Le Grand Silence

Le Grand silence de Jennifer Haigh chez Gallmeister

Dans ce roman, Jennifer Heigh s’appuie sur un fait de société : le scandale, en 2002, des affaires de pédophilies au sein des églises de Boston, ville considérée comme l’un des piliers de l’église catholique.

C’est sur cette toile de fond que l’autrice nous amène à la rencontre de la famille Mc Gann . Durant les 60 premières pages environ on va avoir une vue d’ensemble, un contexte et j’ai mis du temps à rentrer dans l’histoire car il y a beaucoup de protagonistes , différentes époques , de nombreuses références à l’église pas toujours évidentes pour quelqu’un qui n’a pas l’habitude , certains passages qui manquaient un peu de clarté , et une absence de rythme .

Ensuite, passée cette introduction, l’histoire commence et l’écriture est beaucoup plus fluide, plus claire, la narration est plus structurée et à ce moment là je me suis sentie nettement mieux dans ma lecture.

Emportée, immergée dans la vie de cette famille, de chacun des personnages qui sont très bien décrits , on apprend à les connaitre progressivement, avec le déroulé de l’histoire, à la façon d’une spirale, qui s’agrandit à chaque cercle et qui voit s’enrichir la psychologie des personnages et notre connaissance et compréhension d’eux au fur et à mesure.

Mike, Art, Sheila , j’ai vécu avec eux pendant cette histoire, je me suis imprégnée de leurs vies, de leurs sentiments , de leur pensées.

Je les ai écouté, je les ai jugé par moment, je les ai compris à d’autres.

A travers cette histoire, l’autrice soulève des questions sur différents sujets concernant la pédophilie, sous différents angles (que je ne peux pas détailler sans spoiler,) qui ont le mérite d’ouvrir la réflexion et sont toujours amenés de manière très subtiles et intelligente dans ce récit.

En définitive, un livre que j’ai trouvé très profond, avec une grande délicatesse pour traiter d’un sujet aussi lourd.

L’autrice s’est attachée à explorer les méandres du comportement humain, pour chaque protagoniste de l’histoire et plus particulièrement les membres de cette famille au travers de leurs histoires respectives , mais aussi de leur psychologie, de leurs interactions entre eux, avec le monde extérieur, avec l’église et leur rapport à la foi.

Ce qui donne une grande densité et une grande humanité à ce roman. Je remercie les éditions Gallmeister pour cet envoi .

Il est rare qu’un roman de la maison d’éditions Gallmeister me déçoive, mais de temps en temps, ça arrive…

C’est toujours un crève-coeur, surtout quand on l’avait fluoré parce que pitch était plus qu’intéressant.

La pédophilie n’est pas un sujet joyeux et là, c’était l’église de Boston qui était éclaboussée par des accusations de pédophilie.

Je ne suis pas ici pour juger les hommes d’église mais je vous dirai juste que j’évite toujours d’accuser ou de mettre en cause la religion ou dieu lui-même car il sera impossible de leur envoyer une citation à comparaître…

Non, dans ces affaires horribles, c’est le coupable qu’il faut juger et rien d’autre et ne pas crier haro sur le baudet. Ni clouer au pilori le présumé innocent car des faux témoignages, ça existe et certains ont vu leur vie brisée après cela.

Anybref, dans ce roman qui traite d’un sujet brûlant, nous allions enquêter avec Sheila McGann sur la culpabilité ou non de son frère, Art, prêtre. Directement l’homme a été déchu, quasi viré et pour lui, c’est l’incompréhension totale, le choc brutal. Pour sa famille aussi (mettons-nous à leur place, livré à la vindicte populaire).

Toute les familles ont leurs secrets et Sheila va en faire la découverte elle aussi.

Le problème de ce roman est dans ses longueurs sans fins, dans les personnages pour lesquels on développe peu d’empathie, qui me semblaient être là sans y être, ou alors, c’était moi qui regardais la pièce sans y être.

C’était mécanique et elle s’est grippée, me faisant perdre le fil et l’intérêt pour l’histoire.

Dommage mais c’est ainsi, certains livres qui auraient dû vous toucher sont écrits d’une telle manière que vous passez loin d’eux.

Il me reste une chose : les accusations, qu’elles soient de pédophilies, d’attouchements, de viols, de harcèlement ne sont jamais à porter à la légère.

L'histoire de Art, curé dévoué et accusé d'avoir abusé d'un enfant est très intéressante.

Malheureusement l'intrigue, car il s'agit d'un livre écrit comme un roman policier, est longue à se mettre en place.

C'est uniquement après 150 pages, que le lecteur devient accro et sera surpris par les rebondissement de l'histoire.

Préparez-vous à entrer dans l’intimité d’une famille catholique, américaine d’origine irlandaise au sud de Boston. Sheila McGann devient la narratrice de cette histoire poignante concernant son demi-frère Art, autrefois il était estimé est avait la confiance de sa hiérarchie et de ses paroissiens mais aujourd’hui après l’accusation dont il est victime, toute sa vie est entrain de s’écrouler. La seule question qui nous intéresse est de savoir s’il est oui ou non coupable des faits qui lui sont reprochés. Alors que nous sommes en 2002, une période où de nombreuses révélations de pédophilie au sein de l’église catholique sont médiatisées, le cas d’Art pourrait bien être jeté avec l’eau du bain. Est-ce que leur famille pourra résister à ce tsunami ? L’histoire progresse avec des mises en lumière de faits qui se sont déroulés pendant leur enfance. Petit à petit une vérité voit le jour au travers les remous du présent en soulevant le poids du passé. L’intrigue joue à plein sur le doute, la foi, la loyauté familiale mais aussi la rédemption et le plus important reste les liens familiaux entre frères et sœurs, Mike - Sheila et Art mais aussi avec leur mère de famille qui par son comportement éclaire d’un jour nouveau leur fonctionnement. L’auteur a su créer des personnages marquants qui resteront dans notre cœur bine après avoir refermé le livre et avec lesquels j’ai ressenti de l’empathie. Un sujet sensible très difficile à transposer dans un roman et pourtant ce drame familial est brillamment pensé et écrit avec des secrets, des émotions, de l’amour et de la grâce. Un fait divers américain qui pousse à réfléchir sur la façon dont nous prenons parti pour ou contre quelqu’un alors que nous ne connaissons pas les tenants et les aboutissants dans la plupart des cas. Le grand silence est pour moi un roman remarquable et un coup de cœur. Bonne lecture.

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