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Le Fils caché de Santino Ferrara



Description ajoutée par njfok 2013-03-27T13:42:12+01:00

Résumé

Lorsqu'elle voit entrer Santino Ferrara dans le restaurant qu'elle dirige sur une plage de Sicile, Fia se fige, tétanisée par la surprise et la colère. Jamais elle n'aurait pensé que cet homme, l'ennemi juré de sa famille, oserait venir la trouver ici, chez elle. Mais en croisant le regard brûlant et sombre du bel Italien, Fia oublie soudain sa fureur : ce qu'elle ressent à présent, c'est de la peur. La peur que Santino ne découvre que, de leur unique nuit de passion - un moment de folie qu'ils pensaient sans lendemain et durant lequel ils ont oublié tout ce qui les séparait-, est né un fils. Et qu'il ne compresse qu'elle lui a caché son existence pendant toutes ces années...

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Classement en biblio - 37 lecteurs

extrait

Extrait ajouté par Underworld 2020-10-06T16:07:07+02:00

** Extrait offert par Sarah Morgan **

1.

Un silence réprobateur s’installa dans la salle de réunion. Ravi de cette réaction, Santo Ferrara se carra dans son fauteuil.

— Vous êtes certainement tous d’accord pour reconnaître qu’il s’agit d’un projet très excitant, conclut-il, et je vous remercie de…

— Tu n’es pas sérieux ! C’est irréalisable ! interrompit Cristiano, son frère aîné.

Celui-ci avait récemment abandonné un certain nombre de responsabilités dans le groupe, pour se consacrer davantage à son épouse et à ses deux fillettes.

— Si tu n’as pas réussi, c’est parce que l’acuité intellectuelle d’un homme diminue quand il est trop accaparé par sa famille, répondit Santo sur un ton plein de compassion. C’est un peu comme la chute d’un grand guerrier. Mais ne te fais aucun reproche : vivre avec trois femmes épuiserait n’importe qui…

Les membres du conseil d’administration échangèrent des regards gênés, mais gardèrent le silence.

— Je suis toujours président de cette entreprise, que je sache ! rétorqua Cristiano en fusillant son frère du regard.

— Sans doute, mais à force de préparer les biberons, tu donnes l’impression de t’être mis en retrait, et tu ferais mieux de passer la main.

Cristiano répondit à cette agression par un petit rire.

— Je ne nie pas que ton projet soit séduisant. L’idée d’élargir notre gamme d’équipements sportifs, afin de toucher une clientèle plus jeune, me semble intéressante. D’autre part, en développant notre implantation sur la côte ouest de la Sicile, nous devrions attirer des touristes plus exigeants.

Il s’arrêta un instant pour dévisager Santo, puis reprit :

— Mais tout le succès de cette opération repose sur ta capacité à récupérer les terrains du vieux Baracchi qui préférerait sûrement mourir que te les vendre !

Cette plaisanterie facile détendit un peu l’atmosphère, mais les hommes assis autour de la table gardèrent les yeux baissés. Ici, comme dans toute la Sicile, chacun connaissait la rivalité qui opposait les deux familles.

— Ça, c’est mon problème, déclara Santo d’un ton froid.

Avec un claquement de langue impatient, Cristiano s’approcha de la vaste baie qui surplombait la Méditerranée.

— Depuis que tu suis au jour le jour les affaires de la compagnie, tu as fait tes preuves et accompli des prouesses auxquelles je n’aurais même pas songé, reconnut-il. Mais cette fois-ci, je ne vois pas comment tu pourrais réussir. Tu risques d’envenimer un conflit qui couve depuis trois générations. Tu ferais mieux de laisser tomber.

— Je ferai du Ferrara Beach Club notre hôtel le plus prestigieux.

— Tu es prêt à parier sur ta réussite ? répondit Cristiano en souriant.

Son frère ne lui rendit pas son sourire et s’abstint de relever le défi.

— Il est temps de remiser les vieilles querelles, déclara-t-il.

— Tout dépend de ce qui en fait l’objet.

Santo sentit bouillonner en lui une colère à laquelle se mêlait une émotion plus obscure, comme chaque fois qu’on mentionnait le nom de Baracchi. Une réaction viscérale qu’amplifiait la haine persistante entre les deux familles.

