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L’obscurité.

C’était le seul moyen d’échapper à la prison dans laquelle il vivait.

La plage déserte s’étendait devant lui, tel un monde vierge dont personne n’aurait encore dressé la carte. La mer la bordait comme un immense serpent aux ondulations incessantes. Les vagues venaient s’y briser, puis se retiraient pour laisser le sable humide refléter un instant les rayons de lune. La brise qui lui caressait la peau semblait l’inciter à jouir de ses quelques heures de liberté, du crépuscule à l’aube.

Noah Drake ferma les yeux pour inspirer profondément l’air moite et salé. Il enfonça ses doigts de pied dans le sable en essayant de l’imaginer brûlant sous la caresse du soleil. En se concentrant davantage, il parvint presque à se convaincre que ses rayons bienfaisants lui réchauffaient la peau.

Il ouvrit les yeux.

Ce n’était qu’un songe.

Plus jamais il ne connaîtrait cette sensation délicieuse. La lune se dégagea des gros nuages violets qui la masquaient. Aussitôt le sable parut plus blanc et l’eau plus bleue. Cela faisait cinq longues années qu’il était condamné à l’obscurité. Cette idée l’emplissait d’une rage aussi insistante que le bruit des vagues, qui lui était devenu aussi familier que les battements de son cœur.

Il ramassa les chaussures qu’il avait posées à côté de lui et se mit à courir.

Il courut sur la plage, puis s’enfonça dans la forêt, dont les grands arbres ressemblaient à des troupes prêtes pour l’assaut. La végétation du sous-bois y était aussi dense que le feuillage, qui rendait l’obscurité impénétrable, mais cela ne dérangeait plus Noah. Sa vision s’était adaptée depuis longtemps à son existence nocturne, et son ouïe s’était affinée dans le silence de l’exil qu’il s’était imposé.

Il était seul et condamné aux ténèbres, comme un vampire. Sauf qu’aucune soif de sang ne l’incitait à survivre.

Il devait se contenter d’exister.

Noah courut dans les ténèbres jusqu’à un endroit où aucun autre habitant de Saint-Gabriel n’osait aller, même en plein jour.

Le concert des grillons était presque assourdissant. Il inspira profondément l’air de la nuit jusqu’à ce que son cœur se soit calmé. Sa course l’avait fait transpirer, mais il se sentait purifié par les gouttes de sueur qui coulaient sur sa peau.

Il s’approcha du grand bâtiment qui se dressait fièrement au milieu de la clairière avant que celle-ci ne soit engloutie par la forêt tropicale. Le lierre qui recouvrait les murs de l’ancienne chapelle en masquait la vétusté. A l’intérieur, il faisait aussi noir que dans une tombe — ce qui lui convenait à merveille, puisque les habitants de l’île le prenaient pour un mort-vivant, sans doute un lointain cousin du comte Dracula.

Un animal — sans doute un raton laveur — s’enfuit de la chapelle aux portes grandes ouvertes. Noah contourna l’édifice pour atteindre le cimetière qui s’étendait derrière. L’herbe lui arrivait au genou, mais il ne craignait pas les serpents qui pouvaient s’y cacher. N’était-il pas le mort-vivant de l’île ? Noah Drake n’avait peur de rien.

Sauf de la lumière.

Et d’un passé qui le privait d’avenir, comme d’une vie présentant un semblant de normalité.

Des pierres tombales primitives noyées dans la végétation portaient les noms des habitants de Saint-Gabriel qui reposaient là. Plus personne ne s’approchait de ce cimetière. D’après la rumeur, il était maudit depuis qu’on y avait enterré une prêtresse vaudoue, une trentaine d’années plus tôt. Cette femme s’était-elle sentie aussi seule dans ses croyances qu’il l’était dans son exil ? se demanda Noah.

Mais il était seul, non pas esseulé. Il n’avait besoin de personne. Et il y avait son œuvre, qui lui permettait d’exprimer sa perception singulière de la solitude.

Noah erra sans but pendant des heures. Il était rare qu’il s’éloigne autant et aussi longtemps de son sanctuaire. Une erreur stupide, une simple chute pouvait lui être fatale si elle l’empêchait de regagner sa maison avant l’aube… Mais il avait éprouvé le besoin d’échapper à ses démons, et ces balades nocturnes étaient le seul moyen dont il disposait.

Ils allaient finir par le rattraper.

Et il ne pouvait que les attendre. C’était cette attente qui le minait, non la peur de la mort.

Les signes avant-coureurs de l’aube finirent par le repousser vers sa maison. Noah ralentit le pas en s’en approchant. C’était la réalité qui l’attendait à l’intérieur. Il tourna les yeux vers les lueurs pourpres qui apparaissaient à l’est. Ce monde qu’il fuyait représentait la liberté et l’espoir.

Mais le temps pressait. Il devenait indispensable qu’il rentre. La caresse d’un seul rayon de soleil lui serait fatale.

Il observa la prison qu’il s’était choisie en dirigeant ses pas vers elle. C’était une maison victorienne à deux étages de style gothique. Il y aurait eu beaucoup à faire pour lui rendre sa gloire passée, mais elle était encore impressionnante. Pour qui avait une âme sensible, elle incitait au rêve et à la mélancolie.

Des volets anti-ouragan — qu’on n’ouvrait plus jamais — masquaient ses hautes fenêtres. Plus d’un siècle après la construction de cette maison, ce dispositif était devenu vital pour son nouveau propriétaire. A l’intérieur, d’autres volets et d’épais rideaux rendaient ses occupants aveugles au monde extérieur. Son sanctuaire était parfaitement opaque. Aucun rayon de lumière n’y pénétrait jamais.

Lorsqu’il atteignit la moustiquaire de la porte — qu’on avait dû ajouter dans les cinquante dernières années — Noah se tourna une dernière fois vers l’océan. C’était lui qui l’avait incité à choisir ce lieu d’exil. Le bruit des vagues l’apaisait, et son immensité était d’une beauté saisissante, même quand on était condamné à ne la contempler qu’au clair de lune.

C’était l’océan qui l’empêchait de devenir fou.

Une voix bienveillante et chargée de reproches l’accueillit dès qu’il ouvrit la porte.

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