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Liste des extraits

Extrait 1

Jenna

Je ne m’étais pas rendu compte à quel point le souvenir des dernières années était toujours si bien présent en moi. J’avais beau secouer la tête pour éviter de penser à ce que je trouverais dans les prochaines minutes, mais rien n’y faisait…

Tout était pareil depuis il y a un peu plus de quatre ans.

Rien n’avait changé.

Fidèle à ma promesse, j’étais revenue, le cœur déchiré… tout comme il l’avait été lorsque j’avais fui la demeure familiale. Non pas à cause de l’un de ses membres, quoique… je devais le préserver.

Qu’aurait-il pensé s’il avait su ? Je lui devais au moins ça, partir avant que je ne le fasse souffrir plus encore.

Ce n’était plus le cas à présent…

Je fermai les paupières et appuyai ma tête contre le dossier du siège de la voiture, garée devant cette maison où j’avais grandi.

J’étais son unique fille, mais aussi la cause de son déchirement. Sébastien, mon frère aîné n’avait su m’ôter la culpabilité que je ressentais malgré toute l’attention et la gentillesse qu'il me portait. Notre père me rejetait sans cesse et je ne pouvais le lui en vouloir…

Après tout, en venant au monde, je lui avais enlevé l’amour de sa vie.

Au souvenir douloureux du passé, mes yeux picotèrent. Grands ouverts, ils étaient rivés droit devant, repoussant tout simplement l'envie de regarder sur la gauche.

J’éclaterais sans doute en sanglots et je me le refusais. Ce n’était pas envisageable. Je revenais pour lui – mon frère – et personne d’autre. Il avait besoin de moi.

Notre père était décédé depuis plus d’une semaine, et ce, malgré les efforts de Séb pour me convaincre de lui faire un dernier adieu, j’avais tout bonnement manqué les funérailles.

Délibérément…

Il m’en voulait certainement, mais il comprendrait sans doute. Après tout, il connaissait ce que j’éprouvais.

Mon aîné, de treize ans, Sébastien avait toujours été là, prenant soin de moi depuis mon premier cri dans ce monde – en dépit de la présence de mon père –, jusqu’au moment où j'avais fui sans donner la moindre explication. Mais je savais que le lien était trop puissant entre nous pour qu’il m’en tienne rigueur indéfiniment. Lui seul aurait pu comprendre si je lui avais avoué, mais je n’en avais pas eu la force… à l’époque.

Mais celui-ci ne me supportait pas et le simple fait de poser son regard sur l’enfant que j’étais le terrifiait. Je devais lui ressembler.

Peut-être…

Dès ses treize ans, Séb n’avait pas eu le choix que de s’occuper de moi. Il n’aurait pas laissé cette petite fille livrée à elle-même.

Il aurait pu m’en vouloir pourtant. J’avais déstabilisé… perturbé son adolescence… et surtout, je lui avais pris sa mère à lui aussi.

Je lui avais ôté l’amour maternel qu’il méritait et n’avais jamais connu ce que l’on pouvait éprouver en tant qu’enfant, blotti contre le cocon protecteur d’une maman.

Qu’était-ce au juste d’en avoir une ?

Serait-ce identique à mes amies du lycée ?

À appeler toutes les cinq minutes, mourant d’inquiétude lorsqu’elles dépassaient l’heure du couvre-feu ?

Aurait-ce été si difficile de lui raconter mes déceptions amoureuses ?

Mes flirts ?

Bien que ce ne fût pas trop mon cas.

Nos sujets de conversations auraient été bien limités. Et puis, Sébastien était avec moi, il avait toujours été là, lui. Dans le rôle du père, d’un ami, d’un confident…

Et comment l’avais-je remercié de tout ce qu’il m’avait apporté ?

En m’enfuyant loin de tout… en lui mentant…

J’aurais pu lui avouer toute la vérité, mais je n’étais pas assez forte. J’aurais détruit beaucoup de choses, particulièrement, la grande amitié avec le voisin d’en face.