— Je ne suis pas responsable de ce qui est arrivé au petit-fils de Baracchi. Tu connais la vérité.

— La vérité et la raison n’ont rien à voir dans cette affaire où chacun se laisse guider par la passion et par des préjugés profondément enracinés. J’ai déjà tenté de l’approcher et je lui ai fait plusieurs offres très généreuses. Mais il aimerait mieux voir sa famille crever de faim que vendre ses terres à un Ferrara. Il n’y a plus rien à négocier.

— Au contraire ! C’est le moment de remettre l’affaire sur le tapis, déclara Santo en se levant.

Un des membres du conseil s’éclaircit la gorge.

— En tant qu’avocat, il est de mon devoir de vous avertir que…

— Inutile d’essayer de me dissuader, coupa Santo avec un geste sec de la main sans quitter son frère des yeux. Ainsi, même si tu juges ce projet de développement viable, tu redoutes le conflit avec la famille Baracchi. Mais moi, je ne suis pas un lâche.

— Je le sais bien et c’est justement ce qui m’effraie, déclara Cristiano d’une voix rauque. Tu es courageux et raisonnable, ce qui n’est pas le cas de Baracchi. Mais tu es mon frère et le vieux Guiseppe te hait. Comment peux-tu imaginer qu’il va t’écouter ?

— Financièrement, il se trouve dans une mauvaise passe, et il a peur.

— Pas au point d’accepter l’argent d’un Ferrara. D’ailleurs, il pourrait se révéler dangereux. Nous avons conservé cet hôtel parce que c’est le premier que notre père ait construit et que notre mère refusait de le vendre, mais je lui en ai reparlé et…

— Il ne sera pas vendu. Je n’irai pas par quatre chemins. J’ai besoin de l’ensemble de ces terres, de toute la baie, répliqua Santo sans un regard pour l’avocat qui s’agitait à côté de lui. Et pas seulement pour y implanter un complexe aquatique. Il me faut aussi La Paillote. Ce restaurant attire plus de clients que celui de notre hôtel. Je ne cherche pas à jeter de l’huile sur le feu, mais à protéger nos intérêts. Quand nos clients s’en vont dîner en contemplant le coucher du soleil à La Paillote, nous perdons de l’argent.

— Ce qui nous mène tout droit au second problème que soulève ton ambitieux projet : ce restaurant est tenu par la petite-fille de Baracchi qui te hait davantage encore que son grand-père. Comment crois-tu que Fia accueillera ta proposition de rachat ?

Il n’avait même pas besoin de réfléchir, il le savait déjà. La jeune femme mettrait toutes ses forces dans ce combat et les tensions récentes raviveraient les vieilles querelles. Non seulement la question des terres, mais aussi leur histoire personnelle. Car Santo ne s’était pas montré tout à fait honnête vis-à-vis de son frère. Dans une famille où il n’y avait aucun secret, il en gardait un, enfoui au plus profond de lui-même…

Soudain, il sentit déferler sur lui un flot d’émotions et tenta de fixer son regard sur la baie, de l’autre côté de la vitre. Mais il eut l’impression d’apercevoir sur la plage, la silhouette de Fiammetta Baracchi, avec ses longues jambes et son tempérament de feu.

— Elle te hait, reprit Cristiano qui ne l’avait pas quitté des yeux.

Mais était-ce bien de la haine ?

Car ils ne s’étaient rien dit. Ils n’avaient pas échangé un mot, même lorsqu’ils s’étaient jetés l’un sur l’autre en gémissant de désir, dans une étreinte sauvage et sans lendemain. Son instinct l’avertissait que ce secret, Fia l’avait gardé, tout comme lui, et qu’elle s’était juré de ne jamais le mettre au jour. Le passé n’avait aucune place dans cette négociation.

— Depuis qu’elle le dirige, elle a réussi à faire d’un cabanon délabré, posé sur la plage, le restaurant le plus couru de toute la Sicile. On dit qu’elle est un chef de premier ordre.

— Santo, tu es en train de te fourrer dans un terrible guêpier, déclara Cristiano. Tu n’as pas fini de le regretter.

