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Ou, pour prendre une autre image, venant de sa propre enfance : cette maison d’été qu’ils avaient à Irinovka, dans ce domaine riche en tourbe. Une maison de rêve ou de cauchemar, avec de grandes pièces et de minuscules fenêtres, qui faisait rire les adultes et frissonner de peur les enfants. Eh maintenant il se rendait compte que le pays où il avait vécu si longtemps était comme ça aussi... C’était comme si, lorsqu’ils avaient dessiné leurs plans pour la Russie soviétique, les architectes avaient été réfléchis, méticuleux et bien intentionnés mais avaient échoué à un niveau très élémentaire : ils avaient pris les mètres pour des centimètres, et parfois l’inverse. Avec pour résultat que la Maison du Communisme était toute disproportionnée, et qu’il lui manquait souvent d’être à l’échelle humaine. Elle vous donnait des rêves, elle vous donnait des cauchemars, et elle rendait tout le monde - les adultes comme les enfants - craintif et apeuré.
Afficher en entier« Il n’y a que de la bonne vodka et de la très bonne vodka - Il n’y a pas de mauvaise vodka . » Tel était l’adage de Moscou à Leningrad, d’Arkhangelsk à Kouïbychev. Mais il y avait aussi la vodka américaine, qui, avait-il appris, était rituellement « améliorée » au moyen d’arômes de fruits, de citrons, de glaçons et de soda - son goût noyé dans des cocktails. Alors peut-être y avait-il quand même de la mauvaise vodka.
Afficher en entierQuand la vérité devenait impossible – parce qu’on risquait une mort immédiate – elle devait être déguisée. Dans la musique folklorique juive, la danse est le déguisement du désespoir. Et, en l’occurrence, le déguisement de la vérité était l’ironie. Parce que l’oreille du despote est rarement assez fine pour l’entendre. P 97
Afficher en entierIl se rappelait ce concert en plein air dans un parc de Kharkov. Sa Première Symphonie avait déclenché les aboiements de tous les chiens du voisinage.
La foule avait ri, l’orchestre avait joué plus fort, les chiens avaient aboyé de plus belle, le public avait ri de plus belle.
Et voilà que sa musique faisait aboyer de plus gros chiens. L’Histoire se répétait : après la farce, la tragédie.
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