Non, je n’aurais pu…

Toujours installée au volant de ma voiture, j’inspirai profondément afin de trouver le courage d’en sortir, mais je restais immobile, incapable de bouger. Je savourai encore ces instants de silence, comme si la tempête s’apprêtait à déchirer celui-ci en des hurlements macabres que me jetterait – sans doute – Sébastien au visage quand il la verra… lorsqu'il comprendra enfin.

Mais je me consolais à me dire que j’avais connu plus difficile comme épreuve à surmonter.

Oui...

Toutes ces années de solitude – bien que je ne fusse pas vraiment seule – m’avaient endurcie, elles m’avaient fait mûrir. Ce n’était pas comme autrefois... pas comme ce jour où j’avais fêté mon dix-huitième anniversaire. Ce soir-là que je ne pourrais jamais oublié même si je le voulais plus que tout au monde.

Je soupirai, essayant de retrouver un souffle plus régulier. Je jetai un regard dans mon rétroviseur et esquissai un faible sourire avant de sortir vivement de la voiture.

L’air frais picota la peau de mon visage découvert. Il neigeait, mais quoi de plus normal, en plein mois de décembre ?

Je n’étais plus en France, mais à New York ! J’étais revenue à la maison…

Après cinq années d’absence, je rentrais chez moi pour faire face à mes cauchemars, mais j’avais grandi !

Je n’étais plus la petite fille innocente que tout le monde pensait que j’étais alors…

– C’est bien toi ?

Cette voix…

Je l’aurais reconnue entre mille.

Plaquant un large sourire sur mes lèvres, je tournai la tête dans sa direction.

– Sébastien !

EXTRAIT 2

Deux jours après notre dîner chez Jack, la chambre de Maddy était terminée, les décors avaient été achevés sous le regard attentif de ma fille qui avait ajouté sa touche personnelle en dessinant un soleil éclatant sur un des murs. Pour mon plus grand soulagement, elle s’était vite habituée à notre nouveau foyer, et aussi à son oncle Sébastien qui assouvissait tous ses moindres caprices et passait un temps considérable avec elle.

La neige n’avait pas cessé de tomber depuis notre arrivée. En ouvrant les paupières, je me souvins que nous avions promis à Maddy de fabriquer un bonhomme de neige dans la journée. Il n’était que sept heures et demie du matin, mais je décidai tout de même de me lever.

Passant dans le couloir, un sourire se dessina sur mes lèvres à l’écoute des ronflements de ma fille qui dormait paisiblement. La porte de la chambre de mon frère étant ouverte, je constatai alors qu’il devait déjà être debout depuis un bon moment.

Pénétrant dans la cuisine quelques minutes plus tard, je découvris un mot accroché sur la porte du réfrigérateur.

Fronçant les sourcils, j’avançai et le décrochai rapidement.

Coucou, ma belle. J’espère que tu as bien dormi ? Il est six heures quarante-cinq et je suis parti chercher Went à l’aéroport. Si tu es déjà levée, prépare le café. Merci. Biz.

Séb.

– Went…

Pour la première fois depuis très longtemps, son prénom vint franchir mes lèvres, bien que j'eus des difficultés à reconnaître le timbre de ma voix. Le papier glissa de mes doigts et tout se mit à basculer autour de moi.

Les jambes en coton, je dus prendre appui sur le comptoir pour ne pas tomber. Paralysée par cette annonce brutale de son retour, mon corps tout entier fut pris de tremblements tandis que mon cœur s’affolait.

– Maddy…

Vivement, je repris mes esprits et tournai en rond avant de préparer le café. Il fallait que j’évite cette rencontre. Je n’étais pas encore prête.

Pas maintenant !

La panique envahit chaque parcelle de mon corps, réduisant mes gestes à ma gaucherie innée.

– Merde !

Je me baissai en poussant un grognement sourd pour ramasser la boîte hermétique contenant la poudre noire. Je me rendis compte à cet instant que les larmes troublaient ma vue. Je m’efforçai alors de calmer les tremblements de mes mains. J’inspirai profondément pendant de longues et interminables secondes puis me rappelai que j’étais assez forte psychologiquement pour faire face à la situation.

Je serais indifférente et tout irait bien, il le fallait.