Carlo, leur avocat, se prit la tête entre les mains.

Santo les ignora l’un et l’autre, tout comme il tentait d’ignorer les souvenirs brûlants qu’il avait réveillés et qui refusaient désormais de s’assoupir.

— Cette querelle n’a que trop duré. Il est temps d’en sortir !

— Impossible, répliqua Cristiano d’une voix dure. Le petit-fils de Giuseppe Baracchi, son unique héritier mâle, est mort dans un accident de la route, Santo. C’était ta voiture qu’il conduisait, et tu t’attends à ce qu’il te serre la main et te vende ses terres ?

— Giuseppe Baracchi est un homme d’affaires, et celle que je lui propose ne peut manquer de l’intéresser.

— J’espère que tu auras le temps de le lui dire avant qu’il ouvre le feu sur toi.

— Il ne ferait jamais ça.

— Sans doute n’en aura-t-il pas besoin, acquiesça Cristiano avec un demi-sourire. Connaissant Fia, je pense que c’est elle qui s’en chargera.

Santo reconnut in petto que cette éventualité n’était pas à exclure.

* * *

— Il n’y a plus de perches, déclara Fia, les joues rougies par la chaleur des braises, en retirant le poisson du grill pour le déposer sur une assiette. Gina ?

— Gina est dehors avec le propriétaire de la Lamborghini qui vient de se garer sur notre parking. Comme tu le sais, elle a un faible pour ce genre d’individu. Je vais me charger du service, dit Ben en prenant les assiettes. Comment va ton grand-père, ce soir ?

— Il est fatigué. L’ombre de lui-même. Il n’a même plus l’énergie de s’en prendre aux autres, répondit Fia qui se promit de prendre des nouvelles dès qu’elle aurait une minute de répit. Peux-tu dire à Gina de laisser ce client tranquille et de se remettre au travail ?

— Je préférerais que tu t’en charges, répondit le jeune homme au moment même où la serveuse pénétrait en coup de vent dans la cuisine.

— Dis donc, attention à ce que tu dis. Sinon, je te renvoie à ta barque de pêche, on manque justement de poisson…

— Jamais vous ne devinerez qui vient d’arriver !

Tout en démarrant la commande suivante, Fia jeta un coup d’œil à Ben.

— Si tu veux bien servir, c’est en train de refroidir.

En voyant Gina tout tremblant d’excitation, elle s’était dit qu’il valait mieux la laisser vider son sac. Après avoir assaisonné les coquilles Saint-Jacques, elle les fit glisser dans la poêle. Elles étaient si fraîches qu’elles n’avaient besoin que d’un peu d’huile d’olive d’excellente qualité.

— Avec toutes les célébrités que nous recevons ici, il doit vraiment s’agir de quelqu’un d’extraordinaire.

Pour elle, un client restait un client. Ils étaient là pour bien manger et elle s’employait à les satisfaire du mieux qu’elle pouvait. Elle remua les coquillages avant d’ajouter dans la poêle des herbes fraîches et quelques câpres. Par-dessus son épaule, Gina jeta un coup d’œil en direction de la salle.

— C’est la première fois que je le vois en chair et en os. Il est canon !

— J’espère pour lui qu’il a réservé, sinon, il va falloir que tu le renvoies, déclara Fia sans cesser d’agiter la poêle. Ce soir, c’est plein à craquer.

— Tu ne peux pas le renvoyer, Fia. C’est Santo Ferrara. En personne.

Le souffle coupé, Fia sentit soudain son corps faiblir et ses jambes vaciller, comme si on venait de lui injecter un poison mortel. La poêle lui glissa des mains et s’immobilisa sur le fourneau, sans égard pour les précieuses noix.

— Jamais il n’oserait mettre les pieds ici, murmura-t-elle comme pour se rassurer.

Mais, depuis quand connaissait-elle les motivations secrètes de Santo Ferrara ?

— Après tout, pourquoi ne viendrait-il pas ici ? Sa compagnie possède l’hôtel voisin et ta cuisine a bonne réputation.

Si Gina avait été de la région, elle n’aurait pas manqué de connaître la rivalité qui opposait les deux familles. Quant à Fia, elle savait très bien que le Ferrara Beach Club, qui donnait sur la baie, était le plus petit et le plus modeste des hôtels du groupe. Santo n’avait donc aucun motif de lui accorder une attention particulière.

