Extraits

– Et donc, ce mec au bar… Ça a donné quoi ? haleta-t-il.

– Je ne sais pas trop. On était bien partis, mais il y a eu pas mal d’interruptions. Si j’arrive à lui remettre la main dessus, j’espère bien conclure.

– T’es foutrement sûr de toi, là…

– Hum… Au début, j’ai cru qu’il était hétéro, mais en fait, il m’a donné pas mal de raisons d’y croire.

– Moi je pense qu’il n’a jamais été aussi hétéro que les gens voulaient bien le croire. C’était juste… plus simple de les laisser penser ça. Mais bon, je crois bien que pour toi, il a dû se dire que le jeu en valait la chandelle. Laisse-moi te dire qu’il y a peu de chances qu’il laisse un autre mec lui faire la moitié de ce que tu as en tête.

– Vraiment ? ronronna Vassili. Je suis flatté.

– Ne le sois pas trop. La dernière fois que tu as été flatté, tu t’es réveillé marié.

Quand l'hilarité se calma, Wess écarta une mèche qui avait glissé sur le front du soldat et se retrouva cloué sur place par l'intensité de son regard.

- Et si tu me racontais ta journée ? bredouilla-t-il en espérant apaiser cette soudaine tension.

Mais Vassili l'attira à lui en grognant, jusqu'à ce que Wess se retrouve à califourchon sur ses cuisses.

- Plus tard...

Vassili le dévorait du regard comme s'ils se découvraient pour la première fois, imprimant dans son esprit chaque détail du visage volontaire de son homme. Sa main vint errer sur sa mâchoire rugueuse de barbe, absorba la chaleur de ses pommettes de la pulpe du pouce. Wess ferma les yeux quand il sentit les doigts explorateurs glisser sur ses sourcils, ses paupières, redescendre en suivant la courbe de sa gorge pour se poser dans son cou, là où ils s'étaient imprimés en nuances bleuies.

Il se racla bruyamment la gorge tout en évitant le regard perçant de Vassili.

– Heu… « Love » ? réussit-il à prononcer dans un souffle, sa voix plus enrouée que jamais. Tu comprends « love » ?

Liz hocha vigoureusement la tête tout en posant la main sur son cœur. Elle répéta le mot, l’encombrant de son accent. Wess prit une grande respiration en contenant son envie d’aller s’enterrer quelque part comme une autruche.

– Ouais, c’est ça. Bon. Wess love Vassili, bafouilla-t-il en rougissant « jusqu’à la racine des cheveux. Tu comprends ?

Il sentit le sursaut de son compagnon contre lui, mais se refusa à le regarder. Bordel, ce n’était pas nouveau, non ? Ce n’était pas parce qu’il évitait d’ordinaire de verbaliser ce genre de conneries que ses sentiments n’étaient pas réels.

– Oh, souffla la jeune fille.

Sa jolie bouche dessina un cercle presque parfait avant que Liz les désigne tour à tour du doigt. Vassili. Wess. Puis un cercle pour les envelopper. Eux et seulement eux.

– Da, murmura Wess, soulagé.

– Je vais tout t’expliquer, dit-il, mais pas comme ça. J’ai besoin que tu me fasses confiance.

– Ah ouais ? Et pourquoi je ferais ça ? gronda le soldat comme un fauve. 

– Parce que tu l’as déjà fait. Et que tu sais déjà tout ce qu’il y a à savoir.

– Quoi donc ?

– Qu’il n’y a que toi, déclara Wess en prenant durement la bouche de Vassili.