Dans le flou le plus total, j’observai la première gouttelette de café qui tombait dans la cafetière et je soupirai.

L’idée de fuir à l’étage me traversa l’esprit. Ce que je m’apprêtai à faire en prenant conscience que je ne portais qu’une nuisette. Mais à peine eus-je avancé d’un pas que la porte d’entrée claqua.

Pétrifiée, je restai immobile au centre de la pièce, tentant de refaire battre mon cœur qui venait de cesser tout mouvement. Le souffle court, je serrai les poings afin que mes doigts ne cessent de s’agiter de manière incontrôlée.

– Hé, Jenna ! s’écria mon frère d’une voix enthousiaste

– Salut, soufflai-je rapidement avant de déglutir.

Il était là… juste derrière Sébastien…

Mon regard croisa le sien et s’y accrocha malgré moi. En une fraction de seconde, il balaya toutes mes défenses que j’avais pourtant crues impénétrables après tout ce temps afin de ne plus jamais éprouver ce pincement au cœur devant l’être aimé inaccessible.

J’eus l’impression de me retrouver dans un film qui passait au ralenti pour que personne ne ratât la moindre expression sur le visage des acteurs principaux. Mais je restai là, dans l’impossibilité de me tirer de l’intensité de son regard qui m’enveloppait. Il était toujours aussi beau, élégant, malgré le bonnet recouvert de neige qu’il portait sur la tête.

Le vert de ses yeux me fascinait comme autrefois, reconnaissant la moindre paillette bleutée de ses iris. Ses lèvres se mirent alors à bouger légèrement, me sortant de ma léthargie.

– Jenna…

– Oh, oui, j’avais oublié de t’avertir, lança Sébastien en se postant devant lui, me cachant sa vue pour mon plus grand soulagement. Désolé, mais je vais devoir vous laisser dix minutes, je reviens.

Quoi ?

Oh, non…

Alors que j’ouvris la bouche pour l’arrêter, Sébastien avait déjà quitté la pièce.

Hébétée, je me tournai rapidement afin de lui cacher l’expression troublée des traits de mon visage. Malgré le picotement de mes paupières, je réussis néanmoins à contrôler mes émotions. Alors que j’entrepris de m’avancer vers le comptoir, deux mains se posèrent sur mes épaules. Je fermai les yeux, me concentrant sur autre chose que la brûlure de ma peau, provoquée par ce contact malgré ses mains froides.

– Jenna…

Son murmure fut à peine audible. L’esprit complètement dans le brouillard, je sentis la pression de ses doigts sur ma peau, attisant encore un peu plus la chaleur qui se propageait dans tout mon corps.

– Jenna ?

J’ouvris les paupières et me tournai légèrement vers lui. Mon regard resta fixé sur son torse et je dus trouver le courage pour lever les yeux à la rencontre des siens.

Je déglutis péniblement et esquissai un faible sourire pour me donner une contenance.

S’était-il rendu compte de mon trouble ?

De mon désir de m’éloigner de lui au plus vite ?

– Tu es enfin revenue…

Je hochai la tête silencieusement et, la seconde suivante, il m’attirait contre lui, poussant un long soupir.

Mes paupières se refermèrent, retenant les larmes qui menaçaient de trahir mes sentiments. Le contact de son corps pressé contre le mien n’était que torture, ni plus ni moins…

Alors que je sentais ses muscles se contracter autour de moi, mes bras allèrent l’entourer.

– Tu m’as manqué, Jenna… terriblement, murmura-t-il dans un souffle.

– Toi aussi…

Il poussa à nouveau un soupir et s’écarta légèrement. Sa main enveloppa ma joue d’une douce chaleur rassurante. Je baissai les yeux, refusant de céder à l’envie de me jeter dans ses bras. À l’envie de l’aimer à nouveau… de goûter ses lèvres encore et encore… de lui dire combien je l’avais détesté pour m’avoir aimée et repoussée.

Il dut comprendre mon désir de m’écarter de lui, car il ôta sa main de mon visage et laissa tomber lourdement son bras. Il fallait alors que je contienne ce flot de sensations qui bouleversait mes sens et mon esprit. Il fallait que je trouve un moyen de briser ce silence pesant dans la pièce.

