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Le Gordon McHeath, tome 2 : La Fiancée des Highlands



Description ajoutée par crepe-au-sucre 2012-05-18T14:59:17+02:00

Résumé

Ecosse, 1817.

Sauvée d’une terrible chute par un séduisant inconnu, Moira est tellement troublée qu’elle le remercie par un baiser brûlant ! Soudain, dans les bras de ce ténébreux, elle se prend à rêver d’une liaison passionnée…. Pourtant, ce n’est vraiment pas le moment de se laisser aller aux folies : ne vient-elle pas de rompre ses fiançailles avec l’insupportable Robert McStuart ? Certes, leur mariage était voué à l’échec, mais est-ce une raison pour ajouter au scandale en flirtant avec un parfait étranger ? Vite, Moira s’éclipse. Mais, quelques jours plus tard, son audace la rattrape : elle découvre que son ange gardien n’est autre que Gordon McHeath, l’avocat que son ex-fiancé a engagé pour la poursuivre en justice…

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Classement en biblio - 46 lecteurs

extrait

** Extrait offert par Margaret Moore **

Chapitre 1

Highlands d’Ecosse, 1817

Lancé au petit trot sur la route de Dunbrachie, Gordon Mac Heath prit une profonde inspiration, savourant l’air pur et frais de la montagne. Décidément, il était resté trop longtemps en ville ! Après tant d’années passées à Edimbourg, il avait oublié combien l’air des Highlands pouvait être revigorant. Il s’était trop accoutumé à la fumée, au bruit et à la foule de la cité trépidante. Ici, le silence n’était rompu que par des chants d’oiseaux ou un occasionnel bêlement de brebis.

Sur sa gauche, la pente tapissée d’ajoncs et de fougères étalait ses nuances déjà automnales, tandis qu’à droite s’élevait un bois de bouleaux, d’aulnes et de pins. Les aiguilles des résineux étaient d’un vert profond et leur parfum flottait jusqu’à lui sur l’aile de la brise, évoquant des images de Noël et de sombres nuits d’hiver, bien qu’on ne soit qu’en septembre. Les feuilles des autres arbres commençaient à prendre de chaudes teintes d’or et de brun, et le sol était recouvert d’un épais tapis de mousse. A travers les troncs, Gordon distingua un ruisseau d’eaux vives où devaient abonder les saumons au printemps.

Malheureusement pour lui, il avait aussi oublié à quel point le vent pouvait être frais dans les Highlands. Et ces lourds nuages gris qui s’amoncelaient à l’horizon ne présageaient rien de bon. S’il ne voulait pas être surpris par l’averse, il allait devoir faire hâter le pas à son cheval de louage.

Il s’élançait après avoir éperonné sa monture, quand un aboiement s’éleva tout à coup près de là, brisant la paix de la campagne environnante. Ce n’était pas l’appel d’un chien de chasse, mais plutôt celui d’un molosse qui a détecté la présence d’un intrus. Un chien de berger, peut-être, ou un bulldog préposé à la garde d’une hutte.

Gordon se souleva sur ses étriers et promena un regard alentour. Mais il ne distingua ni troupeau ni cabane qui aurait pu justifier la présence d’un tel animal.

— A l’aide ! A l’aide !

A peine audible, la voix féminine montait des profondeurs du bois, en partie couverte par les aboiements frénétiques et le grondement du ruisseau. Mais il n’y avait pas à se méprendre sur le sens et la connotation désespérée du message.

Gordon enfonça les talons dans les flancs de son canasson et tenta de lui faire quitter la route pour le diriger vers le lieu d’où provenait le tapage. Hélas ! L’animal était le plus rétif qu’il ait jamais monté et refusait tout bonnement d’obéir. On aurait dit une mule plutôt qu’un cheval !

