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(..) si l'on est perdu, on est presque toujours recherché.
Afficher en entierC'est à cet instant précis que tout arriva.
Quelque chose remua au fond du trou. Zackarina le senti et retira vite sa main. Oui, il y avait bien quelque chose, là !
Elle sentit que ça remuait à l’intérieur, les grains de sable ruisselèrent, puis la chose apparut. Une chose noire un peu luisante.
Zackarina reconnut immédiatement ce que c'était.
C'était un nez. Un nez plissé et froncé, qui reniflait et fouinait.
-Papa ! cria-t-elle. Il y a un nez au fond du trou, et il est vivant !
-Excellent..., murmura son papa au loin, dans son hamac.
Excellent ? Zackarina n'en était pas si sûre. Cela dépendait du genre d'animal auquel appartenait ce nez. Imaginez qu'une bête sauvage sorte du trou ?
Le nez dépassait de plus en plus. Zackarina recula en rampant et retint son souffle. La créature allait surgir. On entendit un grattement, un bruissement, et soudain, à la surface, une tête apparut...
Mais quel genre de bête était-ce donc ? Ce n'était pas un chien, même si ça ressemblait à un berger allemand- mais juste un peu, car celui-là avait l'air plus sauvage. Le pelage ne semblait pas très touffu, il ressemblait plutôt à du sable, au sable doré du désert.
L'animal regardait autour de lui et aperçut Zackarina.
- Je comprends, fit-il en hochant lentement la tête.
Et Zackarina remarqua qu'il s'agissait d'un mâle.
- C'est toi qui as creusé un trou, poursuivit-il. Voyons-voir, tu dois être une taupe, dis-moi ?
Elle n'osa dire ni oui ni non.
- Étrange bestiole, soupira l'animal. Elle creuse comme une taupe, mais elle est muette comme une carpe.
En un bond, il sortit du trou : il avait un corps, quatre pattes et une queue qui se balançait. Il marcha à pas feutrés dans la direction de Zackarina, qui se recroquevilla en pensant :"Au secours, il va me dévorer!"
Mais il ne la dévora pas. Il la renifla de toutes part. Elle ne pût s'empêcher de rire, tellement ça la chatouillait !
- Ah, tu hennis, constata l'animal. Tu dois donc être un cheval. A moins que tu ne caquettes ? Si tu caquettes, tu es une poule.
Il pencha la tête en arrière et réfléchit :
- Mais une poule bizarre qui n'a pas de plumes. Ma foi, tu es une drôle de bestiole.
Zackarina ne put se retenir.
- Je ne suis pas du tout une poule, déclara-telle. Je suis un être humain !
L'animal rit en déployant un millier de dents aiguisées, blanches comme des coquillages.
- C'est bien ce que j'ai dit ! répondit-il. Un drôle de bestiole.
Il se roula dans le sable à côté de Zackarina. Son corps couleur de sable scintillait comme de l'or au soleil.
- Je me présente : je suis le loup des sables. Enchanté ! Je suis un animal extraordinaire, et extraordinairement beau, n'est-ce pas ?
Zackarina ne savait pas quoi penser. Elle n'avait jamais rencontré de loup des sables. Elle ne savait pas si elle avait peur ou si elle était contente.
- Qu'est-ce que tu manges ? demanda-t-elle prudemment. Est-ce que tu manges... des êtres humains ?
- Des êtres humains ? Oh non ! s'exclama le loup. Je préfère manger les rayons du soleil et le claire de la lune, ça rend très intelligent. Je sais tout.
- Tout du monde entier ? s'étonna Zackarina.
- Tout de tous les mondes entiers, j'ai réponse à toutes les questions, assura-t-il.
Zackarina essaya de trouver une question vraiment difficile, à laquelle ce loup prétentieux ne saurait pas répondre. Quelque chose en rapport avec l'univers, par exemple. Ou à propos des fourmilières. Mais, lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler, elle posa une autre question.
- Pourquoi..., commença-t-elle, pourquoi faut-il toujours que papa lise le journal ?
- Ha ! Facile, réplique le loup. Il a tout simplement été ensorcelé, vois-tu !
- Ensorcelé ?
En quelque sorte, ses yeux sont restés coincés dans le journal, entre ces petites lettres noires, et il ne peut pas s'en libérer.
Zackarina n'aimait pas cette réponse. Elle ne voulait pas d'un papa qui reste coincé dans le journal pour le restant de sa vie.
- Rassure-toi, dit le loup, je vais le libérer.
Il prit son élan et fila. Il courut telle une tempête de sable tourbillonnante en direction de la maison, s'approcha du hamac et arracha le journal des mains du papa de Zackarina. Les pages voltigèrent au-dessus de la mer comme de grands oiseaux.
Le papa tomba du hamac dans un bruit sourd et s'étonna : "Était-ce un loup ?!"
- Zackarina ! cria-t-il. Je crois que j'ai pris un coup de soleil ! Il faut que j'aille me baigner !
- Enfin ! s'exclama-t-elle.
La mer était immense et bleue, et ils se baignèrent longtemps- jusqu'à de que leurs doigts soient fripés. Puis, ils rentrèrent à la maison et jouèrent aux cartes en sirotant un chocolat chaud, et ils ne trichèrent que quand c'était utile.
Et dans le trou, le loup des sables se reposait en pensant aux êtres humains, aux papas et aux autres animaux bizarres.
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