– Tu veux un café ? lui demandai-je en me raclant la gorge avant de me détourner.

– Euh… oui, merci, répondit-il en se débarrassant de son bonnet puis en ouvrant son manteau.

J’esquissai un faible sourire et me concentrai sur le service, essayant de ne rien faire tomber. En versant le breuvage noir dans la tasse, je fixai mes doigts tremblants tandis que je pouvais sentir son regard sur moi. Je soupirai, canalisant ce flot d’émotions qui irradiait tout mon corps.

Une dernière inspiration puis je lui fis face avant d'avancer vers lui.

– Tiens, murmurai-je en posant le plateau sur la table.

– Merci.

Un sentiment de satisfaction monta en moi en remarquant son trouble. Aussi, le fait que j’affrontai celui qui hantait mes nuits depuis plus de cinq ans, décupla sans doute cette satisfaction silencieuse. Je pouvais contrôler mes sentiments, mes émotions. Il suffisait d’éviter d’ancrer mon regard au sien trop longtemps.

Je brisai le silence de la pièce en tirant la chaise, loin de lui, pour m’y installer. Je devinai son sourire en coin, celui qui avait le don de bouleverser le cœur de tout être humain qui se trouvait dans son champ de vision. Mais je refusai de le regarder.

– Alors ? Tu n’as rien à me dire ? me demanda-t-il soudainement.

Cette question inattendue m’agaça profondément, mais je restai calme en lui retournant la question.

– Presque cinq ans, Jenna ! Oui, j’ai beaucoup de choses à te dire. Tout comme toi, je suppose.

– Peut-être… murmurai-je, me demandant si c’était bien des regrets que je percevais dans sa voix.

– Toutes mes condoléances pour Charlie.

– Merci.

– Je suis désolé de ne pas avoir été présent pour les funérailles. Avec le tournage…

– Ce n’est rien, ne t’en fais pas, le coupai-je, fixant le liquide noir de ma tasse. Je n’étais pas présente non plus alors, il est inutile d’être désolé.

– OK, souffla-t-il. Et c’était quoi ton excuse ?

J’écarquillai les yeux au ton sec qu’il venait d’employer. Devrais-je lui avouer que c’étaient les mêmes raisons qui m’avaient poussée à fuir cinq ans plus tôt ?

– Désolé.

– Ce n’est rien… Mon père ne voulait plus me parler et tu sais bien que nos rapports n’étaient pas au beau fixe.

Je redressai la tête et le vis hocher la sienne tristement.

– Alors, tu es revenue passer les fêtes dans ta famille ? demandai-je dans l’espoir de changer de conversation rapidement.

– Oui. Pour un peu plus longtemps d’ailleurs. On a fini avec le tournage et avec la grève des scénaristes en ce moment, j’ai tout mon temps… mais dis-moi, tu connais la série ?

– Bien sûr !

Je me mordis la lèvre discrètement, espérant qu’il n’avait pas remarqué le ton de ma voix qui me paraissait être une exclamation bien trop impulsive.

– C’est bien… et ton verdict ? questionna-t-il en se levant de sa chaise pour s’approcher de moi, le sourire aux lèvres.

Mon cœur manqua un battement alors que j’anticipais clairement ses gestes dans ma tête. Il tira la chaise voisine à la mienne et s’y installa.

Malgré la proximité de nos corps et le frôlement de son bras contre le mien, je restai calme.

– J’aime beaucoup… comme tout le monde d’ailleurs. Mais je n’ai pas encore vu la troisième saison, lâchai-je pour détendre l’atmosphère.

– On pourrait la regarder ensemble enfin… si tu veux.

Mes paupières clignèrent.

Avais-je bien entendu sa proposition ou cette demande venait de mon esprit bouleversé qui me jouait des tours ?

– Je ne les ai pas encore visionnés pour être honnête.

– Oh, tu… je ne sais pas si j’aurais le temps de regarder.

– Tu repars en France ?

J’hésitai de répondre à cette question. Sa main s’avança vers la mienne et s’y posa.

Vivement, je dégageai ma main et fis mine de repousser une mèche de mes cheveux.