Avec un juron, Gordon mit pied à terre, attacha ses rênes à une branche et se fraya un chemin entre les arbres, sur la pente rocheuse et glissante. Un buisson de houx accrocha la manche de sa pèlerine et ses bottes de cavalier furent bientôt maculées de boue. Une branche qu’il n’avait pas vue heurta son chapeau, qui tomba sur le sol.

En se penchant pour le ramasser, Gordon glissa, tomba lourdement par terre et n’eut que le temps de se rattraper à une basse branche pour ne pas dévaler tout le versant de la montagne. Au loin le chien continuait à aboyer et Gordon entendit de nouveau crier l’inconnue.

— Venez à mon secours, je vous en prie !

La voix résonnait plus près cette fois, Dieu merci, même si la femme était toujours invisible.

Gordon se releva tant bien que mal, et ce fut alors qu’il aperçut le chien. Noir et râblé, l’animal furieux se tenait au pied d’un jeune bouleau au tronc mince qui se dressait tout près du ruisseau. Avec sa tête énorme, ses babines retroussées et ses prunelles fixes, le chien était bien la plus affreuse créature que Gordon ait jamais vue de sa vie. Dressé sur ses pattes dans une pose agressive, il grondait férocement, un filet de salive coulant de sa gueule entrouverte.

Malgré ces signes inquiétants, la bête n’était pas enragée, Gordon le constata au premier coup d’œil. Il avait déjà vu une fois un chien atteint de la rage et c’était un spectacle qu’il n’oublierait jamais. Mais il n’en devait pas moins se montrer prudent.

— Vous n’êtes pas blessé, j’espère ? s’enquit la voix féminine.

Elle provenait du même endroit que celui où se tenait le chien, et à en juger par sa diction ce n’était pas celle d’une bergère ni d’une paysanne.

— Non, non, je n’ai rien.

— Dieu merci !

Mais où diable était-elle ? Gordon avait beau scruter les alentours, il ne voyait toujours que le chien et le tronc du bouleau. A moins que…

Tout en s’approchant prudemment, il leva les yeux vers la cime de l’arbre. Elle était là-haut, perchée sur une branche qui ployait dangereusement sous son poids, aussi léger qu’il soit.

En dépit des circonstances, Gordon ne put s’empêcher de remarquer que la dame était exceptionnellement jolie, avec des traits fins, de grands yeux sombres et une profusion de boucles noires dépassant d’un chapeau en velours jonquille, assorti à une amazone de même nuance. Visiblement, ce n’était pas une vagabonde ni une rôdeuse.

— Et vous, êtes-vous blessée ? interrogea-t-il tout en analysant la situation.

— Non. Du moins pas encore. Mais faites vite, je vous en prie !

Gordon plissa le front. Que faire ? Il avait bien un pistolet dans sa pèlerine bleu indigo, car aucun homme un peu prudent n’aurait voyagé sans arme dans cette partie du pays, mais il ne tirerait sur l’animal qu’en dernier recours. Après tout, le chien ne faisait peut-être que son travail de gardien. Si la jeune femme s’était aventurée sur une propriété privée, par exemple…

Aussi, au lieu de tirer son pistolet, se contenta-t-il de ramasser une pierre qu’il cala bien dans sa paume. Il avait été un excellent joueur de cricket à l’école. Pourvu que ce talent ne l’ait pas tout à fait abandonné ! songea-t-il en visant les pattes arrière de l’animal.

Le caillou atteignit bien sa cible, attirant l’attention du chien sur le lanceur. Malheureusement, la bête ne déguerpit pas pour autant. Gordon chercha des yeux un autre projectile, assez lourd pour mettre le molosse en déroute sans le blesser trop gravement. En tant qu’avocat, il imaginait déjà le propriétaire lui intentant un procès pour avoir tué un honnête animal protégeant ses terres !

— Mon Dieu ! Mon perchoir est en train de craquer ! s’écria soudain l’inconnue.

