Extraits

Sans trop y croire, il plaça la pièce au centre du soleil : elle s'y ajusta parfaitement, comme aimantée par une force invisible.

" Bon, se dit-il, on progresse..."

C'est alors qu'il perçut comme un bourdonnement. Il colla son oreille contre la pierre : elle émettait une sorte de vibration, très régulière et très lointaine... Mieux, il lui semblait qu'elle n'était plus tout à fait froide. Son imagination, sans doute. Pourtant... Oui, quelque chose s'en dégageait. Une chaleur... Une chaleur et une sorte de magnétisme. Il eut même l'impression que le sol autour de lui se mettait à vibrer et qu'il suffirait de poser les doigts sur l'ovale tiède de la pierre pour ressentir son étrange palpitation. Il avança la main...

La dernière chose dont il eut conscience fut une brûlure atroce qui lui remontait le long du bras et lui embrasait le corps.

Sam

Samuel se laissa tomber en grommelant sur son lit : aucune envie de sortir. Il jeta un oeil mauvais au sac de sport à moitié ouvert à ses pieds et à la manche de kimono qui dépassait et semblait murmurer avec insistance : «Dépêche-toi, Sam, y a compét' aujour­d'hui !» Oui, justement, il y avait compét' aujourd'hui, c'était bien le problème. Et pas n'importe quelle com­pétition encore : «Tournoi des 14-16 ans, toutes catégories». Une épreuve diabolique, fruit d'un cerveau malade et antisportif, qui se soldait en général par un face-à-face avec un gaillard de quinze centimètres plus grand et de vingt kilos plus lourd. Or Samuel n'avait aucune envie de se faire tordre dans tous les sens - par le gros Monk, par exemple - pour finir la tête comprimée sous une grosse paire de grosses fesses. Non, pas aujourd'hui. D'abord, c'était son anniversaire et...

- Sammy, qu'est-ce que tu fais 1 cria une voix impatiente à l'étage en dessous. Tu vas rater ton bus !

- C'est bon, Grand Ma', je descends.

Les voies de Dieu sont pleines de tour et de détours, mais elles mènent toujours sur des chemins de sagesse.

Heureusement que les vacances approchaient : après une seule journée de cours, Samuel n’en pouvait déjà plus. Les ennuis avaient commencé dès 7h30 lorsqu’il s’était rendu compte que la tartine d’exercices de maths qu’il n’avait cessé de repousser la semaine précédente était à finir pour ce lundi. Il avait vaguement prévu de s’y coller le dimanche, mais là où il avait passé le week-end, on ignorait la calculette…

Qu’est-ce qui lui était arrivé ? Et ses vêtements ? Où ÉTAIENT SES VÊTEMENTS ? Son jean, son tee-shirt ? Il n’avait plus sur lui qu’une espèce de chemise de nuit grossière, trempée de sueur, qui lui couvrait les bras et les jambes. Et qui le grattait, au passage. Et ses brûlures ? Il sentait encore la morsure du feu qui l’avait consumé lorsqu’il avait touché la pierre. Une torche humaine, pas moins… Et pourtant, sa peau était miraculeusement intacte, aussi rose que celle d’un bébé. Comme si tout cela n’avait été qu’un rêve.