– Non. Je reste ici… du moins, pour le moment.

– OK… Tu as changé, Jenna, murmura-t-il d’une voix suave et irrésistiblement troublante après un bref instant de silence.

– Pas tant que ça, rétorquai-je à l’instant même où Sébastien apparut dans la pièce.

Went m’adressa un large sourire, révélant ses dents d’une blancheur éclatante. Je baissai les yeux à son regard intense qu’il continuait de poser sur moi.

Poussant un soupir de soulagement, je reportai mon attention vers mon frère qui fouilla dans le placard. Il en sortit un bol et les céréales de Maddy.

Une bouffée de chaleur m’envahit irrémédiablement tandis que j’eus du mal à respirer. J’inspirai profondément tout en évitant de le montrer lorsque Sébastien s’approcha de nous. Il posa le petit déjeuner de Maddy sur la table.

Hébétée, je secouai légèrement la tête en le fixant. Je priai pour que son regard croise le mien, mais il se détourna, le sourire aux lèvres.

– Allez, ma chérie !

Son exclamation me fit sursauter.

Surpris, Went m’interrogea de son regard plissé tandis que je me levais d’un bond, comprenant la situation.

Tremblantes, mes jambes ne m’obéissaient plus, refusant de satisfaire les cris que mon cœur leur dictait silencieusement.

– Maman…

La voix proche de Maddy attira mon regard vers la porte.

Elle était déjà là. Ses cheveux tout ébouriffés, elle se frottait énergiquement les yeux encore ensommeillés.

Je refusai de croiser le regard de Went.

J’appréhendai sa réaction plus que tout.

Je me dirigeai alors vers elle et la soulevai dans mes bras.

– Je suis là, mon ange, murmurai-je en la serrant contre moi.

EXTRAIT 3

Sarah

Le cœur lourd de remords et de regrets, je me détachais de ses bras lorsqu’il prit ma main et m’attira dans le canapé. Soudain affaiblie par le flot d’émotions, je me laissais retomber sur ses genoux alors qu’il me serrait contre lui.

– Reste près de moi quelques minutes, Sarah… murmura-t-il en déposant un baiser sur mes cheveux.

– Je ne veux pas… je ne peux pas, Went, balbutiai-je en enfonçant mon visage dans son cou.

– On se sent mal tous les deux, Sarah… si tu savais comme je m’en veux d’avoir été aveugle tout ce temps.

– Tu as Jenna et Maddy, il faut à tout prix qu’on arrive à…

– Rester amis ?

– Tu l’aimes aussi…

– Ce n’est pas pareil, claqua-t-il sèchement alors que je me redressais afin d’ancrer mon regard au sien.

– Que veux-tu dire ? Tu l’aimes, tu l’as dit ! Qu’est-ce que tu fais, Went ?

– J’en sais rien… ça était si vite quand je l’ai revue… et quand j’ai su que j’avais une fille… je…

Ce n’était pas la peine qu’il aille plus loin.

Je saisis.

Amèrement je le comprenais, car je le connaissais mieux que personne. Went était un homme responsable et il voulait assumer, quitte à se sacrifier lui-même pour le bonheur de son enfant et de la mère qui l’avait profondément attristée.

Je fermai les yeux, tentant de recouvrer mes esprits.

– Explique-moi si cela peut t’aider à comprendre, mais… des gens vont souffrir quoi que tu fasses et… je ne veux pas être la femme qui est la cause des…

– Chut… m’interrompit-il en posant son pouce sur mes lèvres. Je ne veux pas te faire souffrir, Sarah.

– Je saurai m’en sortir, Went, répliquai-je en me relevant avant de faire quelques pas dans le salon. Tu dois assumer tes responsabilités. Mets-toi en tête que nous sommes amis, il faut que tu le fasses…

– Ce n’est pas si simple.

– Je le sais, mais tu y arriveras. Tu es quelqu’un d’intègre et tu lui seras fidèle, d’accord ? lui demandai-je en évitant son regard brillant d’émotion. Nous avons des vies différentes maintenant alors n’en parlons plus, s’il te plaît. Promets-le-moi, c’est tout ce que je te demande alors si…

– Tu me demandes beaucoup là.