Gordon mesura du regard la distance qui séparait la branche du sol et son sang se glaça dans ses veines. Terrible chute en perspective, si la jeune femme venait à choir…

En fin de compte, il avisa un éclat de roche un peu plus gros, qu’il empoigna tant bien que mal. Le morceau était gluant de boue, mais il réussit à le lancer avant qu’il ne lui glisse des mains. Cette fois, le projectile atterrit sur le dos du chien avec assez de force pour le mettre en fuite. L’animal poussa un hurlement et s’éloigna en boitant vers le ruisseau, où on l’entendit plonger dans une gerbe d’éclaboussures.

Gordon courut aussitôt vers le bouleau.

— Merci, fit la jeune femme d’une voix à peine audible. Je craignais de devoir rester là toute la nuit !

Gordon la distinguait mieux à présent. Agrippée tant bien que mal au mince tronc blanc, elle oscillait sur une branche qui ne devait guère avoir plus de dix centimètres de diamètre. Gordon lui donna une vingtaine d’années à peine. Outre son amazone, elle portait des gants et des bottines de cuir souple. Son teint était clair, ses lèvres roses délicieusement dessinées, et elle fixait sur lui un regard brun où brillait une franche admiration.

— Ce n’est rien. Je suis heureux d’avoir pu vous être de quelque secours.

— Et moi je me réjouis que le hasard vous ait fait passer par ici au bon moment.

Elle se mit en devoir de descendre, avec une agilité inattendue.

— Je remercie également le ciel d’avoir passé tant de temps à escalader la charpente des entrepôts de mon père quand j’étais petite ! reprit-elle avec un soupçon d’espièglerie dans la voix. Je n’ose pas imaginer ce qu’il me serait arrivé si je n’avais pas su grimper dans cet arbre !

Des entrepôts ? Le père de l’inconnue devait être fort à son aise en ce cas, ce qui expliquait l’élégante amazone de velours. Gordon ne put s’empêcher de se demander si la belle enfant avait aussi une mère, des frères et des sœurs. Et pourquoi pas un époux ? Elle avait l’âge d’être mariée après tout !

Sa curiosité sur ce dernier point resta momentanément en suspens lorsque la traîne de l’amazone se prit dans une branche plus petite, révélant d’abord un pied botté, puis une fine cheville et un adorable mollet gainé de soie.

Gordon en resta un instant sans voix, puis se reprit dans un sursaut. Seigneur, à quoi pensait-il ?

— Je… je vous demande pardon. Votre ourlet s’est accroché.

La jeune femme s’empourpra.

— Euh… Oui, on dirait. J’ai grimpé dans ce bouleau en un clin d’œil quand cet affreux chien s’est élancé sur moi. La peur me donnait des ailes ! Mais descendre est une autre affaire.

— Permettez-moi de vous aider, proposa-t-il lorsqu’elle eut atteint la dernière branche, à un mètre environ du sol.

Bien qu’il n’ait pas la moindre idée de la façon dont il allait s’y prendre, Gordon ôta en hâte ses gants boueux et les enfonça dans sa poche avant de s’avancer vers elle. Comment procéder ? La saisir à bras-le-corps eût été hautement inconvenant. Quoique en ces circonstances…

La jeune personne le tira d’embarras en posant d’elle-même les mains sur ses épaules. Puis elle sauta, au moment précis où il s’apprêtait à la saisir par la taille.

Gordon ne s’y attendait pas. Le mouvement avait été si rapide et assuré qu’il faillit perdre l’équilibre et ils auraient tous deux roulé sur le sol s’il n’avait instinctivement resserré les bras autour d’elle. Il ignorait jusqu’au nom de cette jeune fille et, pourtant, la tenir ainsi contre lui semblait la chose la plus appropriée du monde. Plus que cela même ! C’était une sensation absolument merveilleuse, comme si la place de cette femme avait été dans ses bras et nulle part ailleurs !

