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"Pour Gimpei, le moment parfait incarné dans l’adolescente ne pouvait être qu’éphémère. Et quel secret, quand les autres jeunes filles ont si tôt fait d’ensevelir, sous la poussière des manuels scolaires, le subtil parfum du bouton à peine éclos, conférait à celle-là sa beauté, son inégalable perfection ? Quelle lumière, propre à elle seule, lui donnait ce rayonnement, cette transparence ? "
Afficher en entier- " Bien, je comprends. Sans doute vaut-il mieux que tu ne descendes pas de ton monde dans le mien. Ce que j'avais fait s'éveiller en toi, tâche de l'enfouir à nouveau, le plus profond possible. Peut-être courrais-tu à ta perte autrement. Et moi, dans mon propre monde, si différent, toute ma vie je te serai reconnaissant, toute ma vie je chérirai le souvenir que j'ai de toi."
Afficher en entierMais sa fertile imagination elle-même n'allait pas jusqu'à voir dans les insectes hypothétiques quelque langue de feu symbolisant l'âme de son père trouvé mort dans le lac. En tout cas, l'obscurité brutalement consécutive à l'éclair était rien moins que rassurante. A chaque fois que l'éphémère illumination révélait, au coeur de la nuit, cette étendue d'eau sans limites, figée, insondable, Gimpei tressaillait. Comme si la nature, un instant, eût mis à nu ses forces profondes, comme s'il eût aperçu le gémissement du temps. Lorsque l'éclair frappait le lac dans toute son étendue, Gimpei ne parvenait à y voir que l'effet de ses propres fantasmes. Il pensait que cela ne se passe jamais ainsi dans la réalité. Et, pourtant, peut-être pensait-il aussi qu'au cas où un pussant éclair, déchirant le ciel, le frapperait lui-même, la brève lueur éblouirait tout le cercle de son entourage. C'était bel et bien ce qu'il avait éprouvé en étreignant pour la première fois Hisako, toute gauche, toute contractée encore.
Afficher en entier" Je voudrais nager dans la limpidité de ces yeux, me plonger tout entier dans ce lac de ténèbres."
Afficher en entierDans la bouche du vieillard, qui à llla vérité menait une vie fort active, ces moments passés chez Miayako devenaient ceux de "la liberté de l'esclave". Mais elle ne pouvait pas ne pas songer, quand il le disait, que c'était de ses propres heures d'esclavage, à elle, qu'il s'agissait.
Afficher en entier- " Comme si une crature de rêve me chuchotait des mots d'amour... Que ne peux-tu, avec ton doigt, extirper de mon oreille toutes les voix humaines qui l'ont salie, n'y laisser que l'enchantement de ta propre voix... Ainsi, les mensonges eux-mêmes s'en iraient..."
Afficher en entier" Peu importe. Il y a quelque chose de morbide, dans cette idée d'une amie pour qui l'on n'a aucun secret. Ce n'est qu'une façon puérile de déguiser sa propre faiblesse. La totale absence de secret peut se concevoir pour de purs esprits, ou pour des êtres diaboliques. Pas pour le monde où nous vivons. Te montrer tout à fait transparente à Mle Onda signifierait que tu n'existes pas toi-même en tant que personne, que tu ne vis pas vraiment. Essaie d'être franche vis-à-vis de toi et tu le verras. "
Afficher en entierIl se sentait revivre. Il n'arrivait pas à comprendre comment sa fuite avait pu le mener, du portail de chez Hisako, dans ce quartier réservé. Mais à la seconde même où la fille le pinça, les brumes qui lui enveloppaient l'esprit se dissipèrent. Comme une merveileuse fraîcheur... Il était sur la rive d'un lac, et une brise venue des montagnes le caressait. Normalement, c'est à la saison des bourgeons que souffle cette brise fraîche, et, cependant, le lac était couvert de glace. Etait-ce parce que le bras de Gimpei avait failli traverser la vitrine, aussi vaste qu'un lac ? Oui... le lac tout à côté du village natal de sa mère. Il y avait aussi une ville sur ses bords, mais la mère de Gimpei venait d'un village. Le lac était tout noyé de brume, et l'infini commençait avec la glace, tout de suite au-delà du rivage.
Afficher en entierL'homme connaît de fugaces et inexplicables moments d'apaisement
Afficher en entierAllons, ne pleure pas. Mais dis-toi quand même que tout cela pourrait très mal finir, à force de se répéter. Tu me parles de ces hommes qui te suivent... Sauf que tout ce que tu racontes à ce sujet est un tissu de contradictions, tu ne crois pas ?
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