Extraits

16h17

Nous arrivons chez moi. Je pose mon sac par terre. Tommy fait pareil. Je me dirige vers la cuisine pour trouver quelque chose à manger. En arrivant, je vois une araignée.

La même qui était cachée depuis des semaines ? Je ne sais pas. Toujours est-il que, fidèle à mon habitude, je lance un MEGACRI DE LA MORT !!!

Tommy accourt, croyant peut-être qu'un criminel se cachait dans un placard. Puis je le vois apparaître, armée d'un chaussure, et il regarde partout en l'air, les yeux plissés, comme s'il cherchait.. un araignée. Et une trop grande bouffée s'empare de moi et je ne peux plus me retenir. Je lance :

- Tommy, je t'aime.

Lui (en cherchant toujours l'araignée) : Relax, c'est juste un araignée, je ne décroche pas non plis la Lune. Elle est où ?

Moi : Tu ne comprends pas. Je t'aime. Je t'aime parce que tu accours en sachant que j'ai crié pour une araignée. Je t'aime parce que je ne peux pas m’empêcher de te parler tous les jours. Je t'aime quand tu parles. J'aime ta voix. J'aime quand tu joues de la musique. J'aime être collée contre toi. Tes cheveux m'énervent, mais bon, c'est juste des cheveux, hein...

Tommy : Mes cheveux t'énervent ?

Moi : Oui, ils sont souvent devant tes yeux. Et j'aime tes yeux. J'aime que tu sois toujours là pour moi.

Tommy : Tu est toujours là pour moi aussi, Laf. On est de bons amis.

Moi : Tommy... je crois que je t'aime plus que comme un ami. Je crois que je t'aime. Genre, pour de vrai.

Tommy reste silencieux. J'ai soudainement honte. J'en ai trop dit. Et je vais perdre mon ami pour toujours. Ça brisera notre amitié. Il y aura un malaise.

Moi : Scuse-moi... laisse tomber... ça doit être l'impulsion du moment. T'sais, les araignées, ça me chamboule vraiment... Ha ha ! Ce n'est pas grave. Oublie ça. Comme pour mes exposés, tout sonne toujours mieux dans ma tête. On revient comme avant. Ha ha ha !

Tommy est devant moi, la chaussure à la main. Il ne cherche plus l'araignée au plafond. Il me regarde, bouche bée.

Rendez vous avec Jean Benoît:

Kat (dans l'oreillette ): Il faut que tu dise: il faut que j'aille aux toilettes, ça va aller si je te laisse tout seul ?

Moi : Euh...il faut que...j'aille aux...

Kat : Plus sensuelle !

Moi (plus sensuelle) : ...toilettes, ça va aller si je te laisse tout seul ?

Jean-Benoît : Ah, oui oui vas-y.

(...)

Tommy s'empare du téléphone : Dis : Que ce jour reste en nos mémoires comme le jour ou nous avons failli capturer le capitaine Jack Sparrow !

Moi : Que ce jour reste en nos mémoires comme le jour ou nous avons failli capturer le capitaine Jack Sparrow !

Jean-Benoît : Ah,euh...OK cool...

Dans ma tête : Oups !

Puis, mon front est devenu tout froid et j'ai soudain vu plusieurs petit points blancs. Je me suis agrippée à une poignée de porte d'armoire.

François demande :

- Ca va Aurélie ?

Moi : Je suis un peu étourdie...Je vois tout blanc

Ma mère : OH MON DIEU, ELLE VA S'EVANOUIR !!!!!!

Soudain, je reçois une flaque d'eau glacée sur moi. Enragée je repousse mes cheveux (maintenant mouillés) de mon visage et je vois ma mère, immobile, avec un verre d'eau dans les mains.

Moi : Qu'EST-CE QUE TU FAIS ?

Ma mère : Je ne sais pas...T'allais t'évanouir...j'ai réagi...

Moi : - EN ME LANCANT UN VERRE D'EAU ???

François éclate de rire, suivit de ma mère. Qui s'étrangle de rire en s'excusant.

Moi ( toujours enragée ) : Hé, c'est pas drôle ! Je dormais moi ! La violence du réveil !!!

Ma mère : Oh, je m'excuse tellement ! HA HA HA HA HA HA ! Mais au moins tu ne t'as pas évanouie ! Ca a marché ! HA HA HA HA HA HA HA !

Moi : Ben oui. Ha. Ha. Ha. C'est. Vraiment. Très. Drôle. Meeeeeerci.

Il m'est très rarement arrivé d'être aussi furieuse et vexée.

