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— Grand-Père, je ne peux pas croire que ton heure soit vraiment venue…

Soutenu par l'adolescent et en dépit de son essoufflement, Raian laissa poindre un sourire bienveillant qui illumina sa face sillonnée de rides. Une chevelure très blanche, encore épaisse, éclairait sa peau parcheminée par les ans. Le vieux chef avait festoyé la veille au soir jusque tard dans la nuit comme le voulais la tradition. Ce matin, il avait désigné Mounio, son arrière-petit-fils, pour se rendre à la pierre sacrée et tous savaient le sens de cette dernière marche. L'aïeul interrompit sa progression pour reprendre son souffle et laissa échapper un soupir :

— Mounio ! Je vois le bout de mon chemin plus nettement qu'une lune qui se lève au-dessus de l'horizon. Lorsque l'astre s'élèvera dans le ciel ma vie s'achèvera, et c'est inéluctable.

Mounio blêmit à ces mots.

— Ne sois pas triste car je ne le suis pas. Je continuerai à vivre à travers mes enfants. Mon sang coule dans tes veines et j'appartiens à cette terre à laquelle je fais offrande de mon corps afin de continuer à vivre en elle. La vie se nourrit de la mort. Ainsi vont les choses depuis l'éternité.

Il fit un léger signe de la main, signifiant qu'il n'attendait aucun commentaire, et se remit en marche avec difficulté, puisant dans ses dernières forces.

Une moue douloureuse barrait le visage résigné du jeune Nahanni. Soucieux d'adoucir son effort, Mounio soutenait le vieillard du mieux possible mais lui-même avait le souffle court, oppressé par un sentiment de tristesse de plus en plus lancinant à mesure qu'ils approchaient de la pierre. Comment allait-il vivre sans Raian à ses côtés ? Il avait l'impression que l'enfance et ses années de jeunesse allaient être englouties dans un ravin sans fond. Une enfance vide de père puisque Shokan était parti pour le grand voyage alors que Mounio marchait à peine. Sa mère l'avait attendu vingt saisons comme l'exigeait la tradition. Mais l'homme n'était jamais revenu. Puis Aïga avait disparu à son tour, foudroyée dans son canoë alors qu'elle traversait le grand lac des Outardes. Le chagrin avait isolé Mounio dans une solitude extrême. Seul son arrière-grand-père avait su l'approcher, silencieux, bienveillant. Sa lumière intérieure agissait comme un feu dans l'hiver et la présence de l'aïeul avait lentement adouci sa douleur. Il s'était installé dans la hutte de Raian avec ses deux frères aînés et la vie avait repris son cours, comme le mouvement de l'eau renaît à la fonte des glaces. Raian lui avait appris à pêcher, à chasser et à lire, sur le sol et dans le ciel, le grand livre de la vie. Il lui avait appris à regarder le monde, pas seulement celui des hommes ou des bêtes mais également l'univers plus impalpable des esprits. Il racontait les légendes présidant à la naissance de toutes choses, les luttes des divinités, la terre d'en bas peuplée par les ancêtres, mais aussi les chasses qui unissent l'Indien et l'animal depuis que le monde est monde. Et même s'il préférait épuiser ses forces dans les grandes chasses plutôt que d'écouter ses histoires, Mounio respectait l'expérience du chef et savait sa connaissance trempée au feu de l'expérience : Raian avait traversé des terres et rencontré des êtres que nul autre avant lui n'avait croisés.

Bientôt, Raian et Mounio arrivèrent en vue de la grande pierre.

S'ils en avaient la possibilité, les Indiens nahannis venaient mourir sur cette immense roche plate surplombant la rivière Sakhanani. Le village était situé à quelques centaines de mètres en amont, là où la rivière tumultueuse se calme en une immense boucle.

Une chute infranchissable interdisait la navigation en canoë depuis le village, rendant inaccessible la Pierre du dernier soupir. L'eau gardait la roche dans un écrin sacré.

Bientôt, dans une demi-lune à peine, les saumons se rueraient au pied de cette chute écumante. Le soleil chauffait la surface de la pierre. Taillées dans la masse de sa circonférence, de petites figurines représentaient ceux qui avaient réussi le Grand Voyage. Un magnifique aigle aux ailes majestueusement déployées incarnait Raian, l'un des derniers Nahannis vivants à avoir accompli le fameux périple.

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