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Vouloir jouer aux échecs contre soi-même est aussi paradoxal que vouloir marcher sur son ombre.
Afficher en entierJe n'entendais jamais une voix humaine. Jour et nuit, les yeux, les oreilles, tous les sens ne trouvaient pas le moindre aliment, on restait seul, désespérément seul en face de soi-même, avec son corps et quatre ou cinq objets muets : la table, le lit, la fenêtre, la cuvette.
On vivait comme le plongeur sous sa cloche de verre, dans ce noir océan de silence, mais un plongeur qui pressent déjà que la corde qui le reliait au monde s'est rompue et qu'on ne le remontera jamais de ces profondeurs muettes.
On n'avait rien à faire, rien à entendre, rien à voir, autour de soi régnait le silence vertigineux, un vide sans dimensions dans l'espace et dans le temps. On allait et venait dans sa chambre, avec des pensées qui vous trottaient et vous venaient dans la tête, sans trêve, suivant le même mouvement.
Mais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.
Afficher en entierMais, si dépourvues de matière qu'elles paraissent, les pensées aussi ont besoin d'un point d'appui, faute de quoi elles se mettent à tourner sur elles-mêmes dans une ronde folle.
Afficher en entierLe joueur d'échecs, comme le peintre ou le photographe, est brillant... ou mat.
Afficher en entierMais n’est-ce pas déjà l’insulter injurieusement que d’appeler les échecs un jeu ?
Afficher en entierOn ne nous faisait rien - on nous laissait seulement en face du néant, car il est notoire qu'aucune chose au monde n'oppresse davantage l'âme humaine.
Afficher en entierIl semble d'ailleurs qu'il y ait dans notre cerveau de mystérieuses forces régulatrices qui écartent spontanément ce qui pourrait nuire à l'âme ou la menacer, car chaque fois que j'essayais de penser à mon temps de captivité, ma mémoire s'obscurcissait.
Afficher en entierN'est-il pas diablement aisé de se prendre pour un grand homme quand on ne soupçonne pas le moins du monde qu'un Rembrandt, un Beethoven, un Dante ou un Napoléon ont jamais existé ?
Afficher en entierBientôt, je fus capable de reconnaître la manière caractéristique de chacun des joueurs célèbres, aussi sûrement qu'on reconnaît un poète à quelques vers d'une de ses œuvres.
Afficher en entierAssurément je connaissais par expérience le mystérieux attrait de ce jeu royal, le seul de tous les jeux inventés par les hommes, qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard, le seul où l'on doive sa victoire qu'à son intelligence ou plutôt à une certaine forme d'intelligence.
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