Je vais jusqu'à l'évier et je prends un torchon à vaisselle pour m'essuyer. En marchant, je pose le pied sur quelque chose de mou et gluant.

Moi : BERRRKKKK ! C'est quoi, ça ?

Ma mère : Bon, c'est ce qu'on voulait te dire ! Sybil fouille de plus en plus dans les poubelles, et, ce matin, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase ! Sans vouloir faire de jeu de mots, ha ha !

moi : L'autre jour, Audrey est venue me voir et je crois qu'elle tripe sur toi.

Tommy : Qu'est-ce qui te fait croire ça ?

Moi : Elle me l'a confié. Elle voudrait aller au bal avec toi...

Tommy : Ah...

A-t-il dit " Ah... " , " Ah ? " ou " Ah ! " ? Je ne sais pas...

C'est subtil, les interjections.

12h30

Ma mère m'envoie un texto. Je suis contente qu'elle n'ai plus l'énergie de crier d'une pièce à l'autre et que ma proposition d'utilise la technologie moderne pour se parler ait été assimilée.

Texto de ma mère :

Finalement, j'aurais besoin de toi pour déplacer un meuble.

12h32

J'arrive dans la chambre et ma mère fredonne, sans doute sans s'en rendre compte, la chanson de Green Day que je chantais tout à l'heure. Je commence à chanter moi aussi. Puis ma mère m'arrête :

- Aurélie... Ça m'énerve quand tu chantes. On fait ça silencieusement, OK, choupinette ? C'est la fête des Mères, j'ai droit à mes caprices.

Kat (a travers sanglot):Au'... Ils ont été... obligés de les couper.

J'inspire en mettant mes mains sur ma bouche.Je regarde la couverture qui recouvre ses jambes; elle est tachée de sang.

Aurelie: Oh mon Dieu!!! Tu... as perdu... tes pieds?

Jean-Felix: Ben non, enfin!!! Ses chaussures!!!

tommy arrete de rire puis il me regarde. je le regarde aussi(en cherchant un argument pour mon talent de patisiere spécialisé en biscuit). et sans que je m'en apersoive trop, il m'embrasse. On s'embrasse.

puis on arrete d'un coup.

AVERTISSEMENT : Cet extrait est relativement long, prenait quelque chose à boire où à manger !

Lettre à Sandrine Blais, alias ma petite soeur chérie.

Ma chère soeur,

Waouh, ton premier jour sur Terre, ça doit être excitant ! (Bon, je dis ça, évidemment, sans aucune preuve et en me demandant bien en quoi peut être excitant le premier jour sur Terre d'un bébé : il n'y a pas de cadeau à déballer, tu as l'air de ne rien voir du tout et d'être un peu surprise par toutes ces nouveautés qui t'entourent, mais tout le monde suppose que ça doit être excitant pour toi, alors je répète, car il doit vraiment y avoir quelque chose de spécial là-dedans pour que tout le monde le dise !)

1) Premièrement, mettons quelque chose au clair : il se peut qu'un jour, dans ta vie, on te dise que ta grande soeur est une extraterrestre. Je voulais préciser : je ne le suis pas. Juste des fois. Un peu. Et pas dans le sens péjoratif du terme. Dans un sens positif. Je pense. Un peu. Disons dans le sens de "originale", genre. Et, de toute façon, est-ce que si grave d'être un extra-terrestre ?

2) Quand les gens vont te dire de te brosser les dents, tu vas essayer plein de trucs pour avoir l'air de l'avoir fait pour éviter de faire pour de vrai. Comme mouiller ta brosse à dents, te mettre un peu de dentifrice sur la langue, ouvrir le robinet quand tes parents sont dans l'autre pièce, mais sans l'utiliser. Tu vas te sentir super intelligente et rebelle. Mais je t'avertis : tous les problèmes de dents sont ennuyeux. Dans la vie, s'il y a une catégorie de personne que tu veux éviter, ce sont les dentistes. Brosse-toi bien les dents.

3) À sept ans, si un garçon te taquine, c'est qu'il tripe sur toi. À seize ans, si un garçon t'agace, c'est que peut-être il tripe sur toi, peut-être il veut te voler ton repas, peut-être il est jaloux de tes notes ou peut-être tu as fait souffrir un de ses amis. N'essaie surtout pas de trouver une signification à ça. Apprends juste à connaître les gens individuellement, tu finiras par les comprendre.

4) Ton père est une référence en matière de patience envers les femmes. Avec les années, on a appris à ne pas trop le malmener. J'espère que tu seras toi aussi indulgente avec lui.

5) Ton père n'est PAS diabolique.