Ce qui était bien la pensée la plus folle qu’ait jamais conçue son esprit de juriste… Pis encore ! Voilà qu’il rougissait à présent comme un collégien, lui, un homme de près de vingt-neuf ans qui avait tout de même tenu un certain nombre de femmes dans ses bras !

— Eh bien, vous voilà enfin saine et sauve, observa-t-il avec un sourire, tâchant de se montrer aussi naturel que s’il avait accompli ce genre de sauvetage tous les jours de sa vie.

— Merci d’avoir volé à mon secours. Je ne sais ce que j’aurais fait si vous n’étiez pas arrivé, monsieur… euh… monsieur ?

— Mac Heath. Gordon Mac Heath, d’Edimbourg.

— Eh bien, j’ai une grande dette envers vous, monsieur Mac Heath d’Edimbourg !

C’était bien la première fois que Gordon entendait prononcer le mot « dette » avec autant de plaisir. Mais la suite dépassa tout ce qu’il aurait pu imaginer ! Sans un mot, sans le moindre signe qui aurait pu lui laisser deviner ce qu’elle s’apprêtait à faire, cette femme qu’il ne connaissait pas dix minutes plus tôt se souleva sur la pointe des pieds et l’embrassa.

Sa bouche était douce, son corps souple et gracieux. Il n’en fallut pas plus à Gordon pour s’enflammer. Poussé par l’instinct, il attira la tentatrice contre lui et s’empara de ces lèvres fruitées jusqu’à ce qu’elles s’entrouvrent sous la poussée de sa langue.

Le cœur battant à se rompre, il explora les contours d’un dos étroitement moulé de velours, jouissant du contact des deux seins ronds qui se pressaient contre son torse haletant. Allait-elle se rebiffer ? Mais non, bien au contraire ! Les mains de la jeune femme remontèrent jusqu’à ses épaules et il sentit tout le corps de la belle s’infléchir langoureusement sous ses caresses.

Le ciel lui pardonne, il n’avait jamais été embrassé ni n’avait embrassé ainsi. Et il se prit à souhaiter que cela ne cesse jamais, oubliant tout ce qui l’entourait… jusqu’à ce qu’il se souvienne qu’il n’était pas Roméo mais un avocat d’Edimbourg, et sa compagne une jeune femme de bonne famille, sans doute nantie d’un père et d’un ou deux frères, voire même d’un mari.

Au même instant, la jeune personne se rejeta en arrière d’un geste brusque, comme si un fossé s’était subitement creusé entre eux. Son visage vira au cramoisi et elle déglutit à plusieurs reprises, pendant que Gordon se demandait désespérément ce qu’il allait bien pouvoir lui dire.

Ce fut elle qui parla en premier, le sauvant de son embarras.

— Je… je suis vraiment désolée, monsieur Mac Heath, fit-elle d’une voix troublée. Je ne sais pas ce qui m’a pris. D’habitude, je ne suis pas aussi… euh… Enfin, je ne voudrais pas que vous pensiez qu’il est dans mes habitudes d’embrasser des étrangers.

Gordon hocha la tête. Il n’était pas exactement un étranger, mais il comprenait ce qu’elle voulait dire.

— Il n’est pas non plus dans mes habitudes d’embrasser de jeunes dames à qui je n’ai pas été présenté, assura-t-il.

L’inconnue recula d’un pas et se passa une main sur le front.

— Ce devait être le choc. Enfin, je suppose. Ou le soulagement. Et la gratitude, bien entendu.

Sans doute cela expliquait-il son attitude à elle, en effet. Mais la sienne ? songea Gordon. Quelle excuse avait-il pour lui avoir rendu son baiser avec tant de ferveur ?

La solitude, sans doute.

Un cœur tout récemment brisé, ou du moins blessé.

Et la beauté de la jeune fille avait fait le reste. Il avait aimé se sentir enlacé par une femme, même si ce n’était pas Catriona Mac Nare.

