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Dans les jardins, les piscines étaient désertes ; seules les libellules s’y miraient.
Toutes les piscines, sauf une, au bord de laquelle, tout en haut de la colline, Bérengère Van de Walle, entièrement nue, mollement étendue dans une chaise longue sous son parasol, les yeux protégés par des lunettes noires, se laissait dissoudre avec veulerie dans la torpeur de l’ivresse. À portée de sa main, sur la table de métal, dans un pichet de grès, les glaçons achevaient de fondre dans une orangeade lourdement arrosée de vodka. La chaleur, l’alcool agissaient sur elle à la fois comme un narcotique et un aphrodisiaque. Elle se vautrait dans sa nudité moite, cuisses écartées, face à la piscine, dont elle fixait, hébétée, l’immobile miroir scintillant ; son maillot rouge qu’elle avait retiré pendait au dossier d’une chaise de jardin, près d’elle, et elle avait accroché une serviette à l’accoudoir de sa chaise longue, afin de pouvoir voiler ses seins et son sexe au cas où son fils, Max, qui était censé potasser dans sa chambre, serait pris de l’envie peu probable de venir piquer une tête dans l’eau tiédasse.
De temps en temps, d’une main alanguie, Bérengère portait à ses lèvres le verre couvert de buée où tintaient des glaçons, et elle s’envoyait une gorgée du liquide glacé. Le bien-être qui emplissait son corps l’accablait de remords.
Afficher en entierA son arrivée dans la cuisine, le lendemain matin, Max vit tout de suite que sa mère s'était levée du pied gauche. Un comprimé d'Alka-Seltzer pétillait dans un verre près de sa tasse de café noir, et quand il voulut l'embrasser, après avoir embrassé son père qui lisait son journal, elle le repoussa du même geste exaspéré qu'elle aurait eu pour chasser une mouche.
"Laisse-moi, Max, il fait trop chaud."
Afficher en entierLe fruit défendu esparbec
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