Extraits

« — Inutile de jouer les offusqués, mon cœur. Tu n’as pas ton mot à dire sur ce point. Je t’ai revendiqué devant la meute, ce qui signifie que tu as ma confiance, mais aussi qu’aucun autre loup n’a le droit de te toucher, et encore moins te réclamer comme sien. Je t’ai dit que j’attendrais, mon cœur ; je n’ai jamais prétendu que je jouerais selon les règles.

Je le regardai, estomaqué. Non, mais il se fichait de moi ? Foutu loup possessif ! Non pas que j’avais l’intention de sortir avec un de ses loups, mais il m’avait carrément collé une étiquette « chasse gardée ». Combien avait-il dit qu’il y avait de loups dans sa meute ? Plus de deux cent cinquante ? Deux cent cinquante individus m’avaient classé dans la case « appartenant au patron »… J’étais mortifié. »

« Il sourit tendrement et se pencha pour m’embrasser sur la joue.

— Ne cherche pas à comprendre, mon cœur. Certaines choses n’ont pas besoin d’explications. Il se leva et s’étira.

— Il est tard ; nous devrions dormir. Je vais me transformer. Je dormirai sur la moquette.

— Tant que tu ne recommences pas à me lécher. Brusquement, il me fit basculer en arrière sur le lit et m’emprisonna dans la cage de ses bras, une main de part et d’autre de ma tête. Un sourire de prédateur sur le visage, il s’approcha doucement de mon oreille.

— Je n’ai pas besoin d’être un loup pour avoir envie de lécher chaque partie de ton corps affolant, bébé, susurra-t-il. Il me donna un léger coup de langue sur la mâchoire pour illustrer son propos avant de se redresser souplement.

— Bonne nuit, mon cœur, dit-il en me tournant le dos. »

« Je pris ses mains dans les miennes et elle considéra nos mains liées avec méfiance, comme si ma folie était contagieuse.

— Chérie ? Ma puce ? Peux-tu un instant faire comme si je n’y connaissais rien aux loups ?

— Tu n’y connais rien aux loups, affirma-t-elle en retroussant son petit nez.

— Je vois que tu as saisi l’idée, répondis-je en lui adressant un sourire taquin. Maintenant, pourrais-tu me dire comment je peux être le compagnon de Graham, alors que nous ne sortons même pas ensemble ?

— Parce qu’il l’a dit.

— Et c’est tout ?

— Bien sûr que c’est tout ! asséna-t-elle, toujours en fronçant les sourcils. Tu poses de ces questions, toi !

— Tu as probablement raison, soufflai-je en lui lâchant la main.

J’allais devoir avoir une nouvelle conversation avec ce loup arrogant. »

« Elle se tourna prestement et vint vers lui en faisant des petits bonds de sauterelle. Vu mon cœur d’artichaut concernant les femmes, il ne m’en fallut pas plus pour tomber amoureux.

— Oh, il est si mignon, Graham, s’extasia-t-elle. Je l’adore !

Hein ? Elle parlait de Swann ?

— On peut le garder ? supplia-t-elle.

Oui, elle parlait de Swann. Cette fille s’avérait difficile à suivre. Graham lui caressa la tête comme il l’avait fait avec le jeune loup, puis plongea son regard dans le mien.

— Ma puce, si ça ne tenait qu’à moi, Adrian ne quitterait plus jamais cette maison.

Oh ! Elle ne parlait définitivement pas de Swann. »

— Café ? me proposa-t-il.  Je tendis ma tasse avec reconnaissance et l’arrêtai d’une main sur son bras lorsqu’il repartit la poser sur son socle.

— Laissez la bouteille ici, barman, j’ai eu une rude journée.  Il s’esclaffa et reposa la carafe sur la table, alors que je m’enfilais la moitié de ma première tasse d’une traite.

Graham sonna à la porte de l’appartement en tout début d’après-midi, alors que nous terminions à peine notre déjeuner. Je sus que c’était lui avant même d’ouvrir, à la façon dont le petit loup se rua vers la porte en poussant de petits gémissements. Je passai devant lui et lui caressai tendrement la tête.

— Je sais que tu es content de le voir, trésor, le taquinai-je, mais essaye de ne pas lui faire pipi dessus. Un rire joueur retentit de l’autre côté de la porte. Mon visiteur riait toujours lorsque je lui ouvris.

— Est-ce que tu te rends compte de ce que tout ceci signifie ?

— Ça signifie que j’ai un pouvoir super cool ?

— Ça signifie, reprit-il, pas le moins du monde perturbé par mon trait d’humour, que les cieux nous ont menti. Je levai un sourcil interrogatif dans sa direction.

— Tu es sûr que critiquer un patron qui peut te foudroyer dans la seconde pour insubordination est une bonne idée ?

— Je suis sérieux, Adrian. Je me suis toujours demandé pourquoi les cieux intervenaient dans les affaires des éléments. Et s’ils avaient fait en sorte que les gardiens et les călugări oublient ? Ou peut-être que les moines n’ont pas oublié. Peut-être que c’est leur façon de se mêler de la protection des éléments.

— Une théorie du complot qui implique l’Église et le paradis ? Tu déconnes, Brius ! Dans quel but ?

— Ça s’est bien passé, hier soir ?

— Plus ou moins, soupirai-je. Je me suis brouillé avec Brius, j’ai blessé Graham, Swann et moi avons été brutalisés par un groupe d’homophobes, et un loup de la taille d’un poney m’a léché le visage. Dans l’ensemble, c’était une soirée comme une autre

Une sorte de feulement retentit à l’autre bout du fil.

— Javid ?

— Ces chiens n’ont pas intérêt à revenir dans les parages ou je leur arrache la tête avec les dents.

— Merci pour cette charmante image. Rappelle-moi de ne jamais te mettre en colère.

— Si je ne t’avais pas rencontré, commença le bêta installé sur le siège conducteur, je n’aurais jamais cru ça possible.

— Quoi ? l’interrogeai-je en passant mes doigts dans les doux cheveux de Swann. Celui-ci ferma les yeux et se laissa aller à nouveau aux caresses.

— Toi. Tu es impressionnant. Je levai les yeux vers lui, fronçant les sourcils.

— Tu as rencontré ce gamin il n’y a pas une heure, et il a déjà complètement confiance en toi, alors que tu n’es même pas un loup. Merde, ce gosse n’est pas n’importe qui. C’est juste complètement dingue que lui en particulier réagisse comme ça avec toi. Je voulus lui demander ce qu’il y avait de si spécial avec Swann, mais il poursuivit.

— Et Graham, merde ! Oui, il est terrifiant. Même à moi, parfois, il me fait peur quand il est en rogne. Et toi, tu lui donnes presque des ordres. Rentrons-le ! Habillons-le ! Je viens avec vous… Tu ne cilles même pas quand il gronde. Soit tu es complètement barge, soit tu es vraiment sûr de toi. Dans les deux cas, tu es juste complètement barré.