Totalement déconcentrée, elle heurta du coude le bord de la poêle et la brûlure qu’elle ressentit la ramena à la réalité. Furieuse d’avoir oublié les coquilles, elle les disposa avec un soin minutieux sur une assiette qu’elle tendit à Gina.

— C’est pour le couple qui occupe la table face à la mer. Cela fait six mois qu’ils ont réservé pour leur anniversaire de mariage. Pour eux, c’est une soirée importante et je m’en voudrais qu’ils soient déçus.

— Mais tu ne vas pas… ?

— Ce n’est qu’une brûlure superficielle. Je vais juste passer mon bras sous l’eau.

— Je ne pensais pas à ton coude ! Santo Ferrara se trouve dans la salle et ça ne te fait ni chaud ni froid. Tu traites chacun de tes clients comme un roi et quand une vraie personnalité se manifeste, tu l’ignores ! Tu sais pourtant bien qui il est. La chaîne d’hôtels Ferrara ! Uniquement des cinq étoiles !

— Je suis au courant, oui. Mais il n’est pas venu ici pour manger.

Jamais un Ferrara ne se serait assis à la table d’un Baracchi, de crainte d’être empoisonné. Cependant, Fia n’avait pas la moindre idée du motif de sa présence, ce qui la frustrait au plus haut point. Comment pouvait-il oser se présenter dans son restaurant à l’heure de pointe ? Il avait dû se produire un événement de première importance. Soudain, elle sentit une vague de terreur la submerger. Non, ce n’était pas possible… Il ne pouvait pas être au courant !

Gina lui jeta un regard surpris avant de se précipiter hors de la cuisine. Quant à Fia, elle ouvrit le robinet et passa son coude sous l’eau froide en tentant de se convaincre qu’il s’agissait d’une visite de courtoisie. Une nouvelle tentative de la famille Ferrara pour déterrer la hache de guerre. Il y en avait eu d’autres, mais son grand-père avait toujours refuser de serrer la main qu’on lui tendait. Depuis la mort de son frère il n’y avait plus eu de tentative de conciliation ni le moindre contact entre les deux familles.

Jusqu’à ce jour…

Comme un automate, elle prit une tête d’ail sur une étagère. Elle le faisait pousser dans son propre jardin, tout comme ses légumes et ses herbes aromatiques, et elle aimait presque autant jardiner que cuisiner. Cela lui donnait l’impression d’avoir une vie de famille et lui procurait une détente bienvenue. Prenant son couteau favori, elle se mit à émincer une gousse tout en se demandant comment elle réagirait si les circonstances étaient différentes. Si elle n’avait pas si peur. Si l’enjeu n’était pas aussi important… Ce problème, elle l’aurait traité avec sang-froid. En femme d’affaires.

— Buona sera, Fia.

Elle se retourna brusquement en entendant ces mots, prononcés d’une voix virile et profonde, depuis le seuil de la porte. Dans sa main, le couteau était devenu une arme. Le plus bizarre, c’est qu’elle ne reconnaissait pas sa voix. En revanche, les yeux qui la fixaient en ce moment — deux lacs dangereusement sombres, étincelant d’intelligence et d’une impitoyable détermination — lui étaient familiers. C’étaient les yeux d’un homme qui évoluait dans un environnement professionnel où tous les coups étaient permis, qui savait ce qu’il voulait et était prêt à tout pour l’obtenir. Les yeux qui étaient restés rivés aux siens, trois ans plus tôt, tandis qu’ils se déshabillaient mutuellement avec un appétit sauvage.