Oh, non ! Cette amazone aux yeux de braise n’avait rien de commun avec la douce et discrète Catriona.

— Puis-je vous demander où vous demeurez, monsieur Mac Heath ? Je suis sûre que mon père voudra vous rencontrer. Après ce que vous avez fait pour moi, une invitation à dîner est le moins que nous puissions faire pour vous exprimer notre reconnaissance.

Elle avait évoqué un père, non un mari. Gordon s’en réjouit à part lui.

— Vous me trouverez à Mac Stuart House. Je dois y séjourner quelque temps.

Dieu du ciel, qu’avait-il dit ? Il eut l’impression qu’un nuage venait de cacher le soleil. L’attitude de l’inconnue changea instantanément. Son corps se raidit et une moue méprisante plissa ses lèvres. Elle n’aurait pas semblé plus réprobatrice s’il lui avait annoncé qu’il était l’un des pensionnaires de la sinistre prison d’Edimbourg !

— Seriez-vous un ami de sir Robert Mac Stuart ? questionna-t-elle d’une voix aussi froide que son baiser avait été passionné.

— Mais oui. Un ami de longue date ! Nous sommes allés à l’école ensemble.

La jeune fille rougit violemment, non d’embarras cette fois, mais de colère. Visiblement, elle était furieuse. Qu’est-ce que Robert avait bien pu lui faire pour qu’elle lui en veuille ainsi ?

Dès lors qu’il s’agissait de Robbie, plusieurs raisons venaient aussitôt à l’esprit, à commencer par une tentative de séduction peut-être menée à son terme. L’expérience professionnelle de Gordon lui avait appris qu’il n’existe rien de plus vindicatif qu’une femme trahie.

— Vous a-t-il parlé de moi ? s’enquit-elle en se campant devant lui, les poings serrés. Mais oui, bien sûr, c’est ce qu’il a dû faire ! Est-ce pour cela que vous vous êtes cru permis de m’embrasser ainsi ?

Gordon fit un effort pour garder son calme, en dépit de cette agression verbale.

— Sir Robert n’a évoqué aucune jeune femme lorsqu’il m’a invité ici, répliqua-t-il sans mentir. Je ne connais d’ailleurs pas votre nom, madame. Dois-je en outre vous rappeler que c’est vous qui m’avez embrassé la première ?

Cette réponse ne rabattit en rien la superbe de la dame, qui releva le menton.

— Merci pour votre aide, monsieur Mac Heath. J’ai grandement apprécié votre intervention, mais nos chemins se séparent ici. Les amis de Robert Mac Stuart ne sont pas les miens !

Et elle tourna les talons sur ces mots.

— Il semblerait, en effet, marmonna-t-il en la regardant s’éloigner.

Quelle démarche ! Une reine n’aurait pas eu plus de dignité.

* * *

Moira Mac Murdaugh attendit d’être hors de vue pour rassembler ses jupes et se mettre à courir vers la maison.

Comment avait-elle pu se montrer aussi hardie, au nom du ciel ? Jamais elle n’aurait dû embrasser cet homme, encore moins le toucher ! Elle aurait dû simplement le remercier et le laisser passer son chemin. Et quand il l’avait attirée vers lui, elle aurait dû le repousser sur-le-champ… même si le baiser de Gordon Mac Heath ressemblait à un baiser de roman — brûlant, exigeant, sensuel…

Elle osait à peine imaginer ce que Robbie Mac Stuart allait penser de cette rencontre. Car, bien entendu, Mac Heath n’aurait rien de plus pressé que de tout lui raconter. Bientôt, de nouveaux commérages allaient se répandre dans tout Dunbrachie. Et cette fois, ce serait entièrement sa faute !

Mais pire que tout, elle redoutait la réaction de son père lorsqu’il apprendrait ce qu’elle avait fait. La déception l’inciterait-elle à céder de nouveau à son attrait pour l’alcool ? Depuis six mois, il tenait scrupuleusement sa promesse de ne plus boire et elle sentait son cœur se serrer à la pensée qu’il risquait de rechuter à cause d’elle.

