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«Mais qu’est-c’que c’est qu’ce nom?
— ça te r’garde pas.
— C’est un nom de nègre!
— J’ai l’air d’un nègre, peut-être?
— t’as pas l’air d’un italien non plus.
— Je suis américain.
— C’est ça, c’est ça…, s’esclaffèrent les gosses qui l’entouraient.
— Je suis américain!
— si tu veux entrer dans notre bande, y faut qu’tu t’débarrasses de ce nom de merde.
— Va t’faire foutre!
— mais c’est toi qui vas t’faire foutre, Christmas mon cul!»
Christmas Luminita s’éloigna en traînant les pieds – nonchalant, mains dans les poches, une grosse mèche de cheveux blonds tombant sur le front, et un fin duvet clair qui commençait à se former au-dessus des lèvres et sur le menton. il avait quatorze ans mais des yeux d’adulte, comme beaucoup de jeunes de son
âge grandis dans les logements sans fenêtres du Lower east side.
«bientôt, moi aussi j’aurai ma propre bande, connards!» hurlat-il lorsqu’il fut certain d’être hors de portée de tout jet de pierre.
il fit mine d’ignorer le concert de moqueries qui le suivit tandis qu’il tournait dans une ruelle sale et non pavée.
Afficher en entierLe rêve Américain, quelle connerie ! Il aurait fait connaître à ces peaux délicates, habituées aux bains chauds et aux vêtements de laine, la sensation cuisante du cauchemar américain.
Afficher en entierIl avait pensé qu'ils seraient restés là, l'un près de l'autre, oublieux du monde environnant. Il avait cru qu'elle n'aurait pas détaché un instant ses profonds yeux verts des siens. Et que, dans ce regard sans fin, ils se seraient dit tout ce qui ne venait pas aux lèvres de deux adolescents. Cet échange de regards, forgé par le destin, aurait comblé l'océan qui séparait une jeune fille riche d'un crève-la-faim.
Afficher en entierUn fils de putain vaut autant que cent fils à papa, n'oubliez jamais ça !
Afficher en entierCe qui l'avait fait grandir si rapidement, ce qui l'avait arraché à l'adolescence c'était l'amour. Or, l'amour, ça enflammait, ça consumait, ça faisait devenir beau mais laid aussi. L'amour changeait les gens, ce n'était pas une fable. La vie n'était pas une fable.
Afficher en entier"Bon, il fait tard, New-York... fit la voix chaude de Christmas, remplissant de ses notes lumineuses la régie plongée dans le voix. Mais je reviendrai. Maintenant, ma bande m'attend. Les Diamond Dogs. Vous en avez entendu parler, n'est-ce pas ? Bien sûr, nous sommes célèbres, et c'est pour ça que je sais tant de choses... Mais je vous les apprendrai à vous aussi, les plats - et, si ça se trouve, un jour vous pourrez entrer dans mon gang... Alors ouvrez bien vos oreilles !"
Afficher en entier"Ici, c'est pas une ville, et c'est pas non plus une jungle, contrairement à ce qu'on raconte. C'est juste une cage, et nous sommes trop nombreux. C'est facile de devenir fou. C'est plus un jeu, maintenant, c'est du sérieux. Mais tu as encore le temps de devenir un homme et pas un voyou."
Afficher en entier"Si quelqu'un fait du mal à une femme, je lui coupe le zizi de mes mains et je le tue. Ce sont les règles de ma bande, fit Christmas en faisant un pas vers le garçon. Et s'ils me font la peau, je reviendrai de l'au-delà pour faire de leur vie un cauchemar sans fin. Ceux qui s'en prennent aux femmes sont des lâches. C'est pour ça que j'en ai rien à foutre, d'être ici. Moi, j'ai pas peur."
Afficher en entier"Je sais ce qui t'est arrivé, lui chuchota-t-elle à l'oreille. Ne dis rien."
Et lorsqu'elle se leva du divan, elle avait dans le regard une douleur et une haine qu'elle avait pourtant cru trop profondément ensevelies pour jamais pouvoir être exhumées. Elle avait les yeux de cette petite paysanne de l'Aspromonte qu'elle avait été autrefois, celle qui avait été violée et dépucelée dans un champ de blé, et dont elle avait voulu tout oublier - tout, sauf Christmas. Spoiler(cliquez pour révéler)Elle avait les yeux de cette passagère clandestine qui avait troqué auprès du capitaine de vaisseau son voyage en Amérique contre deux semaines de viol - ce capitaine qu'elle revoyait soudain, et très nettement, le visage et les mains immondes. Cetta avait les yeux d'une fillette et un regard féroce.
Afficher en entierC'est alors qu'elle le vit. Ses cheveux couleur du blé décoiffés sur le front. Ses yeux sombres, profonds al passionnés. Et ce ridicule bonnet à la main. Et aussitôt, sans qu'elle puisse rien contrôler, l'image de Christmas se retrouva embuée de larmes.
Le garçon fit un pas hésitant en avant, se détachant de la foule, alors que désormais il était trop tard et qu'ils ne pouvaient plus rien se dire. Mais leurs regards se mêlaient. Et dans ces yeux voilés de larmes, il y avait plus de mots qu'ils n'auraient jamais pu prononcer, plus de vérité qu'ils n'auraient pu avouer, plus d'amour qu'ils n'auraient pu montrer. Et plus de douleur qu'ils n'étaient capables de supporter.
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