En trois ans, ses épaules s’étaient élargies et ses muscles paraissaient plus puissants encore que dans son souvenir, mais dans le fond, il n’avait pas changé. Toujours la même confiance en soi commune à tous les Ferrara, qui semblaient nés pour régner sur le monde. Et cette allure, aussi racée que le capot de sa Lamborghini ! Un mètre quatre-vingt-cinq de virilité dure et sensuelle, même si Fia ne ressentait désormais plus la même attirance que toute femme normale qui croisait Santo Ferrara. Car celui-ci ne lui inspirait plus que de la colère et un désir presque incontrôlable de gifler son beau visage et de lacérer de ses ongles son torse puissant. Il suffisait qu’elle s’approche de lui pour être submergée d’émotions contradictoires. Elle se sentait alors si vulnérable que cela déchaînait ses pires instincts. Elle qui se montrait d’ordinaire si chaleureuse et si courtoise envers ceux qui pénétraient dans sa cuisine, elle dont les magazines louaient le sens de l’hospitalité, ne parvenait même pas à saluer cet homme sans frémir de rage. Parce qu’elle n’avait littéralement pas envie qu’il passe une bonne soirée. Qu’il aille au diable et surtout, qu’il y reste !

Santo Ferrara, la pire erreur qu’elle ait jamais commise… Et qui, à en juger par l’éclat froid et cynique de son regard, nourrissait les mêmes pensées à son égard.

— Quelle surprise ! Ce n’est pas tous les jours qu’un Ferrara descend de sa tour d’ivoire pour se mêler au commun des mortels.

Malgré sa froideur affichée de femme d’affaires, elle sentait monter en elle une terrible anxiété et mille questions se bousculaient dans sa tête.

Etait-il au courant ? Avait-il tout découvert ?

Il esquissa un sourire qui suffit à la distraire, car la courbe sensuelle de ses lèvres était d’une beauté diabolique. Chez cet homme, tout était empreint de virilité, comme s’il avait été conçu dans l’intention de mener les femmes à leur perte. D’ailleurs, à en croire la rumeur, il s’y employait avec succès, mais Fia n’était pas prête à se fier à son attitude détendue et à la douceur trompeuse de sa voix.

Sans avoir échangé le moindre mot avec elle, il l’avait attirée dans son piège. Maintenant encore, des années plus tard, elle ne comprenait toujours pas ce qui s’était passé cette nuit-là. Alors qu’elle se retrouvait seule et misérable, une main s’était posée sur son épaule, et tout ce qui était arrivé ensuite lui semblait confus, comme s’il s’agissait d’un rêve. Etait-ce un simple geste de réconfort ? Pourtant, le réconfort implique une douceur qu’elle n’avait à aucun moment ressentie, cette nuit-là.

Il la toisa d’un regard impénétrable.

— Comme on m’a dit du bien de ton restaurant, je suis venu en juger par moi-même.

S’il était au courant, se rassura-t-elle, il ne plaisanterait pas de cette façon avec elle.

— On ne t’a pas trompé, mais je crains de ne pouvoir satisfaire ta curiosité, dit-elle tout en envisageant tous les motifs plausibles de sa visite.

Peut-être était-il simplement venu se faire une idée de ce que valait la concurrence ? Non. Santo Ferrara déléguait ce genre de tâche à des subalternes.

— Si tu voulais, tu pourrais très bien me trouver une table.

— Et si je ne veux pas ? lança-t-elle, les doigts crispés sur son couteau. Depuis quand un Ferrara dîne-t-il à la table d’une Baracchi ?

Il la fixa droit dans les yeux et elle sentit s’accélérer les battements de son cœur. Le regard qu’il posait sur elle, à travers ses longs cils d’un noir de jais, lui rappela que naguère, ils ne s’étaient pas contentés de dîner ensemble. En guise de repas, ils s’étaient dévoré l’un l’autre, animés par un désir irrépressible. Elle se rappelait encore le goût de sa peau sous ses lèvres, les mouvements de son corps contre le sien, tandis qu’ils s’abandonnaient tous deux à cette volupté aussi fulgurante qu’interdite, et qu’elle n’avait jamais oubliée.

Elle ignorait le son de sa voix, mais elle savait tout de la douceur et de la tiédeur de ses paumes, et elle sentit ses genoux faiblir, tandis que les souvenirs remontaient à sa mémoire, si vivaces encore qu’elle en eut le souffle coupé.

Il lui sourit, à la manière d’un conquérant qui contemple l’adversaire sur le point de se rendre.

— Je t’invite à dîner à ma table, Fia.