Je me relevai et fis un pas dans la pièce.

– Si tu m’aimes, tu le feras, murmurai-je en détournant les yeux.

Du coin de l’œil, je le vis se lever. Il s’approcha et je fis un pas en arrière, mais il fut plus vif que moi.

– Je t’aime, Sarah, souffla-t-il en prenant mon visage entre ses mains.

– Ne dis plus ça, m’efforçai-je d’articuler en levant mes yeux, déterminés vers les siens.

Nous restâmes alors silencieux pendant quelques instants. Ses mains recouvraient toujours mes joues, leur infligeant une vraie torture de caresses du bout de ses doigts. Mais je ne bronchais pas, trop absorbée par le regard intense qu’il vrillait au mien.

Quelque part en moi, je savais que mes résistances s’effondreraient à la seconde même où il pencherait la tête pour m’embrasser. Je céderais et la culpabilité en serait plus énorme, mais je pouvais lire dans son regard qu’il avait compris que je ne voulais pas être cette femme-là. Celle qui va le retrouver après avoir quitté sa famille. Je ne pouvais pas et il était assez gentleman pour ne pas me l’infliger.

– Alors, ça sera toujours comme ça entre nous ? Amis ? demanda-t-il d’une voix vibrante de chagrin.

Je hochai la tête, refoulant mes larmes au plus profond de mon être, et lui esquissai un faible sourire, retrouvant notre complicité d’antan.

– Je ne veux pas perdre ce lien, Went. Je ferai tout pour que tu te sentes moins…

– Coupable, amer ? continua-t-il en poussant un long soupir.

– Inutile de te sentir coupable, Went. Ce sont les aléas de la vie…

– Oui, mais ils nous sont tombés dessus au mauvais moment, répliqua-t-il en m’adressant un faible sourire.

– On y arrivera, fis-je en inspirant profondément avant de m’écarter de lui.

– OK…

Approuvant notre accord, un large sourire se dessina sur mes lèvres alors que je me contentais de taire la douleur qui grondait au plus profond de mon âme, me rappelant pourtant les peines que je ressentirais encore, inlassablement.

– Rien n’a existé entre nous… nous ne sommes que les meilleurs amis du monde et rien n’y personne ne pourra casser ça, c’est ce que tu veux, tu en es certaine ?

– Oui, dis-je tout aussi troublée en secouant la tête.

– OK… Qu’est-ce que tu dirais si on commençait à répéter dans ce cas ?

Je savais pertinemment qu’il refoulait également l’envie d’arrêter cette comédie. Mais j’étais consciente aussi – et c’était le plus important – que nous défions cette situation. Il fallait que nous enterrions à jamais nos sentiments réciproques et restions lucides sur nos rôles qui seraient les plus périlleux que nous connaîtrions dans nos carrières respectives.

Went

Vendredi… nous étions déjà arrivés en fin de semaine et la réception de Paul avait lieu le lendemain.

Je la redoutais… plus que tout…

Je venais de rentrer du tournage, épuisé, et je me surpris à devenir de plus en plus agacé d’entendre des cris incessants. Je fermai les yeux, tentant de garder mon calme alors que je rêvais pourtant de rester tranquille à la maison, dans un silence apaisant comme j'en avais toujours eu l'habitude en rentrant chez moi après une journée harassante de tournage. Or, ce n’était plus le cas.

Déjà à mon arrivée, j’avais remarqué l’attitude éloignée de Jenna, les bavardages incessants de Maddy m’avaient littéralement donné la migraine.

Et maintenant, elles se mettaient à se disputer toutes les deux !

Un grognement d’agacement s’échappa de mes lèvres puis je me décidai à me lever du canapé pour me rendre à l’étage voir ce qu’il se passait entre elles.

Arrivé devant la porte de la salle de bain, je me stoppai, constatant que Maddy était dans le bain alors que Jenna s’évertuait à la sortir de la baignoire. La petite n’était pas d’accord. Un léger sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je restais derrière la porte.

– Je vais dire à papa que tu veux pas !

