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22 h 00
Cette journée restera donc gravée à vie dans ma mémoire, en tant que celle où j’ai découvert que je disposais de pilosité mammaire.
22 h 30
... Et je viens de me rendre compte que de l’avoir écrit dans mon journal est la chose la plus débile que je pouvais faire : je viens de prendre le risque de dévoiler sur papier mon secret le plus traumatique au monde entier, au lieu de le garder pour moi comme n’importe quel individu NORMAL doté d’un minimum de dignité.
Maman dit toujours : « Les paroles s’envolent, les écrits restent. »
Et si ce journal tombait entre de mauvaises mains ?
22 h 45
Note à moi-même : brûler ce journal.
Afficher en entierDes poils sur les seins. Est-ce que c’est normal, au moins ? Je veux dire, pas normal « banal », mais normal « scientifiquement acceptable » ?
Je vais aller le googler.
Afficher en entierC'est TELLEMENT injuste quand j'y pense, cette espèce de pression à être imberbe.
Je veux dire, quand Jean-Mi (mon beau-père) dégaine son mollet plein de frisottis ou lève une aisselle velue, personne ne lui dit rien, à lui. Il est super beau, c'est un genre de Pierce Brosnan jeune, et limite ses poils renforcent son potentiel B.G.
Mais alors une fille, dès qu'elle révèle un échantillon de pelage, BAM ! C'est le drame !
Non mais, au nom de quoi, au juste ?
Bon...
Je me fais déjà assez harceler à l'école, ce n'est pas pour ajouter à ma loooongue liste d'insultes le subtile et doux titre de "Cléopâtre-poils-aux-pattes".
Alors OUI, j'ai cédé, lâchement, et j'ai rasé.
Mais quand même. C'est pas juste.
Flûte.
Afficher en entierMaman, j’ai 13 ans, j’ai mes règles depuis un an, je fais déjà 1 m 68 (oui, c’est un autre problème que j’aborderai plus tard), et j’ai étudié la puberté en SVT, j’ai même eu 15 au contrôle sur le sujet : JE PEUX TE DIRE que mes poils ne vont pas « tomber ». Ils font partie du package puberté, ils vont se développer, s’endurcir, friser, FONCER, GRIMPER, M’ENVAHIR DANS MON SOMMEIL ET ME TUER PAR SUFFOCATION MOUMOUTALE.
Afficher en entierL'année dernière, je lui avais demandé si je pouvais pour la première fois me raser les jambes, parce que je voulais porter une jupe et que j'avais honte de mes pattes de yak.
Enfin, non...
Si je veux être tout à fait honnête, je n'avais jamais réfléchi à l'aspect de mes guiboles : à 12 ans, j'avais d'autres chats à fouetter que de me soucier de la tronche de mes demi-mollets. J'avais juste enfilé une jupe que j'adorais parce qu'elle était assortie à mon sac à dos flambant neuf (j'avais relégué mon cartable "La Reine des Neiges" avec regret...), et c’est une fois arrivée à l’école que j’avais compris mon erreur : en seulement deux heures, j’avais écopé du surnom « Cléopâtre-poils-aux-pattes ».
Et en effet, à comparer avec mes amies, j’étais plus de la catégorie guenon rêche que jeune fille fraîche (et hop, la rime, c’est cadeau).
Afficher en entierUne fois, j’ai eu droit à « Cléopâtre, tête de rate », mais ce qui m’a le plus mise hors de moi, c’est que ça ne rimait même pas. Quitte à créer une vanne insultante que je vais me farcir toute l’année, autant le faire avec un minimum de panache et de vocabulaire.
En même temps, j’avoue que pour un élève de 13 ans, des rimes en « âtre », y en a pas des masses qui viennent spontanément.
Afficher en entier« Si on y réfléchit bien, ma classe n’offre pas un large choix de potentiels futurs Roméo. Non pas que je mérite un ULTRA BEAU GOSSE, surtout si on part du principe que “qui se ressemble s’assemble” : dans ce cas je dirais plutôt que je mérite une triple médaille d’or de mocheté.
De toute façon, je préfère l’adage qui dit que “les opposés s’attirent”. En toute logique, je devrais donc rendre fou d’amour Ryan Gosling. »
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