L’usage délibéré de ce diminutif supposait une intimité qui n’existait pas entre eux. Car, si elle s’était abandonnée alors, c’est qu’elle avait éperdument besoin du réconfort d’un autre être, tandis que lui n’avait fait que profiter de l’occasion qui s’offrait à lui.

— Tu veux parler de ma table ? répondit-elle d’une voix claire. Eh bien, tu n’y es pas invité.

Il fallait à tout prix qu’elle se débarrasse de lui. Plus il restait, plus la situation se compliquait.

— Tu possèdes un restaurant juste à côté, continua-t-elle. Si tu as faim, tu y seras bien accueilli. Même si je dois reconnaître qu’il ne nous arrive pas à la cheville…

Il y avait dans l’attitude de Santo un calme et une vigilance qui l’intriguaient.

— J’aimerais parler à ton grand-père. Où se trouve-t-il ?

Telle était donc la raison de sa présence : ouvrir de nouvelles négociations qui se termineraient comme les précédentes… Dieu merci, il était venu le soir, mais il lui fallait s’assurer qu’il ne reviendrait pas pendant la journée.

— Tu as envie qu’il te tue ? Tu sais ce qu’il pense de toi.

Les yeux de Santo semblaient rivés aux siens.

— Mais sait-il ce que toi, tu en penses ?

Cette allusion la troubla, car jamais encore personne n’avait parlé de ce qui s’était passé cette nuit-là. Etait-ce une menace ? Etait-il venu tout divulguer ? Le soulagement qu’elle avait ressenti fit place à une nouvelle vague de panique. Agissait-il ainsi pour avoir prise sur elle ?

— Mon grand-père est âgé et en mauvaise santé. Si tu veux parler affaires, tu peux t’adresser à moi, puisque je gère le restaurant.

— Le terrain lui appartient, répondit-il avec une douceur contrôlée plus perturbante encore qu’une explosion de colère.

Que venait-il chercher ? Elle avait lu dans la presse qu’il avait remplacé son frère à la tête de leur multinationale. Elle comprit soudain qu’elle avait manqué de finesse en croyant que le Beach Club était trop petit pour intéresser un homme aussi important. C’est précisément cela qui avait attiré son attention. Ce qu’il voulait, c’était développer l’affaire…

— Tu veux nos terres ?

— Jadis, elles étaient à nous, répliqua-t-il d’un ton vif, jusqu’à ce qu’un de vos parents sans scrupule réussisse par chantage à arracher la moitié de la plage à mon arrière-grand-père. Contrairement à lui, je vous propose un marché honnête et je vous rachèterai un bon prix ces terres qui n’auraient jamais dû échapper à ma famille.

De l’argent, bien entendu ! Pour les Ferrara, tout pouvait s’acheter. Et c’est bien ce qui l’effrayait.

Le soulagement qu’elle avait ressenti se mua soudain en une terrible appréhension. S’il avait l’intention de s’agrandir, jamais plus elle ne se sentirait en sécurité.

— Tu perds ton temps : jamais mon grand-père ne te vendra cette terre. Tu ferais mieux de rentrer à New York ou à Rome et de t’intéresser à un autre projet.

— Je vis ici et ce projet requiert toute mon attention.

Il n’aurait pas pu lui annoncer pire nouvelle.

— Mon grand-père n’est pas bien. Je ne te permettrai pas de venir l’ennuyer.

— C’est un coriace qui n’a nul besoin de ta protection.

Au tranchant particulier de sa voix, elle comprit qu’il venait de renoncer à sa courtoisie de façade.

— Sait-il que tu t’arranges pour détourner délibérément nos clients du restaurant de l’hôtel et les attirer dans le tien ?

Un mètre quatre-vingt-cinq de virilité primitive, une force de la nature que tempérait à peine un léger vernis de sophistication. Fia n’ignorait rien de la passion qui bouillonnait sous cette froide apparence. Elle s’y était elle-même brûlée.

— Si par « délibérément », tu entends que je leur sers une bonne cuisine dans un cadre agréable, je reconnais que je suis coupable.

— Ce cadre est précisément la raison de ma venue ici.

Voilà donc ce qu’il voulait ! Rien à voir avec la nuit qu’ils avaient passée ensemble. Il n’était ici que pour parler affaires.

