Ajouter un extrait
Liste des extraits
Je fagotais donc, tous les jours, été comme hiver, quel que soit le temps, sans répit. Brindilles et bûchettes et rameaux. Hue donc ma fille. Chacun doit accomplir son destin ici-bas et le mien m'était clairement indiqué. Si Camille n'avait pas trait la chèvre nous n'aurions pas eu de lait à boire le matin et si je m'étais croisé les doigts nous aurions eu froid le soir : tout était en ordre. Je liais mes brassées de branchages d'une main preste, je les calais contre mon ventre et j'allais les entasser dans la salle de musique, sans me plaindre.
Afficher en entierJe me suis remise à peler ma pomme de terre abandonnée, rageusement, et je pense qu'un coup de couteau efficace doit se donner de bas en haut : on vise les tripes, et on remonte d'un coup sec. Ça saigne certainement beaucoup, mais le baquet est plein d'eau...
Afficher en entierLes enfants de Carèges ont la langue pointue, les récréations ne sont pas faites seulement pour jouer à chat perché, et il y a longtemps que Camille se sait le fils d'un veuf diablement pressé. Cela ne le tracasse guère. On a des belles-mères et on a des demi-frères, ce sont des choses qui arrivent, comme il arrive aussi qu'on ait une grand-mère un peu fada et un grand-père complètement timbré... s'il fallait faire un drame de tous ces accidents de parcours, on n'en finirait pas !
Afficher en entierEtait-ce la gifle, était-ce la chouette, ou la peur ? Le pouvoir de comprendre le monde et de construire, avec une suite d'instants et d'images, une vie, seulement une vie, venait de m'être donné, et s'impatientait, et m'arrachait bientôt au pays des petites bêtes heureuses.
Afficher en entierC'est Ariane que je revois ensuite, comme si c'était d'elle que je m'étais nourrie pour grandir, Ariane et son curieux sourire, rêveur et cruel, Ariane et la main qu'elle me donne pour m'entraîner dans les bois.
Afficher en entier