de revenus.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:16:58+02:00

Là-dessus elle tourna les talons et quitta la pièce. Longeant la marche qui s’étendait devant la façade, elle atteignit l’extrémité de ce corps de logis qu’on appelait le château neuf, à l’endroit où il se soudait à la vieille tour carrée. À la base de celle-ci, Élisabeth ouvrit une porte cloutée de fer et entra dans une pièce qui servait d’armurerie. Des armes anciennes voisinaient avec des fusils de chasse modernes. On y voyait aussi trois armures, dont l’une, sombre comme la nuit, avait été celle du comte Hugo de Rüden, surnommé le Comte Noir. Dans l’épaisseur du mur, un escalier menait aux étages. Le premier avait été divisé en trois pièces, dont l’une était la chambre d’Élisabeth, une autre – où entra la fillette après un coup bref frappé à la porte – celle d’Adélaïde Prades, l’ancienne institutrice de Daphné, première femme du comte Rodolphe de Rüden et mère d’Élisabeth.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:16:50+02:00

Ainsi, en face l’un de l’autre, ils semblaient deux duellistes échangeant, au lieu de balles, des propos sans aménité. Tous deux avaient cet ovale un peu étroit qui se transmettait fréquemment dans la famille de Rüden. Là s’arrêtait la ressemblance. Les yeux foncés de Willibad, dont on ne savait jamais s’ils étaient noirs ou bleus, avaient en général une expression songeuse, comme lointaine. Mais ils pouvaient devenir singulièrement froids et chargés d’ironie, comme ils l’étaient en ce moment, et accentuaient alors la netteté un peu dure des traits de ce jeune visage.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:16:42+02:00

Les battants de la grille ne fermaient plus, étant à demi détachés de leurs gonds. Au-delà apparaissait le parterre à la française, bien entretenu, qui s’étendait devant le corps de logis bâti au XVIIe siècle, formant équerre sur les bâtiments du vieux château, comme on appelait ces vénérables témoins du passé des comtes de Rüden. Cinq grandes portes vitrées ouvraient là sur une large marche de pierre longeant toute la façade. Ce fut vers l’une d’elles que se dirigea Élisabeth. Elle avait un pas souple, glissant, d’une grâce singulière dans ce corps un peu dégingandé de grande fillette. Un sourire moqueur détendait ses lèvres finement ourlées. Elle entra dans la pièce, qui était un grand salon à boiseries grises sculptées. Son regard en fit le tour, s’arrêta sur une chaise longue aux coussins froissés, puis, plus longuement, sur une table bouillotte où se voyaient des livres, des revues, une broderie sur satin commencée, une petite coupe de jade qui contenait des cendres de cigarettes.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:16:32+02:00

Un reflet de cette lumière prête à mourir arrivait encore aux vieux murs du château, crevassés, roussis par les intempéries séculaires. Il éclairait le mince visage d’un ovale un peu long, d’une mate et fine blancheur, les yeux mordorés, couleur de châtaigne, de feuille d’automne touchée par le soleil, changeants comme la nature elle-même aux différentes heures du jour. Élisabeth demeurait là, debout, les mains croisées sur la vieille ceinture de cuir qui serrait à la taille sa robe de toile bleu passé à petites raies blanches. Son regard errait sur les pins illuminés, sur le village paisible au bord de la rivière. Mais elle pensait à autre chose, car un pli se formait sur la belle ligne du front dégagé de la chevelure indisciplinée, une contraction rapprochait les sourcils nettement dessinés, qui étaient doux et soyeux, d’un brun plus clair que les cheveux.

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Extrait ajouté par ilovelire 2017-06-09T21:16:23+02:00

Élisabeth se pencha un peu plus pour mieux voir le cavalier qui passait sur la route, le long de la roche abrupte, dure assise du château de Montparoux.

Sans souci du danger, ni du vertige, elle était assise sur l’appui à demi ruiné d’une baie en arc d’ogive ouverte directement sur l’à-pic de la falaise. Les jambes fines et brunes pendant au-dehors, les pieds minces chaussés de sandales battaient la roche couleur de rouille. Qui l’eût vue dans cette périlleuse attitude aurait frissonné d’effroi. Mais le cavalier ne regardait pas au-dessus de lui. Bientôt il disparut au tournant de la route. Alors, Élisabeth se redressa, fit un rétablissement et se trouva debout dans la baie qui encadrait sa maigre silhouette d’adolescente, sa tête aux boucles brunes un peu en désordre.

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