Si elle ne s’était pas sentie aussi soulagée, elle aurait été horrifiée par la désinvolture qu’il manifestait. Du sang avait été versé et désormais, il y avait un mort entre eux. Même si ce n’était pas assez pour décourager un Ferrara quand il s’était mis en tête d’accroître son empire.

— Cette conversation est terminée. Je dois retourner en cuisine. Je suis en plein service.

En vérité, elle tenait surtout à se débarrasser de lui. Mais un Ferrara n’en faisait jamais qu’à sa tête. Au lieu de sortir, il s’appuya négligemment à la porte et la toisa d’un regard plein d’assurance.

— Je te fais si peur que tu as besoin d’avoir un couteau à la main quand nous parlons ?

— Je n’ai pas peur, je travaille.

— Je pourrais te l’ôter en moins de cinq secondes.

— Il me faudrait moins de temps encore pour te l’enfoncer dans la chair jusqu’à la garde.

C’était bien sûr une bravade, car elle ne sous-estimait pas la force de son visiteur.

— Si tu accueilles les clients de cette façon, je suis surpris qu’il y en ait encore ici !

— Tu n’es pas un client, Santo.

— Sers-moi donc à manger et j’en deviendrai un.

Elle sentit que ses mains se mettaient à trembler.

Ils avaient tous deux commis une faute inexplicable, impardonnable. Et puis, il était parti, sans un regard en arrière. Elle ne pouvait affronter le fait qu’à part cette unique nuit de sexe sans tabou, ils n’avaient jamais rien partagé. Ce n’était pas sa faute s’il continuait à hanter ses rêves. Mais l’audace dont il faisait preuve lui coupait le souffle.

— Désolée, mais le veau gras n’est pas au menu de ce soir. Et maintenant, sors de ma cuisine, Santo ! C’est Gina qui s’occupe des réservations, et nous sommes complets. Demain soir aussi. Et tous les autres soirs, au cas où tu aurais l’intention de revenir.

— Gina, c’est la jolie blonde ? Je l’ai remarquée en entrant.

Evidemment… Santo Ferrara avait autant de chances de ne pas remarquer une blonde aux courbes suggestives qu’un lion de passer sans la voir à côté d’une tendre gazelle. Mais ce qui la surprenait, c’était la douleur qui lui serrait le cœur. Elle, qui ne s’était jamais préoccupée des conquêtes de cet homme, était soudain terrifiée de constater qu’elle ne pouvait pas s’empêcher de s’y intéresser ! Elle avait grandi avec, sous les yeux, la preuve que l’amour est d’abord une souffrance.

« Ne tombe jamais amoureuse d’un Sicilien ». Tels étaient les derniers mots que sa mère lui avait adressés, quand elle avait huit ans, avant de quitter définitivement sa vie.

Effrayée par ses propres sentiments, elle se remit à ciseler sa gousse d’ail avec la maladresse d’un amateur.

— Il est dangereux de manier un couteau quand on a les mains qui tremblent.

Il avait surgi soudain derrière elle, beaucoup trop près à son goût, et son cœur se mit à battre plus vite. Même s’il ne la touchait pas, elle percevait la chaleur de son corps, l’ascendant qu’il gardait sur elle et sa propre réaction, immédiate et viscérale. C’était si stupide qu’elle en aurait crié de frustration. Comme de saliver devant un plat dont elle savait qu’il la rendrait malade.

— Je ne tremble pas.

— Vraiment ? dit-il en couvrant de sa large main hâlée celles de la jeune femme. Tu y penses encore ?

Soudain, elle se sentit ramenée à cette nuit-là, à la bouche brûlante de Santo sur la sienne et à ses doigts qui la guidaient sans merci vers le plaisir. Si elle y pensait encore ? Elle avait pourtant tout essayé pour oublier, mais ce souvenir restait gravé en elle, comme une blessure à vif.

— Lâche-moi. Immédiatement.

Santo resserra davantage encore son étreinte.

— A 22 heures, une fois le service terminé, nous parlerons.

C’était un ordre, et l’assurance tranquille avec laquelle il s’exprimait attisa la colère de Fia.

— Mon travail ne se termine pas à l’heure de la fermeture. J’en ai encore pour des heures et après, je vais me coucher.