Parvenue à ce point de ses pensées, elle se reprit. Allons, pourquoi imaginer tout de suite le pire ? Peut-être M. Mac Heath ne dirait-il rien à Robbie. Après tout, il devait se sentir aussi coupable qu’elle après ce baiser hautement inconvenant !

— Dieu merci, vous voilà enfin, milady ! s’écria à sa vue le maître d’écurie à la chevelure poivre et sel. Que vous est-il arrivé ? Avez-vous fait une chute ?

Il se hâta à sa rencontre tandis qu’elle pénétrait dans la cour clôturée d’une haute muraille de pierre, vestige de ce qui avait été une forteresse au temps lointain de Robert Wallace.

— Je suis tombée, en effet, mais je ne suis pas blessée, Jem. Douglas est-il rentré ? s’enquit-elle, inquiète pour son bel étalon.

— Oh, oui ! Il est ici, le voyou ! Nous nous apprêtions à partir à votre recherche. Votre père va être soulagé de vous revoir !

Moira s’en voulut d’autant plus de s’être attardée avec le séduisant Mac Heath, même si l’homme était le plus beau spécimen de beauté virile qu’elle eût jamais rencontré — presque aussi parfait, en vérité, que les statues grecques qu’elle avait pu admirer au musée de Londres. Pourvu qu’elle n’arrive pas trop tard ! songea-t-elle, en se remémorant le penchant immodéré de son père pour les boissons fortes. Puis elle se souvint que, Dieu merci, le vin et les alcools étaient enfermés dans un buffet dont elle était la seule à posséder la clé. Ce n’était pas comme à Glasgow, où papa n’avait qu’à descendre dans la rue pour trouver une taverne.

Elle n’en hâta pas moins le pas, traversant la partie neuve du manoir construite par le précédent comte, avant de longer la cuisine, la laiterie, la buanderie et la salle à manger des domestiques.

Une odeur éminemment familière de bœuf rôti et de pain frais flotta jusqu’à ses narines, réveillant sa nostalgie pour les jours anciens dans leur maison d’autrefois, quand son père ne buvait pas et n’avait pas encore hérité de sa fortune et de son titre.

Parvenue à l’étage, elle emprunta le corridor qui desservait la bibliothèque, le bureau et le salon. De nombreuses pièces avaient été ajoutées au fil du temps, si bien que le manoir du comte de Dunbrachie était un véritable amalgame de styles, depuis l’époque médiévale jusqu’à la période géorgienne. A leur arrivée, elle avait passé des heures à explorer tous les coins et recoins de la vaste demeure, découvrant des meubles et des tableaux oubliés sous la poussière et les toiles d’araignée.

Nerveuse, elle s’arrêta un instant pour vérifier son apparence dans l’un des miroirs du grand hall et reprit plusieurs fois sa respiration pour se calmer.

Puis elle ôta son chapeau, qu’elle posa sur une console de marbre, et lissa du plat de la main la couronne soyeuse de sa chevelure.

— Moira, enfin !

Elle fit volte-face pour découvrir son père debout sur le seuil de son bureau. Visiblement agité, il avait dû fourrager à maintes reprises dans ses cheveux, à en juger par l’aspect hirsute de ses mèches grises.

Il s’avança vers elle et s’empara de ses mains, tout en promenant un regard inquisiteur sur son visage et ses vêtements.

— Que s’est-il passé ? Etes-vous blessée, ma chérie ?

La résolution de Moira fut aussitôt prise. Moins elle en dirait, mieux cela vaudrait, décida-t-elle en se forçant à sourire.

— Je vais très bien, papa. J’ai fait une petite chute de cheval et Douglas en a profité pour s’enfuir. Aussi ai-je dû rentrer à pied.

