Extraits

A croire les journaux, les mères de la frontière gardaient leurs dernières balles pour leurs enfants, afin que les sauvages ne les emportent pas; mais qui entendait jamais parler d'une mère passant vraiment à l'acte? Dans la réalité c'était le contraire. Nous savions tous que j'avais l'âge idéal: les Indiens me voudraient vivant. Quant à mon frère et ma sœur, ils étaient peut être un peu trop vieux, mais elle était jolie et lui faisait plus jeune. Ma mère, elle avait presque 40 ans. Elle savait parfaitement ce qui l'attendait.

La différence entre un homme courageux et un lâche est très simple. C'est une question d'amour. Un lâche s'aime...un lâche ne se préoccupe que de son propre corps et il l'aime plus que tout. Un homme courageux aime les autres d'abord et lui-même en dernier.

Syphilis Poe, comme l'appelait mon père, était descendu des Appalaches, se figurant le Texas comme le paradis des paresseux, une terre où le bois se coupait tout seul, où la nourriture vous tombait toute cuite dans le bec et où les pipes ne désemplissaient pas d'herbe-aux-fous. Les types comme lui étaient légion sur la frontière.

Je me souviens du temps où un Colt à cinq coups était une arme de destruction massive. Et puis vingt ans après peut-être, il y a eu le fusil Henry : chargez-le dimanche, vous tirerez toute la semaine. Dix-huit coup, je crois.

- On arrête pas le progrès.

Aux oreilles de Blancs, les noms indiens manquaient singulièrement de dignité et de logique, et augmentaient d'autant la difficulté à comprendre pourquoi il aurait fallu les traiter comme des êtres humains plutôt que comme des "nègres de la Prairie". Cela tenait à ce que les Comanches considéraient comme tabou d'utiliser le nom d'un mort. Contrairement aux Blancs, chez qui des millions de personnes se partagent une poignée d'appellations toutes interchangeables au final, un nom Comanche vivait et mourait avec la personne qui le portait.

Pas de psychose traumatique et de regard vide chez les Comanches - tout ce qu'ils faisaient visaient à protéger leurs amis, leur famille, leur bande. La "fatigue de combat" était une maladie de Blancs, eux qui combattaient dans des armées lointaines pour des hommes qu'ils ne connaissaient pas.

Les Américains...Il laissa son esprit vagabonder. Ils croyaient que personne n'avait le droit de leur prendre ce qu'eux-mêmes avaient volé. Mais c'est pareil pour tout le monde : chacun s'estimait le propriétaire légitime de ce qu'il avait pris à d'autres. Il ne valait pas mieux. Les Mexicains avaient volé la terre des Indiens, mais ça, il n'y pensait jamais : il ne pensait qu'aux Texans qui avaient volé la terre des Mexicains. Et les Indiens qui s'étaient fait voler leur terre par les Mexicains l'avaient eux-mêmes volée à d'autres Indiens.

Aucune terre n'a été acquise honnêtement depuis que le monde est monde.

Ils ont organisé un mariage, l'été dernier. Mais tous les enfants de Tuxedo Park ont tourné les panneaux et du coup les invités ne trouvaient plus la maison. Ca a complètement gâché la cérémonie.

Au lieu de quoi elle chargea plusieurs revolvers, les mit dans un panier, et fit le tour de la maison en les répartissant comme elle aurait disposé des bouquets : un dans le grand vase près de la porte d'entrée, un sur une étagère dans la cuisine, un troisième à côté de son lit et le quatrième près de son canapé préféré dans la grande salle.