— Avec ce gamin aux yeux de cocker qui travaille pour toi ? Maintenant, tu ne prends plus de risques, n’est-ce pas ?

Surprise, elle se tourna vers lui en faisant machinalement un pas en avant. Sa cuisse effleura celle de Santo, et elle eut soudain l’impression que son corps le reconnaissait.

— En tout cas, ce n’est pas ton affaire.

Ils échangèrent un bref regard qui confessait ce qu’ils s’obstinaient à nier et elle sentit couler en elle un long frémissement, une réponse qu’elle aurait préféré ignorer. Ce qui se serait produit ensuite, elle ne le sut jamais, car Gina entra dans la cuisine. En la voyant, Fia faillit lui crier de faire marche arrière, mais il était déjà trop tard. Ce soir, la chance l’abandonnait. Santo se retourna pour voir ce qui se passait et elle vit son beau visage se crisper.

— Il a fait un mauvais rêve, commença Gina en caressant le bébé en pleurs dans ses bras.

Fia resta figée sur place, incapable de faire le moindre geste pour arrêter le destin en marche. En d’autres circonstances, elle aurait été ravie de voir un Ferrara perdre enfin contenance. Mais l’enjeu était si important qu’elle n’eut aucune satisfaction à observer les émotions qui se succédèrent rapidement sur le visage de Santo.

Son irritation initiale fit place à la stupéfaction lorsqu’il vit le bébé sanglotant tendre les bras en direction de Fia. Elle le prit. Pour elle, le bien-être de son fils comptait davantage que tout le reste.

Il se produisit alors deux faits singuliers.

Luca s’arrêta de pleurer et se mit à fixer l’étranger avec curiosité. En voyant les yeux noirs du bébé, identiques aux siens, Santo devint soudain pâle comme la mort.

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Commentaires récents

Commentaire ajouté par Fyerise 2018-09-16T13:32:06+02:00
Lu aussi

Un Harlequin assez banal : un bébé caché au père, un mariage forcé "pour le bien de l'enfant", les deux héros qui finissent par se découvrir amoureux, et tout est bien qui fini bien.

Rien d'extraordinaire, mais ça se laisse lire assez facilement.

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Commentaire ajouté par SuBla65 2016-12-05T09:07:27+01:00
Or

(K)

Une belle histoire, bien écrite. Personnages attachants. Malgré un début d'histoire qui semblait plein de rancoeur, ça va à plutôt tourner sur l'importance de la famille, du dialogue.

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Commentaire ajouté par jessyka 2015-04-27T02:30:49+02:00
Bronze

Un bon petit livre très sympathique... une histoire de déjà vu mais qui sait tout de même se distinguer des autres...

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Commentaire ajouté par njfok 2013-06-02T10:02:34+02:00
Bronze

Un livre qui au départ semblait assez simple. Puis l'histoire se complique, les personnages sont assez bien étoffés. On apprend que dans un couple et même dans une famille, l'important est de se parler, de dire les choses.

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Commentaire ajouté par SmallBab 2013-05-30T20:52:50+02:00
Lu aussi

Harlequin classique dans le thème des "enfants cachés". La femme, ayant peur de la réaction de l'homme cache sa grossesse, élève l'enfant, jusqu'à ce que le père arrive et réclame son "dû". Avec un fond de "Roméo & Juliette"...

Petite chose étrange : Santino devient tout simplement Santo dans l'histoire (et si c'est un surnom, ce n'est indiqué nul part ^^)

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Date de sortie

Le Fils caché de Santino Ferrara

  • France : 2014-09-01 - Poche (Français)

Activité récente

Bro569 l'ajoute dans sa biblio or
2022-07-02T19:14:19+02:00
mayouka l'ajoute dans sa biblio or
2016-10-30T14:20:19+01:00

Titres alternatifs

  • The Forbidden Ferrara - Anglais
  • The Forbidden Ferrara (Ferrara #2) - Anglais
  • Απαγορευμένη Επιθυμία - Grec

Évaluations

Editeurs

Les chiffres

lecteurs 37
Commentaires 5
extraits 3
Evaluations 7
Note globale 6.71 / 10

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