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Car tu peux dire de moi Ceci est mon peuple
*
Tu descends lentement de terrasse en terrasse
Mon bel amour à pas de lune dans ma nuit
Afficher en entierLE MIROIR
Si le miroir mimer osa
La rose et l’or des mimosas
Le saule en fleur au vent qui bouge
La sauge en sang qui saigne rouge
La violette et les lilas
De quoi se parent les yeux las
S’il prit leur regard aux pervenches
À la palombe l’aile blanche
S’il résuma le ciel en lui
Croisa le soleil et la pluie
S’il fut la nuit s’il fut le jour
À la lumière fit l’amour
Il a tremblé lorsque tu vins
A bu tes lèvres comme un vin
S’est perdu suivant ta musique
Au cœur du paradis physique
Ne voit plus rien quand tu t’en vas
Dans son profond sommeil rêve à
Toi seule aveugle à toute chose
Aux mimosas comme à la rose
Insensible à qui le grisa
Et n’est plus miroir que d’Elsa
Commentaire de Zaïd : De quel miroir il s’agissait, de verre ou de métal, nul ne peut dire, et furent propos nombreux de la signification cachée de ce chant. Quand la police de l’Émir fouilla le domicile de mon Maître, elle avait mission de trouver ce miroir qui se disait magique, et servant à lire hier comme demain. J’en interrogeai par curiosité d’enfant An-Nadjdî qui me répondit : « Il y a des miroirs d’eau, de ciel (ou mirages)… mais sont les gens trop simples pour entendre qu’il y a miroirs de mots (ou images). C’est pourquoi leur est mystère la poésie. Ces vers signifient, puisque enfin le secret t’en importe que dans ma poésie où parfois je semble parler d’autre chose il n’est image qui ne serve à montrer Elsa, il n’est image que d’Elsa.»
Afficher en entierTout ce qu'aveuglément un monde à toi préfère
Est simulacre idole au prix du Dieu vivant
Afficher en entierJe suis plein du silence assourdissant d'aimer.
Afficher en entierJ'ai réinventé le passé pour voir la beauté de l'avenir.
Afficher en entierLes Yeux d'Elsa.
Tes yeux sont si profonds qu'en me penchant pour boire
J'ai vu tous les soleils y venir se mirer
S'y jeter à mourir tous les désespérés
Tes yeux sont si profonds que j'y perds la mémoire
À l'ombre des oiseaux c'est l'océan troublé
Puis le beau temps soudain se lève et tes yeux changent
L'été taille la nue au tablier des anges
Le ciel n'est jamais bleu comme il l'est sur les blés
Les vents chassent en vain les chagrins de l'azur
Tes yeux plus clairs que lui lorsqu'une larme y luit
Tes yeux rendent jaloux le ciel d'après la pluie
Le verre n'est jamais si bleu qu'à sa brisure
Mère des Sept douleurs ô lumière mouillée
Sept glaives ont percé le prisme des couleurs
Le jour est plus poignant qui point entre les pleurs
L'iris troué de noir plus bleu d'être endeuillé
Tes yeux dans le malheur ouvrent la double brèche
Par où se reproduit le miracle des Rois
Lorsque le cœur battant ils virent tous les trois
Le manteau de Marie accroché dans la crèche
Une bouche suffit au mois de Mai des mots
Pour toutes les chansons et pour tous les hélas
Trop peu d'un firmament pour des millions d'astres
Il leur fallait tes yeux et leurs secrets gémeaux
L'enfant accaparé par les belles images
Écarquille les siens moins démesurément
Quand tu fais les grands yeux je ne sais si tu mens
On dirait que l'averse ouvre des fleurs sauvages
Cachent-ils des éclairs dans cette lavande où
Des insectes défont leurs amours violentes
Je suis pris au filet des étoiles filantes
Comme un marin qui meurt en mer en plein mois d'août
J'ai retiré ce radium de la pechblende
Et j'ai brûlé mes doigts à ce feu défendu
Ô paradis cent fois retrouvé reperdu
Tes yeux sont mon Pérou ma Golconde mes Indes
Il advint qu'un beau soir l'univers se brisa
Sur des récifs que les naufrageurs enflammèrent
Moi je voyais briller au-dessus de la mer
Les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa les yeux d'Elsa
Afficher en entierLes Lilas
Je rêve et je me réveille
Dans une odeur de Lilas
De quel côté du sommeil
T'ai-je ici laissée là
Je dormais dans ta mémoire
Et tu m'oubliais tout bas
Ou c'était l'inverse histoire
Étais-je ou tu n'étais pas
Je me rendors pour t'atteindre
Au pays que tu songeas
Rien n'y fait que fuir et feindre
Toi tu l'as quitté déjà
Dans la vie ou dans le songe
Tout a cet étrange éclat
Du parfum qui se prolonge
Et du chant qui s'envola
ô claire nuit jour obscur
Mon absente entre mes bras
Et rien d'autre en moi ne dure
Que ce que tu murmuras
Afficher en entierLe tiers chant
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu’on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Je suis la croix où tu t’endors
Le chemin creux qui pluie implore
Je suis ton ombre lapidée
Je suis ta nuit et ton silence
Oubliée dans ma souvenance
Ton rendez-vous contremandé
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu’on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Le mendiant devant ta porte
Qui se morfond que tu ne sortes
Et peut mourir s’il est tardé
Et je demeure comme meurt
A ton oreille une rumeur
Le miroir de toi défardé
Te prendre à Dieu contre moi même
Étreindre étreindre ce qu’on aime
Tout le reste est jouer aux dés
Suivre ton bras toucher ta bouche
Être toi par où je te touche
Et tout le reste est des idées
Afficher en entierLE FUTUR VU
Je te parle et tu me fuis
Je te suis et tu t"envoles
Tes yeux ailleurs qu'où je suis
Ton cœur pris d'autres paroles
Et dans l'aveugle aujourd'hui
Mes jours sont des jours de pluie
Je te parle et tu es toute
A des songes de là-bas
Tu me fuis prenant des routes
Que mon pas ne connait pas
Je te suis et je redoute
Au loin ce que tu écoutes.
Amour qu'est-ce que tu vois
Qu'il ne m'est permis de voir
Que disent-elles ces voix
Trop distante pour y croire
Pour moi qu'en toi qui ne crois
Et ne puis quitter ma croix
Cette vie elle s'achève
Amour mon seul absolu
Pour toi des soleils se lèvent
Qui crépuscules n'ont plus
Cette vie est longue et brève
Amour d'au-delà des rêves
Demain n'est pas mon verset
Demain n'est pas mon domaine
Je n'y puis avoir accès
Même au bout de ma semaine
L'avenir qu'est-ce que c'est
Je l'ignore et tu le sais
Tu me dis d'obscures choses
Au seuil des temps lumineux
Et c'est comme avant les roses
Les rosiers ne sont que nœuds
Tout fleurit où tu te poses
Elsa des métamorphoses.
Afficher en entierLA FIEVRE (extrait)
Tu ne veux plus même que je te touche
Tu fuis ma main Tu souffle Tu gémis
Et ma peur suit ta plainte sur ta bouche
Comme un danger pour un instant remis.
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