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Quand Martin se réveilla, il était seul dans la chambre. Richard était sorti en laissant un mot sous une patte du panda. « Suis sorti faire un tour. Ne t’inquiète pas pour moi. Je me débrouille en portugais. Je reviens bientôt », disait le message. Martin roula le papier en boule et le lança adroitement dans la corbeille située dans l’angle de la pièce. Richard, se débrouiller en portugais ? Il s’était acheté une méthode Assimil une semaine auparavant et ne savait toujours pas traduire la couverture !
Martin avait dormi avec ses vêtements. Il se déshabilla pour aller prendre une douche dans la salle de bains. Là, un grand miroir lui renvoya son reflet et il regarda les cicatrices qui descendaient de sa nuque à son épaule. En six mois, elles auraient dû s’estomper. Mais il était si mince ! Il avait beau manger tout ce qu’il voulait, il n’arrivait pas à grossir. Martin secoua la tête et ouvrit le robinet. L’eau chaude qui lui martela le corps en l’enveloppant de buée lui fit beaucoup de bien. Mais il prit garde de ne pas se regarder dans le miroir en ressortant de la douche.
Il se sécha et s’habilla. Choisir ses vêtements ne lui prit guère de temps, car il avait seulement emporté deux pantalons et deux chemises. Le panda louchait vers lui, vautré sur le lit. Toujours aucun signe de Richard. Martin se demanda depuis combien de temps le journaliste était parti.
De l’extérieur lui parvint un bruit de cisaille. Sur la terrasse, un homme était en train de tailler les rosiers qui grimpaient le long du mur. Tout en travaillant, il fredonnait un air d’une curieuse voix saccadée. Quand il se redressa pour déposer les branches coupées dans un panier qu’il portait sur son bras, Martin s’aperçut que l’homme avait au moins quatre-vingts ans, et sans doute plus, avec ses cheveux blancs, sa longue barbe effilée et ses lunettes en demi-lune. Il portait un curieux vêtement rouge et bleu, quelque chose entre une robe d’intérieur et une toge, resserré à la taille par une ceinture en soie. Il se mit à marmonner entre ses dents car il venait de se piquer sur les épines du rosier. Et quand il voulut s’écarter, la branche s’accrocha à lui. Voyant qu’il ne pouvait pas saisir les tiges avec ses mains dénudées pour se libérer, Martin enjamba le rebord de la fenêtre pour aller l’aider.
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