— Quelle imprudente vous faites ! Savez-vous que j’étais sur le point de partir à votre recherche ?

Il portait en effet un costume de cavalier qu’il endossait rarement, n’étant pas un expert en équitation, lui qui avait passé le plus clair de sa vie dans des bureaux ou des entrepôts. Dieu merci, elle était arrivée avant qu’il ne se mette en selle !

— Tout va bien, papa, je vous assure ! Il n’y a plus aucune raison de vous inquiéter.

Elle lui prit le bras pour l’entraîner dans son bureau, la seule pièce de l’immense manoir qui rappelle un peu leur ancienne maison de Glasgow.

Comme toujours, l’immense table d’acajou était recouverte de paperasses diverses, registres, plumes, bouteilles d’encre et livres de comptes. Bien qu’il eût hérité d’un titre et d’un domaine, le comte de Dunbrachie continuait à superviser lui-même ses entreprises de Glasgow. Tout cela formait un beau désordre, mais nul n’était autorisé à ranger quoi que ce soit, car le comte se plaignait alors qu’il ne retrouvait plus rien. D’anciens registres s’alignaient sur des étagères disposées derrière la table de travail, et un fauteuil à l’étoffe usée jusqu’à la corde tenait lieu de siège. Il y avait des années que Moira essayait de convaincre son père de le faire recouvrir, mais il refusait obstinément, prétendant qu’il se sentait très bien ainsi. Le seul ornement de la pièce était un buste de Shakespeare posé sur le rebord de la cheminée.

Moira s’installa sur le sofa, légèrement moins élimé, tandis que son père se posait sur le bord de la table en froissant une feuille de papier qui dépassait du bord.

— Vous ne devriez pas vous promener à cheval toute seule dans la campagne, observa-t-il d’un ton soucieux. Et si vous vous étiez cassé une jambe, hein ?

Moira s’efforça de prendre un air contrit.

— Je me montrerai plus prudente la prochaine fois, c’est promis.

— Peut-être devriez-vous changer de monture. Une gentille petite jument ne vous viderait pas ainsi des étriers.

Peut-être, songea Moira. Mais elle ne galoperait pas non plus aussi vite !

— J’y penserai, murmura-t-elle pour l’apaiser.

— Et à l’avenir, vous me ferez le plaisir d’emmener un groom avec vous !

Moira crispa les mains dans son giron. Un groom ? Sûrement pas, si elle pouvait l’éviter ! Elle aimait tellement ses instants de solitude, loin de la constante présence des domestiques ! Les gens nés dans l’aisance devaient être habitués à ce manque d’intimité, mais ce n’était pas encore son cas.

— Sérieusement, Moira, il serait temps que vous appreniez à vous comporter comme une dame.

— J’essaierai, murmura-t-elle. Pour être franche, je fais déjà tout mon possible. Mais il y a tellement de choses à se rappeler…

Et surtout, tant d’interdictions, de restrictions !

— Avec le rang, viennent les privilèges mais aussi les devoirs, lui objecta son père.

Moira en était bien consciente. Dieu merci, tout ne lui était pas désagréable dans sa nouvelle condition. Certaines tâches, que d’autres auraient considérées comme un devoir, n’en étaient pas un pour elle.

— La construction de la nouvelle école est en bonne voie, papa. Vous devriez venir visiter le bâtiment. Et j’ai envoyé l’annonce pour recruter un instituteur, précisa-t-elle pour détourner la conversation.

Mieux valait éviter le sujet de sa malencontreuse chute et de ce qui en avait découlé, en particulier sa rencontre avec le beau Gordon Mac Heath. Elle se promit silencieusement d’éviter à l’avenir les étrangers trop séduisants, même s’ils semblaient tout droit sortis des rêves d’une adolescente, embrassaient comme Casanova en personne et volaient à votre secours comme Robin des Bois !

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Commentaires récents

Pas apprécié

Je le classerais dans la catégorie des livres inutiles.

