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Voici ma voix : c'est analphabisme désolant que de ne pouvoir lire en cieux par soirs d'étoiles. Mais c'en est bien plus désolant encore que celui de ne pouvoir lire en nos semblables humains.
Afficher en entierNon, amour ne doit pas être invisible, non plus qu'immatériel. Quoi, amour serait comme vapeurs, comme riens, intouchable et introuvable ? Je ne peux m'y résoudre. Je dis : amour est comme nous-mêmes, bâti de chairs et de substances flagrantes et observables. Mais peut-être aussi notre oeil lui-même est-il par trop aveugle, et incompétent à saisir matière aussi fuyante. Voilà pourquoi je me questionnais tant : père m'aimait-il, m'aimait-il seulement ?
Afficher en entierCependant que père était livré au docte-plâtreur, Manon entreprit de me débarbouiller. Je fus d’abord enseigné du sens de ce mot-là, qui désigne immersion en barrique et savonnade vigoureuse. Dans une chambrette de l’hospite, je fus ainsi récuré pour la première fois de ma vie, à l’aide de brosse et savonnette, que Manon maniait avec industrie. Tandis que je sentais la brosse manœuvrer, il me paraissait que ma charmante ne faisait pas qu’enlever croûtes et étages de crasse sur ma peau, mais aussi qu’elle atteignait de plus aprofondes zones, jusqu’à l’abord d’une contrée encore ignorée. Comme si elle se faufilait en ma personne, y défrichait une forêt nouvelle et y venait s’établir. Je songeais à l’étrangeté que voici : souventes fois, nous nous concevons reclus en nous-mêmes comme en accoutre étanche. Puis, un jour, le commerce aimable des autres nous pénètre et abolit cette solitude de captif.
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