– Ton père est en bas, laisse-le tranquille ! Maintenant tu sors de là, Maddy !

– Non ! Je veux jouer encore un petit peu.

– Je te promets que si tu ne sors pas tout de suite de la baignoire…

– T’as pas le droit de faire du chantage, papa a dit que c’était pas bien !

– Ne mêle pas ton père à tout ça, Maddy.

Elle avait l’air vraiment énervé, il fallait intervenir. J’ouvris alors la porte et les fixai à tour de rôle.

– Papa…

– Ça suffit !

Je ne savais pas ce qu'il lui prenait, mais elle venait de hurler sur notre fille qui se mit à pleurer.

Hébété, je lançai un œil vers Jenna, mais celle-ci me foudroya du regard.

– Oh, Maddy…

– T’es méchante !

– Oui… ne pleure pas…

– Qu’est-ce qui te prend de lui crier dessus comme ça ?! claquai-je, furieux, en pénétrant dans la pièce, voyant Maddy en pleurs. Viens là, ma puce, murmurai-je en enveloppant ma fille dans une serviette avant de la prendre dans mes bras.

– Je… elle fait exprès de me provoquer, murmura Jenna d’une voix tremblante, à bout de nerfs.

Je me tournai vers elle et la trouvai complètement perdue. Je soupirai puis secouai la tête avant de sortir de la pièce, ne prenant pas la peine de lui répondre, du moins pas maintenant, pas en la présence de Maddy.

– On va aller mettre ton pyjama, d’accord ? demandai-je à ma fille qui me sourit timidement avant de coller son visage dans mon cou.

Jenna

Je me retrouvai seule avec la culpabilité pour unique compagnie à l’épuisement que je ressentais. Je m’installai sur le bord de la baignoire, prévoyant un malaise imminent, et je fermai les yeux avant de me mettre à sangloter silencieusement.

Qu’est-ce qui m’avait pris ?

Je restais quelques minutes là à injurier mon traitement, cause de mon comportement lunatique, d’après le médecin. Je tentai de me calmer, de reprendre mes esprits, tout en me demandant comment j’allais expliquer cette crise de nerfs à Went. Ce qui n’arrangerait pas le sentiment d’éloignement que j’éprouvais.

Depuis deux jours, je le trouvai si distant avec moi. Les moments intimes que nous avions étaient vite devenus inexistants ou presque.

La veille, il était rentré très tard, je dormais déjà. Oh bien sûr, je comprenais que son travail soit important, mais si j’avais imaginé que la vie de couple se résumait à de brefs aperçus comme nous le vivions en ce moment, je me demandai si j’aurais accepté de le suivre, surtout que je restai consciente du peu de temps qu’il me restait.

Ce fut à cet instant que la conversation avec le médecin revint à mon esprit…

J’y étais allée dans la journée et, déjà, dans la salle d’attente, j’avais pressenti que notre couple n’était pas au meilleur de lui-même et j’avais pris le temps de tout analyser. Je n’avais jamais autant ressenti ce manque de tendresse pourtant bien connu depuis que j’étais arrivée dans ce bas monde.

Bas monde… je devrais être heureuse pourtant.

Ma fille était présente et nous étions réunis au côté de l’homme que j’aimais plus que tout depuis toujours.

Était-ce peut-être le problème ?

Je secouai la tête nerveusement, persuadée que je me faisais des films aux doutes de mes propres sentiments.

Ne l’aurais-je pas trop mis sur un piédestal ?

Depuis mon enfance, je l’avais toujours considéré comme mon plus grand héros.

L’homme qui m’offrait de tendres sourires lorsque je n’avais plus le goût de vivre.

L’homme qui s’interposait entre mon père et moi dans les moments de confrontation.

L’homme avec qui je pouvais parler lorsqu’il revenait à New York.

L’homme tout simplement, tendre et aimant, celui qui ne montrait aucun préjugé et vous ouvrait son cœur et sa sympathie.

Alors pourquoi ressentais-je ces sentiments contradictoires ?

Peut-être que je l’idolâtrais un peu trop…

Je ne devrais pas ressentir cela, mais je ne pouvais faire autrement…

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