Les personnages comme l'histoire n'ont pas de fond, pas de texture. Une histoire d'amour sans intérêt, plate et sans saveur.

Je n'ai pas décollé.

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Lu aussi

C'était un moment agréable de lecture, les héros sont sympa mais il manque un je ne sais quoi pour le livre soit plus....

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Lu aussi

Un peu déçu, j'ai trouvé très long l'évolution de l'histoire.

Dommage, pas de réelles émotions ...assez plat.

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Or

J'ai passé un bon moment en lisant les avantures de nos deux héros. Une histoire d'amour sans prétention qui se lit très bien.

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Argent

J'ai vraiment bien aimé ce livre. J'ai passé un très bon moment. Les rebondissements ne sont pas exceptionnels mais l'histoire est bien menée et agréable. Le récit est moderne et puis ça change d'avoir à faire à un avocat dans les romans historiques !

Gordon est un homme moderne si on peut dire et ça change des personnages masculins bourrus et machos qu'on rencontre dans ce type de littérature (bien que ça se rapproche de la réalité de l'époque!). ils ont bien sûr aussi leur charme.

Le personnage de Moira est lui aussi très moderne dans sa façon de se comporter. Elle n'hésite pas à s'affirmer, elle est instruite et traite elle-même ses affaires.

En conclusion, je vous le conseille.

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Lu aussi

Un bon roman, mais pas le meilleur Harlequin que j’ai lu.

L’histoire est sympathique, l’écriture agréable, ça se lit vite et bien mais j’ai déjà lu des Harlequin bien meilleure. Très honnêtement, ce livre ne m’a pas fait grand-chose… Eh bien en fait il ne m’a rien fait ressentir du tout, absolument rien. Je n’ai pas vibrée, je n’ai pas angoissée, le calme plat. Le tome 1 était bien meilleur.

Gordon McHeath à le cœur brisé. Son amour, Catriona, l’a rejeté pour un autre. Malheureux, il est soulagé lorsque son vieil ami d’enfance Robert McStuart l’invite dans son manoir. Sur le chemin, il sauve une jeune femme en détresse et pour le remercier, l’embrasse fougueusement avant de s’enfuir ! Plus que troublé par ce baiser, il découvre ensuite avec stupeur que cette jeune fille est l’ex fiancée de Robert, qu’elle à quittée et humiliée, et que Robert l’a fait venir pour qu’il exerce ses talents d’avocat en faisant un procès à la belle Moira…

Si j’ai bien appréciée Moira, une héroïne fougueuse, vivante et entêtée, Gordon ne m’a pas plue du tout. C’est un avocat, un homme de loi, rigide et coincé, et dans ce genre de romances, ce n’est pas ses hommes là qui nous font vibrer, hein ? Il est droit et respecte les règles. J’ai bien appréciée Robert cependant, même si c’est un imbécile, son personnage avait du potentiel, l’auteur aurait du écrire un tome 3 avec lui. Sinon, la romance de Gordon et Moira, banale et fade, ne m’a rien fait ressentir.

J’en ressors donc un petit peu déçue, malgré la bonne écriture, le bon rythme de l’histoire, le livre ne m’a juste rien fait ressentir, donc je ne peux pas dire que j’ai appréciée, même si je sais reconnaître les qualités de ce roman, je l’ai lu vite fait et plutôt agréablement… Mais si on me demande de quoi il parle dans deux mois, je serais incapable de le dire.

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Or

j'ai bien aimer ce livre j'ai passer un bon moment a le lire

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Argent

Un bon moment de lecture si tôt commencé si tôt fini.

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Date de sortie

Le Gordon McHeath, tome 2 : La Fiancée des Highlands

  • France : 2012-06-01 - Poche (Français)

Activité récente

Titres alternatifs

  • The Gordon McHeath, book 2 : Highland Heiress - Anglais

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Evaluations 12
Note globale 7.42 / 10