6) Ta mère est la femme la plus généreuse que tu connaîtras dans ton existence. La plus cool aussi. Même si parfois, surtout à cause de son obssession pour le ménage, il t'arrivera de penser le contraire.

7) Il se peut que tu remarques que ta mère a quelques problèmes de mémoires, et que tu songes toi-même à l'éventualité des séquelles que ce problème a pu te poser par voie génétique. C'est une pensée normale. Mais dis-toi que dans la famille, nous avons d'autres qualités héréditaires. (Par contre, les trouver est le projet de toute une vie ...)

8) Ton père est un papa lion. Ce genre de personne qui en impose par sa prestance et qui protège les gens et les choses qu'il aime (surtout s'il s'agit de vieux tee-shirts) en un seul rugissement royal. (Je tenais vraiment, dans cette lettre, à faire une métaphore animale.)

9) "Quoi que tu rêves d'entreprendre, commence-le. L'audace a du génie, du pouvoir, de la magie." C'est une citation inspirante de Goethe. (C'était juste pour ajouter un brin de culture aux points présentés.) Et elle pourrait un jour te servir dans un travail de première sur l'audace.

10) Ceux qui disent qu'on peut partir en voyage en emportant seulement son bikini et sa brosse à dents ne savent pas ce qu'ils disent (et ne sont jamais allés en Antarctique ni dans les Antilles où, selon notre mère, on a besoin d'au moins un million de crèmes de tous genres). Bref, méfie-toi des gens qui utilisent des phrases toutes faites.

11) Les céréales Lucky Charms, c'est bon. Je te souhaite sincérement que la marque ne fasse pas faillite avant que tu aies terminé ce trip. Ça m'était arrivé avec des céréales dont j'oublie le nom. Une tragédie ... je ne te raconte pas ! (Tu vois, mon côté extraterreste ressort comme ça, parfois, sans raison valable !)

12) Ne coupe pas les cheveux de tes poupées, ça ne repousse pas. Ça donne juste l'impression que ta chambre est un cirque de freaks.

13) Un jour, tu seras obligée de faire le ménage dans ta chambre et de donner tes vieux jouets. C'est déchirant. Ça te fera de la peine (même pour les poupées aux cheveux coupés). Mais tu vas voir, on s'en remet. Comme de son premier chagrin d'amour. Et de tous les autres chagrins qui suivent.

14) L'histoire de ton prénom est assez cocasse et est issue d'une de mes (trop nombreuses) gaffes. Pourrais-tu attendre l'âge vénérable de dix-huit ans avant de nous demander de te la raconter, s'il te plaît ?

15) Si, à quatorze ans, tu te sens extraterrestre, et que ton père est occupé à protéger ses vieux tee-shirts, et que ta mère est occupée à travailler sur ses problèmes de mémoire où à faire du ménage, dis-toi que ta soeur extraterrestre sera toujours là pour toi.

Je t'aime,

Aurélie xxx

Mot de Tommy à moi :

Aurélie aime le chocolat. Non, elle adooooore ça. Tellement qu'elle a du faire une cure de désintox, comme d'autres le font pour une drogue. Elle fait aussi plusieurs lapsus quand elle parle. Elle se fait tomber elle-même dans la lune en racontant ses propres anecdotes qui sont toujours un peu trop détaillées. Elle peut crier au meurtre seulement parce qu'elle aperçoit une araignée, mais elle peut se mettre en danger juste pour ramasser un soi par terre qui lui portera chance. Si elle a une idée en tête, elle va se battre à la vie à la mort pour la concrétiser. Et malgré cette grande volonté qui la caractérise, elle préfère croire en des choses magiques qu'en elle-même. Alors qu'en réalité, c'est elle qui est magique. On ne l'aime pas seulement parce qu'elle est spéciale ou originale et qu'aussitôt qu'on croise sa route, on est incapable de l'oublier. On l'aime simplement parce qu'elle est Aurélie Laflamme. Et qu'elle est unique.

Je lance:

-Tommy, je t'aime.

Lui (en cherchant toujours l'araignée):Relaxe, c'est juste une araignée, je ne te décroche pas non plus la lune. Elle est où?

Moi: Tu ne comprends pas. Je t'aime.Je t'aime parce que tu accours en sachant que j'ai crié pour une araignée.je t'aime parce que je ne peux pas m'empêcher de te parler tous les jours. J'aime quand tu parles. J'aime ta voix. j'aime quand tu joues de la musique. J'aime être collée contre toi. Tes cheveux m'énerve, mais bon, c'est juste des cheveux, hein...

Tommy: Mes cheveux t'énervent?