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"Le 2 février 1943. Je n'arrive tout simplement pas à croire qu'un jour je pourrai sortir de chez moi sans porter l'étoile jaune, qu'un jour la guerre sera finie... Mon Dieu, oh mon Dieu, que va-t-il nous arriver? Rutka, tu as dû devenir complètement folle : tu en appelles à Dieu comme s'il existait! La parcelle de foi que j'avais jadis s'est complétement brisée. Si Dieu existait, il ne permettrait pas que l'on jette les gens vivants dans des fours. Ou que l'on fasse exploser la tête des petits enfants avec des carabines. Ou qu'on les mette dans des sacs pour les gazer... On pourrait penser que ce sont des histoires de bonnes femmes quand on entend cela. Les gens qui ne l'ont pas vu de leurs yeux ne le croiront pas. Et pourtant, ce ne sont pas des histoires, mais la vérité! Ce qui est drôle, c'est que tout cela n'est rien tant qu'il n'est pas question D'Auschwitz... de la carte verte... de la fin...
Quand arrivera-t-elle...?"
Afficher en entierLe cahier caché de Rutka Laskier...
Un témoignage retrouvé soixante-cinq ans après la Shoah, tel un cri retenu dans la gorge de l Histoire.
1943. Dans le ghetto de B dzin, en Pologne, une jeune fille de quatorze ans tient son Journal... Comme beaucoup d adolescentes, elle y relate ses premiers émois, les petites histoires intimes et troublantes d une jeune fille. Mais malgré son jeune âge, Rutka est très consciente de la situation générale. Avec une incroyable lucidité elle raconte aussi la vie dans une communauté dont les membres, amis et parents, disparaissent peu à peu. Elle parle, entre autres horreurs, de l existence des chambres à gaz et pressent qu au bout de la route l attend la mort. En août 1943 les nazis liquident le ghetto de B dzin. Rutka périt un mois plus tard à Auschwitz.
Avant d être déportée, Rutka a eu le temps de glisser son cahier sous le plancher de sa maison. Dans une cachette qu elle avait révélée à Stanislawa, son amie polonaise catholique. La jeune femme le retrouvera et le gardera dans un tiroir sans en parler à personne... Jusqu à ce que, soixante-cinq ans plus tard, elle le fasse lire à son neveu après une discussion animée sur la Shoah. Le jeune homme comprend que ce journal appartient à l Histoire et encourage la vieille dame à le donner pour publication au musée de Yad Vashem.
Ce journal est un récit poignant en même temps qu un témoignage historique unique, enrichi par une passionnante préface de Marek Halter. Né à Varsovie, celui-ci a toujours été impressionné par la relation complexe que les Polonais ont entretenue avec les millions de juifs qui ont partagé leur histoire depuis plus de dix siècles. En une soixantaine de pages il raconte cette relation, faite d amour et de haine. Une exceptionnelle réflexion sur ce « monde d hier » et sur la mémoire judéo-polonaise qui habite son uvre.
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